« Ne perdez pas courage, ne perdez pas espoir ! »

Muhammad Nasr, prisonnier palestinien libéré, embrasse un ami après son arrivée en bus à l'hôpital Nasser de Khan Younis, dans la bande de Gaza, le 13 octobre 2025, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu - Photo : extrait vidéo Abdel Qader Sabbah

Par Abdel Qader Sabbah, Sharif Abdel Kouddous

« Mon message au peuple de Gaza : Ne perdez pas courage, ne perdez pas espoir ! », a déclaré un prisonnier palestinien libéré.

KHAN YOUNIS, BANDE DE GAZA — Des centaines de prisonniers palestiniens libérés des geôles israéliennes sont arrivés lundi sous les acclamations d’une foule rassemblée devant l’hôpital Nasser de Khan Younis, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur vendredi.

Cet accord prévoit la libération de près de 2000 Palestiniens emprisonnés dans les prisons et centres de détention israéliens, ainsi que la libération des 20 prisonniers israéliens encore en vie détenus à Gaza.

Au total, 1986 prisonniers palestiniens devaient être libérés lundi, dont 1718 kidnappés à Gaza par Israël après le 7 octobre 2023, selon le Bureau des médias des prisonniers palestiniens, et 250 prisonniers palestiniens purgeant des peines de longue durée ou à perpétuité.

Parmi ces 250 personnes, 154 ont été déportées en Égypte, 88 ont été libérées en Cisjordanie occupée et à Jérusalem, et huit ont été libérées à Gaza.

À Khan Younis, des milliers de personnes se sont rassemblées pour accueillir les détenus libérés, qui sont arrivés dans des dizaines de bus affrétés par la Croix-Rouge et dans des ambulances du Croissant-Rouge. La foule s’est rassemblée dans la cour de l’hôpital Nasser et sur les toits et les balcons surplombant le complexe médical où les prisonniers libérés ont été emmenés pour des examens médicaux.

L’hôpital Nasser, qui a été bombardé à plusieurs reprises par l’armée israélienne, est l’un des 13 seuls hôpitaux sur 38 qui fonctionnent encore partiellement à Gaza.

Les détenus libérés, vêtus de combinaisons grises, se penchaient par les fenêtres des bus et saluaient la foule. Les membres de leur famille et leurs amis les embrassaient à travers les fenêtres pendant qu’ils passaient.

13 octobre 2025 – Les prisonniers palestiniens libérés arrivent à l’hôpital Nasser de Khan Younis – Capture d’écran vidéo Abdel Qader Sabbah

« Loué soit Dieu, qui nous a permis d’atteindre Gaza, afin que nous puissions respirer son sol pur, imprégné du sang des martyrs, des courageux blessés et de son peuple patient et inébranlable », a déclaré Mahmoud Fayez Abu Al-Kas, un prisonnier palestinien libéré, à Drop Site à travers la vitre d’un bus.

« Mon message au peuple de Gaza : ne perdez pas courage, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, et si Dieu le veut, Il nous récompensera avec quelque chose de mieux et nous honorera. »

Un autre prisonnier palestinien libéré, Muhammad Nasr, originaire de Jabaliya Al-Nazla, a déclaré à Drop Site : « C’est un sentiment triste, mais grâce à Dieu, nous sommes heureux que vous soyez tous sains et saufs, que le pays compte encore de bons jeunes et que les enfants soient en bonne santé », a-t-il déclaré, ajoutant : « Toute cette destruction, par la volonté de Dieu, sera reconstruite, et le pays reviendra encore meilleur qu’avant. Et si Dieu le veut, tous les détenus seront libérés. Tous les détenus sont nos frères, ils font tous partie de notre famille. »

Les gens dans la foule ont demandé à plusieurs reprises aux prisonniers libérés s’ils avaient vu leurs proches, toujours portés disparus en détention. Les familles n’avaient souvent aucune idée si leurs proches avaient été détenus, et il fallait souvent des mois pour déterminer s’ils étaient détenus par Israël, si tant est qu’elles obtenaient une confirmation.

« J’ai ressenti un soulagement, un grand soulagement, et j’étais tellement rassuré quand j’ai entendu le nom de mon frère », a déclaré un Palestinien de Khan Younis qui n’a pas donné son nom, mais qui a dit que son frère figurait sur la liste des détenus libérés.

« Il a été emprisonné pendant deux ans, sans savoir dans quelle prison il se trouvait, même si nous avons communiqué avec des personnes qui avaient été libérées des prisons, dans l’espoir de savoir s’il était vivant ou mort », a-t-il ajouté, retenant ses larmes.

« [Dieu] m’a rendu mon frère sain et sauf, même si mon père lui-même voulait le voir, et la semaine dernière, il a été tué. Il voulait le voir. mais ce n’était pas son destin de le revoir. »

Les groupes de défense des droits des prisonniers palestiniens affirment qu’un nombre inconnu de Palestiniens de Gaza sont toujours détenus par Israël, bien que le groupe israélien de défense des droits humains Hamoked estime ce nombre à environ 1300, dont des médecins, des journalistes et des secouristes.

« En tant qu’équipes de défense civile, nous avons des détenus dans les prisons de l’occupation », a déclaré Muhammad Tamouz, membre de la Direction de la défense civile, à Drop Site plus tôt dans la journée, alors qu’il attendait l’arrivée des détenus libérés à Nasser. « Aujourd’hui, nous sommes venus les accueillir : huit détenus sont libérés… le sort des autres reste inconnu à ce jour. »

Selon Haaretz, le Dr Hossam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia, figure parmi les prisonniers palestiniens qui doivent être libérés.

Abu Safiya a été kidnappé avec plusieurs de ses collègues lorsque l’armée israélienne a attaqué l’hôpital en décembre 2024.

Les autorités israéliennes auraient ajouté le nom d’Abu Safiya et celui de quatre autres personnes à la liste des libérations approuvées pendant la nuit, mais une déclaration de sa famille lundi indiquait qu’il n’avait pas encore été libéré.

Les détenus palestiniens, les groupes de défense des droits humains et les Nations unies ont fait état d’abus systématiques dans les centres de détention israéliens, notamment des passages à tabac réguliers, la privation de nourriture, l’isolement, la négligence médicale et les agressions sexuelles.

« Nous mourions mille fois par jour », a déclaré lundi Shadi Abu Sido, un photojournaliste palestinien de Gaza, dans une interview à la télévision Al-Mayadeen après avoir été libéré après près de 20 mois de détention en Israël. « Nous ne savions ni l’heure ni la date. Nous ne connaissions ni le goût du sommeil ni celui de la nourriture. Ils venaient au milieu de la nuit et nous jetaient de l’eau dans nos cellules. Ils venaient nous torturer de toutes les manières possibles. »

Il a ajouté : « Je ne veux rien d’autre que la libération de tous les prisonniers. Ils doivent tous être libérés afin de mettre fin à leurs souffrances. »

Avant les libérations de lundi, plus de 11 100 Palestiniens de Gaza, Jérusalem et Cisjordanie étaient encore détenus en Israël, la majorité d’entre eux sans procès ni inculpation, en détention administrative ou en tant que « combattants illégaux ».

Ce chiffre n’inclut pas le nombre de Palestiniens, principalement originaires de Gaza, détenus dans des camps militaires israéliens.

Plus tôt dans la journée, les 20 captifs israéliens encore en vie ont été remis à la Croix-Rouge, qui les a conduits hors de Gaza par le passage frontalier de Kissufim. Certains Palestiniens les ont filmés avec leurs téléphones alors qu’ils passaient en voiture.

13 octobre 2025 – Embrassés par leurs proches, les prisonniers palestiniens libérés arrivent à l’hôpital Nasser de Khan Younis – Capture d’écran vidéo Abdel Qader Sabbah

Le Hamas a annoncé lundi qu’il remettrait les corps de quatre prisonniers israéliens décédés avant la fin de la journée. Les vingt-quatre autres prisonniers décédés devraient également être remis dans le cadre de l’accord, bien que le moment exact reste incertain.

Selon la Société palestinienne des prisonniers et le groupe de défense des droits des prisonniers Addameer, au moins 77 Palestiniens sont morts en détention israélienne au cours des deux dernières années, dont 46 parmi les personnes détenues à Gaza.

Les autorités israéliennes d’occupation continuent de retenir les corps de 85 prisonniers tués en détention, dont 74 sont morts depuis le début de la guerre.

En Cisjordanie occupée, des bus transportant les prisonniers palestiniens libérés sont arrivés à Beitunia, près de Ramallah, où des centaines de familles et de sympathisants les attendaient, selon les médias palestiniens.

L’armée israélienne a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur la foule. Israël a mis en garde les Palestiniens de Cisjordanie contre toute célébration de ces libérations, comme cela s’est produit par le passé.

Les forces d’occupation ont distribué des tracts indiquant que « toute personne participant à de telles activités s’expose à des sanctions et à une arrestation ».

Alors que l’échange de prisonniers avait lieu lundi, le président Donald Trump est arrivé en Israël et s’est adressé à la Knesset, le parlement israélien, où les députés israéliens ont scandé le nom de Trump et lui ont réservé plusieurs ovations. Il a éructé aux députés : « Vous avez gagné. Je veux dire, vous avez gagné », ajoutant : « Il est maintenant temps de traduire ces victoires contre les terroristes sur le champ de bataille en une paix et une prospérité durables pour tout le Moyen-Orient. »

Trump s’est ensuite rendu en Égypte où il a assisté à un sommet co-organisé par l’Égypte et les États-Unis à Charm el-Cheikh, auquel ont participé les dirigeants de près de 30 pays.

Bien qu’un accord ait été conclu sur la « première phase » d’un cessez-le-feu comprenant l’échange de prisonniers, un retrait partiel d’Israël et l’autorisation d’acheminer de l’aide à Gaza, les détails sur la suite du plan restent des plus flous.

Maintenant que le Hamas et d’autres organisations de la résistance palestinienne ont remis tous les prisonniers israéliens vivants, beaucoup craignent qu’Israël ne reprenne son offensive génocidaire de terre brûlée.

Le Hamas n’a reçu que des assurances verbales de la part des États-Unis et des médiateurs que l’accord tiendra au-delà de cela.

À Charm el-Cheikh, des journalistes ont demandé à Trump quand la deuxième phase des négociations allait commencer. « Elle a déjà commencé, en ce qui nous concerne », a-t-il répondu lors de sa rencontre avec le dictateur égyptien Abdel Fattah Al-Sisi. Après avoir signé un document sur l’accord de cessez-le-feu, Trump a déclaré : « Il tiendra bon. »


13 octobre 2025 – Drop Site News – Traduction : Chronique de Palestine

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