Des héros, qui ne sont ni arabes ni musulmans

Bogotá, 19 juin 2022 - Gustavo Petro, le candidat des forces alternatives et de gauche en Colombie regroupées au sein du Pacte historique, a remporté les élections présidentielles - Photo : Prensa latina

Par Abdel Bari Atwan

Pourquoi félicitons-nous l’Espagne, la Colombie et l’Irlande, mais pas les dirigeants arabes ? Netanyahu et sa clique deviendraient-ils un « chien galeux » mis à l’écart du reste du monde ?

Nous ne doutons pas que le retrait de la grande majorité des délégations de toutes nationalités de la salle des Nations unies (à l’exception lamentable des représentants de trois pays arabes) pour boycotter le discours de Benjamin Netanyahu soit un événement honorable qui confirme l’isolement écrasant, plutôt que la victoire éclatante que recherche le Premier ministre de l’État occupant.

Il s’agit d’un événement historique qui a un impact dévastateur sur lui-même et son groupe terroriste raciste.

Mais ce qui est plus important, à notre avis, c’est que l’Espagne et l’Italie envoient trois frégates militaires en Méditerranée orientale pour protéger les innombrables navires et bateaux de la liberté, ainsi que les hommes et les femmes pleins de courage qui se trouvent à bord, contre toute attaque israélienne, similaire à celle qui a frappé le navire turc Mavi Marmara, lorsque les forces spéciales les ont pris d’assaut et ont assassiné plus de 16 volontaires turcs (pour rappel, le gouvernement turc ne les a ni protégés ni vengés).

Cette décision, prise par deux pays européens, appartenant à l’OTAN et à l’Union européenne, plutôt que par la Ligue arabe ou l’Organisation de la conférence islamique, confirme le passage de la condamnation et de la dénonciation à une action concrète sur le terrain pour mettre fin à cette horrible situation.

Pour mettre fin au siège, à la guerre d’extermination et à la famine qui touchent le peuple palestinien dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, au Liban et au Yémen, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a non seulement envoyé deux navires de guerre en Méditerranée orientale, mais a également donné à leurs commandants des instructions claires pour qu’ils tirent sur tout bateau, navire ou avion de combat israélien qui pourrait intercepter ces navires chargés de nourriture et de médicaments destinés à Gaza.

Cette position espagnole n’est pas simplement une démonstration de force ou un geste symbolique, mais découle plutôt d’une conviction officielle et populaire de s’opposer à la guerre d’extermination et à la famine, et s’inscrit dans le cadre d’une stratégie qui a commencé par l’annulation de trois contrats d’armement israéliens avec l’Espagne, l’interdiction aux navires transportant des armes et des munitions à destination de l’État occupant de faire escale dans les ports espagnols, et s’est traduite par le départ de la majorité des bateaux tentant de briser le blocus depuis l’Espagne.

Dans cette énumération, nous ne pouvons oublier le président colombien Gustavo Petro, qui a non seulement rompu toutes les relations diplomatiques avec l’État occupant, expulsé l’ambassadeur israélien et fermé son ambassade en mai 2024 pour protester contre la guerre d’extermination dans la bande de Gaza, mais est allé encore plus loin lorsqu’il a appelé, dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, à la formation d’une armée mondiale composée de soldats du monde entier pour lutter contre l’agression génocidaire d’Israël.

A peine descendu de la tribune, il a immédiatement rejoint les manifestants de l’autre côté de la rue, qui s’était transformée en une jungle de drapeaux palestiniens. Il a prononcé un discours dans lequel il a souligné son engagement à lutter jusqu’au « martyre » contre l’agression israélienne et a demandé aux soldats américains de ne pas envoyer leurs missiles sur la bande de Gaza et son peuple, ainsi que de ne pas obéir à leur président, Trump, qui est également impliqué dans le conflit.

Cela a poussé ce dernier à lui retirer son visa d’entrée aux États-Unis, lui interdisant de se rendre dans ce pays.

L’État occupant est devenu un chien galeux, que l’on refuse d’approché et contre qui on est même désireux d’entrer en guerre pour mettre fin à ses atrocités, à la famine et à ses pratiques de dévastation.

L’exemple le plus notable est celui de l’Espagne, de la Slovénie et de l’Irlande, qui ont exigé qu’il soit retiré du Concours Eurovision de la chanson, faute de quoi elles ne participeront pas à la prochaine édition. La FIFA, l’instance dirigeante du football mondial, devrait prendre une décision similaire lors de sa réunion d’urgence la semaine prochaine, malgré les pressions exercées par les États-Unis et leur président.

Pendant ce temps, le pont terrestre arabe continue, partant des Émirats arabes unis et passant par l’Arabie saoudite et la Jordanie, pour acheminer des fruits, des légumes et des aliments extrêmement frais à la puissance occupante. Il n’a été suspendu que pendant quelques jours en raison d’une décision de sécurité israélienne résultant de l’opération menée par le ressortissant jordanien Abdul Muttalib al-Qaisi près de la frontière jordanienne de Karameh.

La plupart des Arabes et des musulmans considèrent comme une grande tragédie que les pays et les dirigeants européens aient adopté des positions aussi respectables, humanitaires et morales, et nous n’avons rien vu de tel dans aucun pays arabe ou islamique. Ils n’ont pas envoyé un seul morceau de pain, un paquet de médicaments ou une bouteille de lait aux enfants de Gaza au cours des deux dernières années, sans parler de navires chargés de nourriture et de médicaments pour lever le siège.

La Tunisie a fait une honorable exception en envoyant des navires du Maghreb transportant de la nourriture et des médicaments pour briser le blocus. Ces navires, civils ou militaires, qui rompent l’embargo symbolisent l’« expansion » de l’unité des champs de lutte et montrent que Gaza n’est pas seule.

Pour compléter le tableau et confirmer ce constant, il faut inclure les missiles hypersoniques et les ogives à fragmentation lancés depuis le Yémen, à 2200 kilomètres de distance, ainsi que les drones immergés (drones suicide), qui réfutent efficacement le mensonge de la sécurité et le mythe de la protection de la défense aérienne sioniste.

Cela représente le début de la fin pour cette administration raciste, nazie et barbare. Nous sommes convaincus que le discours prononcé avant-hier par Netanyahou devant les Nations unies pourrait bien être son dernier.

28 septembre 2025 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine

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