2022 a vu un record de la violence coloniale contre les Palestiniens

Colons et soldats israéliens lors de l'attaque de Huwwara le 13 octobre 2022 - Photo : Oren Ziv/Activestills

Par Yumna Patel

La violence des colons israéliens contre les Palestiniens a grimpé en flèche en 2022. Pour les Palestiniens, cette tendance très inquiétante ne fera que s’aggraver, car l’ultra-droite fascisante a élu domicile dans le nouveau gouvernement israélien.

La violence était indescriptible. Quelque chose dont ils n’avaient jamais été les témoins auparavant. 

C’est ce que les habitants palestiniens d’Hébron ont raconté à Mondoweiss quelques jours après ce qu’ils ont décrit comme un « déchaînement » de colons dans leur ville à la mi-novembre. 

« C’était comme une mer de colons, et tous avaient de la haine dans les yeux », a raconté à Mondoweiss Bader al-Tamimi, commerçant local et employé municipal, depuis l’entrée de sa boutique de souvenirs au cœur de la vieille ville d’Hébron. 

« Ils étaient des centaines, si ce n’est des milliers, avec encore plus de soldats pour les protéger, et ils ont commencé à attaquer tout ce qui était palestinien – les gens et les magasins », a déclaré Al-Tamimi. 

Al-Tamimi décrivait les événements du samedi 19 novembre, lorsque des dizaines de milliers de colons israéliens venus de toute la Cisjordanie occupée se sont rassemblés à Hébron pour la marche annuelle dans toute la ville en l’honneur de la lecture de la Torah dans le livre mythique de la Genèse, où il est dit qu’Abraham achète une parcelle de terre à Hébron pour y enterrer sa femme, connue sous le nom de « Shabbat Chayei Sarah ». 

La marche annuelle attire généralement les colons religieux les plus fanatiques, qui profitent de l’événement pour se livrer à des attaques sans limite contre les Palestiniens résidents. 

Cette année, cependant, c’était différent. 

« Ils sont sortis par cette porte, juste ici », a dit al-Tamimi, en montrant une grande porte en acier à côté d’une tour militaire blindée couverte de drapeaux israéliens. Cette porte, qui se trouve en face du magasin d’al-Tamimi, est l’une des entrées de la zone de la ville contrôlée par Israël, où des centaines de colons israéliens extrémistes vivent dans les anciennes maisons des Palestiniens, qui sont maintenant des colonies exclusivement juives. 

Bader al-Tamimi se tient devant son magasin dans la vieille ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée – Photo: Akram al-Waara/Mondoweiss

« Ils ont immédiatement commencé à nous jeter tout ce qu’ils avaient sous la main et à attaquer nos magasins. Ils ont essayé de tout casser et de nous agresser », a poursuivi al-Tamimi, faisant référence à lui-même et à son voisin commerçant, qui ont défié les ordres de l’armée israélienne qui obligeaient les magasins palestiniens du secteur à fermer pour le week-end. 

« Lorsque nous avons essayé de nous défendre, les soldats qui étaient avec eux ont commencé à nous frapper », a-t-il dit, montrant un bleu sur son bras qui, selon lui, a été laissé par un soldat israélien qui l’a frappé avec la crosse de son fusil. 

« Au lieu d’arrêter les colons, les soldats nous ont attaqués et ont laissé les colons poursuivre leur saccage. »

Souiller une mosquée, vandaliser des magasins, agresser des Palestiniens

En passant devant la boutique d’al-Tamimi, les centaines de colons ont traversé la vieille ville d’Hébron, les marchés de vêtements et de légumes au cœur de la ville, avant de poursuivre leur chemin vers le quartier de Bab al-Zawiya, qui est théoriquement sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. 

Alors que la plupart des Palestiniens avaient fermé leurs portes pour la journée le long de la rue principale conduisant au marché, suite à un ordre militaire leur ordonnant de le faire, certains commerçants sont restés ouverts. Ahmad al-Awawdeh, 52 ans, propriétaire d’un petit magasin de vêtements, était l’un d’eux. 

« Vers 13 heures, les colons sont arrivés ici et ont immédiatement commencé à m’attaquer », a déclaré al-Awawdeh à Mondoweiss. Ils ont commencé à jeter sur le sol les vêtements des étagères et à casser tout ce qui pouvait l’être. »

Au même moment, un groupe de colons a commencé à jeter des pierres sur la mosquée située à côté du magasin d’al-Awawdeh, brisant le verre de la porte d’entrée, tandis que d’autres colons vandalisaient les stands de légumes voisins. 

Les restes des portes au verre brisé de la mosquée locale, qui a été attaquée par des colons israéliens – Photo : Akram al-Waara/Mondoweiss

« Ils essayaient d’entrer dans la mosquée, mais moi et quelques jeunes venus défendre mon magasin, sommes allés protéger la mosquée », a-t-il ajouté. « L’attaque a duré plus d’une heure. Les soldats étaient là tout le temps, mais ils n’ont rien fait pour arrêter les colons. »

Dans le même temps, dit al-Awawdeh, les soldats ont attaqué les Palestiniens du quartier qui tentaient de défendre les personnes et les biens. 

Après que les colons ont fini de vandaliser la boutique d’Al-Awawdeh et les stands de légumes voisins, ils ont continué leur parade dans le reste de la ville, causant des dégâts dans d’autres commerces et maisons.

Le voisin d’Al-Awawdeh, Bilal Abu Rmeileh, qui possède une boucherie juste en face, a raconté à Mondoweiss que si les Palestiniens d’Hébron, en particulier ceux qui vivent et travaillent dans et autour de la vieille ville, sont « habitués » aux attaques des colons et des soldats, l’agression dont ils ont été témoins samedi était « d’un tout autre niveau ».

« Ils essaient de faire dans ce quartier ce qu’ils ont fait à la rue Shuhada », a expliqué Abu Rmeileh, 50 ans, en faisant référence à la rue la plus tristement célèbre de la vieille ville, autrefois le centre animé de la vie à Hébron… mais aujourd’hui fermée à tous les Palestiniens et réservée aux seuls colons juifs

Scène d’apartheid – Porte séparant l’entrée de la rue al-Shuhada, désormais réservée à l’usage et au passage des seuls juifs, du côté palestinien de la vieille ville d’Hébron – Photo : Akram al-Waara/Mondoweiss

« Cela a commencé avec l’armée, puis les colons sont arrivés et ont commencé à s’emparer des maisons, puis les attaques ont continué à augmenter, et maintenant il ne reste presque plus de Palestiniens au cœur de notre ville », a rappelé Abu Rmeileh. 

Alors qu’Abu Rmeileh et al-Awawdeh continuaient à exposer leurs griefs, un autre jeune homme qui tient un stand de légumes aux alentours s’est approché de l’endroit où nous nous tenions. 

« Les gens des autres quartiers de la ville ont peur de venir ici maintenant, et cela pénalise notre commerce », a expliqué Mohammed al-Aymareh, 27 ans, à Mondoweiss. « La plupart du temps, nous arrivons à peine à rentrer dans nos frais. C’est ce qu’ils veulent », a-t-il dit, en faisant référence à l’armée et aux colons israéliens qui ont pris le contrôle de pans entiers de la ville d’Hébron. 

« Ils veulent rendre la vie impossible ici pour que finalement nous partions, et pour s’emparer de cette zone aussi ».

Année record pour la violence des colons

La violence à Hébron a duré tout le week-end, avec de nouvelles attaques et agressions chaque jour entre jeudi et dimanche. Les Palestiniens qui ont parlé à Mondoweiss de ces attaques les ont comparées aux événements survenus dans la ville de Huwwara, dans la région de Naplouse, un mois auparavant, lorsque des bandes de colons armés ont attaqué des Palestiniens et leurs biens pendant quatre jours consécutifs, sous les yeux de l’armée. 

Les incidents d’Hébron et de Huwwara ne sont pas isolés, mais s’inscrivent dans une tendance plus large de violence des colons en Cisjordanie occupée, qui augmente non seulement en fréquence mais aussi en brutalité. 
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Au 21 novembre, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires dans le territoire palestinien occupé a enregistré 660 attaques de colons contre des Palestiniens depuis le début de l’année. 

Ces attaques consistent à jeter des pierres sur des véhicules palestiniens, à agresser physiquement des Palestiniens, à vandaliser des véhicules et des maisons et à détruire des terres agricoles et des cultures appartenant aux Palestiniens. 

Les chiffres de 2022, qui n’incluent pas encore les attaques des trois dernières semaines, marquent une forte augmentation par rapport aux années précédentes enregistrées par OCHA. En 2021, l’agence a enregistré 496 cas de violence des colons pour l’ensemble de l’année. L’année précédente, 358 incidents avaient été enregistrés. 

Certains groupes ont signalé que le nombre d’attaques en 2022 était nettement plus élevé que ce que OCHA a rapporté, l’ONG française Première Urgence Internationale faisant état de 1049 attaques commises par des colons contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée entre janvier et septembre 2022.

Le groupe a noté que ses chiffres pour 2022 marquaient une augmentation de 170 % par rapport à 2017, avec une moyenne hebdomadaire de 27 attaques. 

Alors que le nombre d’attaques de colons a grimpé en flèche depuis octobre, les groupes de défense des droits des Palestiniens ont alerté la communauté internationale sur l’augmentation de la violence des colons depuis avril de cette année, en particulier sur la tendance inquiétante de ces attaques contre les Palestiniens à devenir mortelles. 

Les colons israéliens, dont le nombre en Cisjordanie a atteint plus de 680 000, répartis dans 300 colonies et avant-postes encore non-reconnus par l’Etat juif, sont depuis longtemps encouragés à porter des armes à feu et ont souvent retourné ces armes contre les Palestiniens, les tuant parfois.  

En 2022, Mondoweiss a enregistré au moins quatre incidents où des Palestiniens ont été tués ou supposés avoir été tués par des colons israéliens. 

Il s’agit de deux attaques à la voiture bélier, d’une attaque à l’arme blanche et d’une fusillade. Le dernier cas est celui d’Amjad Abu Alia, 16 ans, qui a été tué par balles lors d’affrontements dans son village d’al-Mughayyir, à l’extérieur de Ramallah, entre des colons israéliens, des soldats et des jeunes Palestiniens. 

Selon les témoignages oculaires rapportés à Mondoweiss, et corroborés par des témoignages similaires recueillis par Defense for Children International Palestine (DCIP), Abu Alia a reçu une balle dans le dos alors qu’il fuyait des colons et des soldats israéliens qui tiraient sur des manifestants. 

Au moment où Abu Alia a été abattu, un colon israélien situé à environ 70 mètres a été filmé en train de s’abriter derrière une barrière de pierre, de s’agenouiller et de tirer à balles réelles sur les manifestants palestiniens. 

À l’époque, l’armée israélienne n’a pas assumé la responsabilité du meurtre d’Abu Alia et n’a fait aucune déclaration concernant les allégations selon lesquelles le tir fatal aurait pu provenir d’un colon. 

Le meurtre d’Abu Alia est survenu trois ans après qu’un autre Palestinien d’al-Mughayyir, Hamdi Na’san, ait été tué par une foule de colons de l’avant-poste colonial d’Adei Ad – le même avant-poste d’où venaient les colons qui ont attaqué le village le jour où Abu Ali a été tué. 

« C’est quelque chose qui continue à se produire », a déclaré le militant local Maher Naasan à Mondoweiss le lendemain de la mort d’Abu Ali. « Tout cela fait partie des efforts des colons pour nous chasser ».

Collusion entre les colons et l’État occupant

Dans la majorité des cas de violence de la part des colons et documentés par Mondoweiss en 2022, les Palestiniens ont signalé la présence des forces ou des autorités israéliennes au moment de l’attaque. Dans la plupart des cas, les soldats n’ont rien fait pour empêcher ces attaques ou y ont activement participé aux côtés des colons, retournant leurs armes contre les victimes palestiniennes plutôt que contre les agresseurs israéliens, comme ce fut le cas à Huwwara, Hébron et al-Mughayyir.

Fin octobre, au milieu de la récolte annuelle des olives, une période propice aux attaques des colons contre les agriculteurs palestiniens et leurs exploitations, les forces israéliennes d’occupation ont été appelées sur les lieux après qu’un groupe de colons a lancé une attaque contre des Palestiniens récoltant leurs olives à la périphérie de Jibiya, au nord de Ramallah. 

Alors que les agriculteurs et leurs familles cueillaient leurs olives, un groupe de colons armés, descendu dans la vallée à la périphérie du village, a harcelé les agriculteurs et tenté de les empêcher de récolter leurs olives. Le harcèlement s’est produit au vu et au su des soldats israéliens.

Au même moment, un certain nombre de colons masqués se sont séparés du groupe et se sont rendus dans une autre zone du village, où ils ont jeté des pierres sur les voitures de plusieurs journalistes, militants et habitants, brisant les pare-brise et les fenêtres. 

Un Palestinien constate les dégâts causés aux véhicules par une attaque de colons dans le village de Jibiya, au nord-ouest de Ramallah, en Cisjordanie occupée – Photo : Akram al-Waara/Mondoweiss

Quelques instants après l’attaque, Mondowiess a parlé à Jihan Abu Zeyada, qui était en larmes, assise sous son olivier, à côté de la voiture de sa famille qui venait d’être fracassée. 

« Ce colon a installé cet avant-poste il y a quelques années. Depuis, il nous a créé des problèmes, en faisant venir d’autres colons dans la région, qui nous attaquent et nous harcèlent chaque fois que nous allons sur nos terres », a-t-elle raconté, en faisant référence à Zvi Bar Yosef, un colon israélien qui a installé en 2019 l’avant-poste illégal appelé « Zvi’s Farm » et qui depuis lors, terrorise les Palestiniens de la région. 

« J’avais peur qu’ils nous tirent dessus, ils pointaient leurs armes sur mon mari et mon fils. Mes jambes se sont dérobées sous moi, et je ne pouvais plus me tenir debout à cause de la peur », a expliqué Jihan. 

« Les colons sont de plus en plus violents chaque jour, et il n’y a personne pour nous protéger », poursuit-elle. « Les soldats ne font rien pour nous aider. Ils collaborent avec les colons pour nous chasser. »

Abeer al-Khateeb, une militante du groupe Faza’a, qui accompagne les agriculteurs pendant la récolte des olives pour les protéger de la violence des colons et de l’armée, s’est entretenue avec Mondoweiss à l’extérieur d’une clinique locale de la ville voisine de Birzeit, où l’un des bénévoles du groupe était soigné pour une blessure subie lors de l’attaque des colons à Jibiya. 

Essuyant la sueur de son front, al-Khateeb a parlé sans détour : « les choses empirent, de plus en plus. »

« Cela fait des années que je participe à ces récoltes. Chaque année, les colons attaquent pendant la récolte des olives, mais cette année ne ressemblait à rien de ce que nous avions vu auparavant. Ils deviennent plus agressifs, plus enhardis. Il est clair qu’ils ont l’impression qu’ils peuvent faire n’importe quoi et s’en sortir en totale impunité », a-t-elle déclaré. 

Une semaine à peine avant l’attaque de Jibiya, al-Khateeb et d’autres militants de Faza’a ont accompagné des agriculteurs dans leurs oliveraies du village de Kisan, dans la région de Bethléem, où un groupe important de colons les a attaqués et a tabassé une militante de la solidarité israélienne âgée de 70 ans, l’attaquant avec des matraques et la frappant avec des pierres, lui laissant des côtes cassées et un poumon perforé. 

Des colons armés harcèlent des agriculteurs palestiniens, les empêchant d’accéder à leurs terres à l’extérieur de Jibiya, au nord-ouest de Ramallah – Photo : Akram al-Waara/Mondoweiss

« Les colons sont capables de faire ce qu’ils font parce qu’ils agissent en toute impunité en Cisjordanie », a déclaré al-Khateeb. « Dans la plupart des cas, lorsque nous sommes attaqués dans ces situations, les soldats sont présents ou nous attaquent avec les colons ! », s’est-elle indignée. 

« Les colons et l’État d’occupation israélien sont une seule et même chose. Ils travaillent ensemble, main dans la main, pour chasser les Palestiniens de leurs terres, c’est aussi simple que cela », a-t-elle ajouté. « Quand il n’y a personne pour tenir les colons responsables de leurs crimes, il est naturel que les choses continuent d’empirer. »

Les groupes de défense des droits de l’homme ont depuis longtemps documenté cette politique de « collusion entre colons et l’État » dans les territoires palestiniens occupés, où « au lieu de prendre des mesures préventives, les autorités israéliennes aident et encouragent les colons à nuire aux Palestiniens et à s’approprier leurs terres », a déclaré le groupe israélien de défense des droits de l’homme, B’Tselem

Dans les rares cas où une enquête est ouverte sur la violence des colons à l’encontre des Palestiniens, la grande majorité de ces enquêtes sont classées. Yesh Din, un groupe israélien de défense des droits de l’homme qui documente les incidents de violence des colons en Cisjordanie, rapporte que 92 % des enquêtes sur ce type de crimes contre les Palestiniens sont closes sans qu’aucun acte d’accusation ne soit déposé.

Dans des cas plus sinistres, ce sont les Palestiniens qui se défendent lors d’une attaque de colons qui font l’objet d’une enquête, sont arrêtés et jugés par un tribunal militaire, tandis que les colons à l’origine de l’attaque sont laissés en liberté. 

À la mi-septembre de cette année, des colons israéliens armés de gourdins, de battes de baseball et de fusils ont attaqué un Palestinien, Hafez Huraini, alors qu’il travaillait sur ses terres dans le village d’at-Tuwani, dans les collines du sud d’Hébron en Cisjordanie. 

Huraini s’est défendu, blessant l’un des colons. L’armée israélienne a été appelée sur les lieux et, malgré de nombreux témoins directs et des preuves vidéo montrant que les colons étaient à l’origine de l’attaque, Huraini, qui a eu les deux mains brisées lors de l’agression, a été arrêté et détenu pour interrogatoire pendant plusieurs jours, accusé de tentative de meurtre. 

Huraini a ensuite été libéré moyennant une caution de près de 3000 dollars après 10 jours d’interrogatoire épuisants et de multiples audiences au tribunal. Selon les médias israéliens, il a fallu plus d’une semaine à la police israélienne pour interroger les colons israéliens impliqués dans l’attaque. 

Aucun des colons, qui avaient déjà été interrogés parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir participé à d’autres attaques contre des Palestiniens dans la région, n’a été formellement inculpé, arrêté ou condamné à la moindre amende pour l’attaque contre Huraini. 

Des colonies au gouvernement

Au milieu de la vague d’attaques des colons à l’automne de cette année, un groupe de fascistes israéliens s’est positionné pour s’attaquer au gouvernement israélien en place lors des cinquièmes élections parlementaires qu’Israël a connues en seulement quatre ans. 

Le 1er novembre, au fil des sondages, il est apparu clairement que la droite fascisante avait aidé l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à revenir au pouvoir, en s’appuyant largement sur une plateforme de suprématie juive et de racisme anti-palestinien, menée par des députés qui avaient déjà été condamnés pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste. 

Le parti ultra-nationaliste du sionisme religieux, dirigé par Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, est devenu le troisième parti le plus important du nouveau gouvernement israélien, accordant aux deux députés, qui ont un passé sordide de fascistes déclarés et d’anti-palestiniens acharnés, de nouveaux niveaux de pouvoir qu’eux-mêmes et leurs partisans n’avaient jamais connus auparavant. 

Ben-Gvir est un disciple de feu l’ultra-nationaliste et raciste Meir Kahane, dont l’organisation a été interdite en Israël et désignée comme un groupe terroriste par les États-Unis. Pendant des années, Ben-Gvir a fièrement affiché une photo du meurtrier israélo-américain Baruch Goldstein, qui a massacré 29 Palestiniens à la mosquée Ibrahimi à Hébron en 1994. 

Ben-Gvir, qui vit dans une colonie juive au cœur d’Hébron, et Goldstein étaient tous deux des partisans du parti Kach de Kahane. Ben-Gvir a fait les gros titres en octobre lorsqu’il a été filmé en train de sortir une arme à feu dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah et qu’il a plaidé pour que tous les lanceurs de pierres soient abattus. 

Le jeune Ben-Gvir s’est vu refuser le service militaire obligatoire dans l’armée israélienne en raison de ses opinions politiques jugées trop extrémistes.

Le partenaire politique de Ben-Gvir, Bezalel Smotrich, qui a également grandi et vit dans une colonie de Cisjordanie, n’a pas caché ses sentiments racistes et anti-palestiniens, qu’il a pleinement affichés l’année dernière en appelant au nettoyage ethnique des Palestiniens devant le parlement israélien, la Knesset. 

« Vous êtes ici par erreur, c’est une erreur que Ben-Gourion n’ait pas fini le travail et ne vous ait pas jeté dehors en 1948 », a déclaré Smotrich aux députés palestiniens alors qu’il s’exprimait lors d’un débat parlementaire. 

Au cours des dernières semaines, le nouveau Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est rapproché de la formation du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, Ben-Gvir et Smotrich visant des postes à responsabilité majeure comme ceux de ministre de la défense et de ministre de la sécurité nationale. 

Selon un rapport de Reuters du 13 décembre, un projet de loi soumis à l’examen préliminaire du Parlement pourrait accorder le poste de ministre de la défense à Smotrich, ce qui lui donnerait, ainsi qu’au parti du sionisme religieux, le plein pouvoir sur les colonies de Cisjordanie, tandis que le poste de ministre de la sécurité nationale donnerait à Ben-Gvir l’autorité ministérielle sur la police israélienne. 

Le projet de loi vise à modifier les règlements de la police afin de permettre à Ben-Gvir, en sa qualité de ministre de la sécurité nationale, de consolider son contrôle sur le chef de la police et les enquêtes policières, ce qui pourrait avoir des implications majeures sur le taux déjà lamentable d’enquêtes policières sur les attaques de colons contre des Palestiniens en Cisjordanie. 

Ben-Gvir lui-même a été condamné pour incitation au meurtre à l’encontre des Palestiniens et, dans le passé, a assuré la représentation juridique d’extrémistes juifs accusés d’avoir commis des attaques contre des Palestiniens. 

Alors que les politiciens israéliens de centre-gauche ont exprimé leur inquiétude quant à l’octroi aux dirigeants du sionisme religieux du contrôle de ces postes au sein du gouvernement israélien, Netanyahu, qui a lui-même un passé bien fourni et documenté de racisme anti-palestinien et de politiques favorables à la colonisation, s’est engagé à « gouverner dans l’intérêt de tous les Israéliens ».

Netanyahu n’a fait aucune mention des millions de Palestiniens vivant sous le régime militaire israélien dans les territoires occupés, qui n’ont pas eu leur mot à dire dans le résultat des élections israéliennes. Mais les Palestiniens de Cisjordanie disent qu’ils n’ont pas besoin d’attendre pour voir les effets de la présence au pouvoir de personnes comme Ben-Gvir et Smotrich – ils se font déjà sentir. 

« Nous pouvons sentir que l’armée à Hébron est à l’ultra-droite, et pro-Ben-Gvir et de son parti, et pro-Likoud », a déclaré Issa Amro, un militant palestinien à Hébron, à Mondoweiss, debout devant le checkpoint fortement militarisé qui sépare les zones H1 et H2 d’Hébron. 

« Au cours des derniers mois, avant et après les élections, nous avons senti que les soldats et les colons devenaient plus agressifs avec nous et plus libres dans leurs décisions de nous détenir aux points de contrôle, de fermer les routes, de nous empêcher de documenter leurs violations, etc. »

Au fil des années, Amro a été harcelé et agressé par Ben-Gvir lui-même à Hébron à plusieurs reprises.

« Les attaques auxquelles nous avons assisté ce week-end se sont produites après un rassemblement célébrant la victoire de Ben Gvir et de son parti », a raconté Amro, faisant référence aux foules de colons qui ont attaqué la ville le week-end du 19 novembre. « L’atmosphère ici pour les colons et les soldats est une atmosphère de célébration parce que les dirigeants de ces partis sont des colons d’Hébron ».

Au milieu de la parade des colons et des attaques de ce week-end de novembre, Amro a confronté l’un des soldats israéliens qui étaient présents pendant que les colons harcelaient les passants palestiniens et jetaient des pierres sur les maisons palestiniennes dans la vieille ville. 

La réponse du soldat, filmée par Amro, lui a dit tout ce qu’il devait savoir sur ce que l’avenir réservait aux Palestiniens comme lui à Hébron et dans le reste de la Cisjordanie. 

Je lui ai demandé pourquoi il faisait ça et il m’a répondu : « Tais-toi. Je suis la loi », a ajouté Amro. 

« Ben-Gvir va reprendre en main cet endroit, le ramener à l’ordre », a dit le soldat à Amro. Quand Amro a demandé au soldat ce qu’il voulait dire, il a répondu en disant : « C’est ça, vous êtes finis ».

15 décembre 2022 – MondoWeiss – Traduction : Chronique de Palestine