Les violations israéliennes des droits des travailleurs palestiniens se multiplient avec le COVID-19

"Une fois que nous sommes tous passés, un autre groupe de 50 peut arriver pour subir les mêmes procédures humiliantes de vérification. Comme du bétail. Durant tout le processus vous voyez à peine ceux qui sont en contrôle, géneralement si vous les apercevez ils sont derrière des vitres blindés et ne vous regardent jamais dans les yeux. Ils aboient des fois des instructions dans des hauts parleurs. Vous voyez des lumières rouge ou vertes et des caméras. Bienvenue au big brother 2012. Je ne me plains pas, je n'ai pas à passer par ce checkpoint très souvent et j'ai toujours l'alternative de prendre un itineraire plus long pour se rendre à Jérusalem via Beit Jala, un privilège que les Palestiniens de la Cisjordanie n'ont pas. Je suis juste consternée encore par ce système que les Palestiniens doivent endurer chaque jour; perdant un temps précieux loin de leurs proches; en faisant la queue comme du bétail va à l'abattoir." Anne Paq - Chroniques de Palestine

Par Ihab Maharmeh

Le régime israélien viole systématiquement les droits des travailleurs palestiniens en Israël et dans ses colonies illégales depuis 1967. Ces violations ont augmenté avec l’épidémie de COVID-19. Al-Shabaka a demandé à Ihab Maharmeh de décrire et d’analyser les violations continuelles des droits de l’homme et du travail des travailleurs palestiniens par Israël. Il offre des pistes pour assurer le respect de ces droits et demander des comptes à Israël.

Introduction

Les droits des travailleurs palestiniens [1] en Israël et dans les colonies israéliennes illégales de Cisjordanie font l’objet de violations croissantes depuis l’apparition de l’épidémie de COVID-19. Le 17 mars 2020, l’ancien ministre israélien de la Sécurité, Naftali Bennett, a annoncé une série de dispositions spéciales visant à réglementer le travail et le logement des travailleurs palestiniens de Cisjordanie, dans le but de freiner la hausse des cas de COVID-19 au sein de la population israélienne.

Bien que les dispositions aient permis à ceux qui ont un permis de travail et à ceux qui ont moins de 50 ans d’entrer et de sortir des territoires israéliens (Israël plus les colonies), elles obligent les travailleurs à coordonner leur travail et leur hébergement avec leurs employeurs israéliens, et leur interdisent de retourner en Cisjordanie pendant la durée de leur contrat de travail.

En plus de ces dispositions strictes, le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a ordonné à ces travailleurs de rentrer immédiatement chez eux à la fin de leur contrat de travail et d’y rester en quarantaine pendant 14 jours, et il a demandé aux services de sécurité palestiniens et aux comités d’urgence populaires de toute la Cisjordanie de renforcer les mesures visant à empêcher les travailleurs de repartir en Israël.

Cette annonce a fait suite au premier décès dû au COVID-19 en Cisjordanie : une habitante de la ville de Biddu, au nord-ouest de Jérusalem, infectée par son fils qui travaille dans la colonie industrielle d’Atarot à Jérusalem.

Des milliers de travailleurs ont obéi à Shtayyeh, mais environ 40 000 sont quand même retournés sur leur lieu de travail au début du mois de mai 2020, au péril de leur vie, alors que le nombre des personnes contaminées par le COVID-19 et le nombre des décès augmentaient en Israël beaucoup plus vite qu’en Cisjordanie et à Gaza.

Leur retour a coïncidé avec la mise en œuvre des instructions de Bennett sur le travail et l’hébergement des travailleurs palestiniens par l’Autorité palestinienne palestinien (AP). Mais le régime israélien, au lieu de protéger ces travailleurs de la maladie, en a profité pour intensifier ses violations de leurs droits du travail et de leurs droits humains.

Cet article met en lumière les violations des droits des travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies, avant et pendant la pandémie de COVID-19, perpétrées par le régime israélien, et montre que ces violations se sont accentuées depuis l’épidémie. Il se conclut par des recommandations visant à protéger les travailleurs palestiniens.

L’étranglement du marché du travail palestinien par Israël

Les Palestiniens munis de cartes d’identité cisjordaniennes ont commencé à affluer en Israël et dans les colonies à la suite de la guerre de 1967, lorsqu’Israël a occupé la Cisjordanie, Gaza, la péninsule du Sinaï et les hauteurs du Golan. Deux facteurs se sont conjugués pour accroître cet afflux : le régime israélien avait besoin de travailleurs pour ses colonies en pleine expansion, et les Palestiniens avaient un urgent besoin d’emploi après la guerre de 1948 qui avait détruit leur économie.

Comme le régime israélien pouvait offrir des salaires plus élevés et de plus grandes possibilités d’emploi, les Palestiniens se sont précipités pour occuper ces postes.

L’objectif d’Israël, en absorbant le flux de travailleurs palestiniens, était surtout de prendre le contrôle des principaux domaines de production en affaiblissant et vidant de sa substance l’économie palestinienne pour la mettre sous la botte israélienne.

Depuis, les Palestiniens sont devenus une force de travail importante en Israël, notamment dans les secteurs de la construction et des services. Leur nombre est passé de 20 000 travailleurs en 1970 à 116 000 en 1992, avec une augmentation moyenne de 6,3 % par an. Après la signature des Accords d’Oslo en 1993 et du Protocole de Paris en 1994, qui a officiellement intégré l’économie palestinienne à celle d’Israël et fermé les frontières palestiniennes à l’économie mondiale, Israël a imposé des restrictions sur le mouvement des travailleurs palestiniens de Cisjordanie et de Gaza et a limité le nombre de permis de travail accordés aux Palestiniens.

Néanmoins, l’afflux de travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies est passé de 95 000 en 1995 à 133 000 en 2019 [2], le chiffre le plus élevé jamais enregistré.

Depuis 1967, la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza a été multipliée par plus de cinq, passant d’environ 965 000 à 5,1 millions en 2020, un peu plus de la moitié des individus étant en âge de travailler (plus de 15 ans). Comme l’économie palestinienne n’a pas été en mesure d’absorber ce groupe démographique, le nombre des travailleurs palestiniens dans les secteurs public et privé palestiniens a diminué, tandis qu’il augmentait en Israël et dans les colonies.

La seconde Intifada a été suivie d’une augmentation sensible du pourcentage de travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies, comme le montre le tableau suivant réalisé par l’auteur sur la base des rapports 2005 et 2019 du Bureau central palestinien des statistiques.

Répartition en pourcentage :

Groupe 2005 2019
Répartion des travailleurs palestiniens entre Israël et les colonies juives   9.3% 13.2%
Répartition des travailleurs palestiniens dans le secteur public palestinien 22.5% 20.7%
Répartition des travailleurs palestiniens dans le secteur privé palestinien 68.2% 66.1%
Répartition des auto-entrepreneurs et entrepreneurs palestiniens 26.1% 18.1%

Tableau produite par l’auteur sur la base des rapports 2005 et 2019 du Bureau central palestinien des statistiques.

Bien que la possibilité de travailler en Israël et dans les colonies ait permis aux Palestiniens de trouver des emplois et/ou de gagner un peu plus d’argent (bien qu’en moyenne, ils touchent moins de la moitié du salaire minimum israélien) et d’améliorer leurs conditions économiques depuis la fin des années 1960, ces travailleurs sont soumis à de conditions de travail épouvantables, ne disposent pas de mesures de sécurité et d’assurances adéquates, et ont à souffrir de fréquentes violations des lois du travail israéliennes et des normes et pactes internationaux du travail ratifiés par Israël, notamment en ce qui concerne les salaires, les heures de travail et les congés.

Et leurs conditions n’ont fait que s’aggraver depuis la pandémie de COVID-19.

Par ailleurs, le contrôle israélien des principaux facteurs de production de l’économie palestinienne a entravé sa capacité à créer des emplois. Israël continue de contrôler et de restreindre l’accès aux terres et aux ressources naturelles palestiniennes, interdisant à environ un quart de la population palestinienne de Cisjordanie de travailler dans plusieurs secteurs vitaux et notamment le secteur agricole, qui était une source majeure d’emploi et de subsistance des Palestiniens avant les accords d’Oslo.

En effet, depuis l’accord de 1993, l’expansion des colonies ainsi que le vol des terres et des ressources naturelles palestiniennes ont paralysé l’économie palestinienne et forcé les Palestiniens à abandonner la culture de leurs terres et à chercher un emploi dans les territoires israéliens.

La main mise d’Israël sur l’économie palestinienne a créé un écart structurel notable dans les coûts de production entre les économies palestinienne et israélienne, en faveur de cette dernière. Cela a provoqué une augmentation des importations israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, ce qui a fait grossir le déficit commercial palestinien.

En outre, depuis 1967, l’installation par Israël de points de contrôle militaires à l’intérieur du territoire palestinien a limité la circulation des Palestiniens et l’échange de biens et de marchandises entre les villes et villages palestiniens.

Dans ce paysage fragmenté, qui sert les intérêts économiques d’Israël, seuls les Palestiniens disposant d’un permis de travail délivré par le régime israélien sont autorisés à entrer et sortir des colonies, de Jérusalem et d’Israël.

Les permis de travail servent donc à soutenir les efforts permanents du régime israélien pour gérer et contrôler les mouvements des Palestiniens, et pour les confiner dans des espaces de travail qui violent les normes et les lois internationales du travail, ce qui les met continuellement en grand danger.

COVID-19 et l’intensification des violations israéliennes

Après des décennies où le régime israélien a délibérément contrecarré les efforts des Palestiniens pour construire une économie capable d’accueillir sa population en âge de travailler, il n’y a quasiment plus d’emplois pour les travailleurs palestiniens en Cisjordanie et à Gaza. Cela leur a posé un sérieux problème quand l’épidémie de COVID-19 s’est répandue à un rythme alarmant en Israël au début de 2020. Du fait de l’accélération rapide du taux d’infection et des conditions de travail exécrables, les travailleurs palestiniens ont attrapé le virus en Israël et l’ont ramené en Cisjordanie.

Avant l’épidémie de COVID-19, les violations israéliennes des droits des travailleurs palestiniens étaient bien documentées, notamment les pressions exercées sur eux pour qu’ils coopèrent avec les services de renseignement israéliens en échange de permis de travail. Depuis l’épidémie, ces abus se sont encore aggravés.

En avril 2020, alors que l’épidémie se répandait en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, les travailleurs palestiniens ont dû télécharger “Al-Munasiq” (le coordinateur), une application mobile israélienne développée en février 2019 par le ministère israélien de la Défense à la demande de l’administration civile israélienne pour mieux gérer les demandes palestiniennes de permis israéliens.

Une application qui, selon la Coalition palestinienne pour les droits numériques, aide Israël à intensifier l’exploitation et l’humiliation des Palestiniens ainsi que le chantage que le régime d’occupation exerce sur eux.

On sait que le contrôle démographique de la population est une des principales préoccupation des gouvernements israéliens et, tout au long de l’épidémie, l’application a parfaitement servi la stratégie de gestion de la population du régime israélien : l’application recueille des informations et des données personnelles sur les téléphones portables des travailleurs palestiniens, notamment la localisation, les appels entrants et sortants, les photos et les vidéos, les messages et les courriels, ainsi que des données provenant d’autres applications.

Obliger les travailleurs à télécharger Al-Munasiq pour pouvoir accéder à des terres palestiniennes colonisées par Israël et y travailler pour les colons est une étape de plus dans la longue histoire de l’exploitation, de l’humiliation et de la dépossession des Palestiniens par Israël.

Depuis le début de la pandémie, les travailleurs palestiniens ont également subi d’autres abus de la part des soldats israéliens sur le chemin du travail, notamment la violation de leur droit d’accéder librement à leur lieu de travail. Le 17 août 2020, les médias israéliens et internationaux ont fait circuler des preuves de crimes israéliens commis depuis mai 2020, notamment une vidéo de soldats israéliens tabassant, insultant et volant des travailleurs palestiniens sous la menace d’une arme alors qu’ils traversaient des postes de contrôle militaires dans le sud de la Cisjordanie pour rejoindre leurs lieux de travail.

Les soldats d’occupation israéliens ont également été vus en train de tirer des grenades lacrymogènes sur les travailleurs traversant les points de contrôle israéliens, et sur ceux qui, sans permis, tentent de franchir le mur d’apartheid d’Israël par ses brèches temporaires, et/ou en train de poursuivre et de traquer les ouvriers palestiniens sur le chemin du travail.

Ces violations ont culminé avec le meurtre de deux Palestiniens par des soldats israéliens alors qu’ils se rendaient à leur travail comme tous les jours. Les meurtres de Fouad Sebti de Tulkarem, le 24 janvier 2021, et de Sherif Rajeh Irzeigat d’Hébron, le 14 février 2021, montrent, si besoin était, la cruauté de ces abus pendant l’épidémie.

Le COVID-19 a vraiment mis en lumière les dangers auxquels sont confrontés les travailleurs palestiniens et qui transforment leur besoin de maintenir leur source de subsistance en travaillant en Israël et dans les colonies en une économie de la mort.

La vie des travailleurs palestiniens est en danger pendant leurs séjours en Israël en raison, par exemple, de l’absence de mesures de sécurité publique dans leurs logements. Des travailleurs ont raconté avoir dormi en grands groupes sur des chantiers de construction, sur des sols d’usine, dans des entrepôts, des jardins, des installations et des serres, dans des endroits dépourvus de literie ou de couvertures propres, et sans accès aux installations sanitaires et aux fournitures nécessaires au maintien de l’hygiène personnelle.

En mai 2020, de nombreuses images diffusées sur les médias sociaux ont exposé les logements non hygiéniques et les conditions de vie insalubres des travailleurs sur les chantiers de construction et dans les entrepôts. En outre, ces travailleurs n’ont pas reçu de nourriture ou de boisson dans leurs logements en raison des couvre-feux imposés à travers Israël et les colonies.

Les travailleurs palestiniens ont aussi signalé l’absence de mesures de prévention sanitaire sur leur lieu de travail, et le fait que leurs employeurs israéliens ne leur fournissaient pas les tests médicaux nécessaires ou le traitement adéquat en cas d’infection par le COVID-19.

En réponse, les autorités israéliennes ont expulsé ces travailleurs ou les ont abandonnés aux points de contrôle israéliens. Un clip vidéo diffusé sur les médias sociaux montre un travailleur palestinien, Malek Ghanem, jeté par les autorités israéliennes sur le bord de la route au poste de contrôle de Beit Sira, près de Ramallah, parce qu’il était soupçonné d’être infecté par le COVID-19. Cet incident a été suivi d’autres similaires dans toute la Cisjordanie.

Conséquences des violations perpétrées par Israël sur l’économie palestinienne

Les travailleurs palestiniens en Israël contribuent à l’économie palestinienne à hauteur de près de 3,25 milliards de dollars par an – soit une moyenne de 271 millions de dollars par mois, ou 71 dollars par travailleur et par jour. En revanche, le salaire minimum mensuel en Cisjordanie et à Gaza s’élève respectivement à environ 400 et 206 dollars [3]. Par conséquent, le salaire quotidien moyen des travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies est plus de deux fois supérieur à celui de leurs homologues des secteurs public et privé en Cisjordanie, et plus de quatre fois supérieur à celui de leurs homologues à Gaza.

Les revenus du travail effectué en Israël sont essentiels pour stimuler l’économie palestinienne ; tout changement – à savoir la perte d’emplois en Israël et dans les colonies – affecte directement des centaines de milliers de familles palestiniennes [4]. Cela est devenu particulièrement évident lorsque le nombre de travailleurs en Israël et dans les colonies a diminué à la fin de 2020 d’environ 34 000 travailleurs.

La baisse a été plus prononcée dans le secteur de la construction, avec 15% des 70 000 travailleurs palestiniens perdant leur emploi, suivi par le secteur agricole, avec une diminution de 9%. En outre, environ 8000 travailleurs palestiniens ont perdu leur emploi dans les territoires israéliens depuis la fin de 2020 en raison du licenciement des travailleurs de plus de 50 ans – un résultat direct des dispositions spéciales israéliennes approuvées par l’AP pour réglementer la main-d’œuvre palestinienne pendant l’épidémie.

De nombreux travailleurs palestiniens ont également été confrontés à des réductions de salaire depuis avril 2020 – une violation du droit du travail israélien qui interdit la discrimination fondée sur la nationalité.

Les employeurs israéliens ont réduit le salaire journalier moyen des travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies au cours du premier semestre 2020, le faisant passer de 82 à 76 dollars. S’ils l’ont relevé à 80 dollars au cours du second semestre de la même année, ce montant reste inférieur au niveau d’avant la pandémie.

En outre, lorsque les travailleurs palestiniens ont obéi à l’ordre de l’AP de ne pas se rendre au travail en Israël et dans les colonies israéliennes, les employeurs israéliens ont refusé de les indemniser pour leur absence forcée du travail, ce qui a entraîné des pertes financières estimées à 250 millions de dollars en 2020.

La diminution du nombre de travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies, et la réduction de leurs salaires et de leurs indemnités à l’époque du COVID-19, ont eu un impact considérable sur l’économie palestinienne en causant 2,5 milliards de dollars (soit un tiers) de pertes à l’économie palestinienne en 2020. En mars 2021, l’AP a annoncé que l’économie palestinienne s’était contractée de 11,5 % au cours de l’année écoulée, que les recettes publiques avaient diminué de 20 %, que le déficit budgétaire avait atteint 9,5 % du PIB et que la dette intérieure avait atteint 15 %.

Bien qu’Israël ait vacciné plus de 100 000 travailleurs palestiniens depuis mars 2021, l’incertitude entourant la reprise économique et le déploiement des vaccins par l’AP en Cisjordanie et à Gaza laisse penser que l’économie palestinienne continuera de souffrir.

En conséquence, la dépendance (créée par Israël) de l’économie palestinienne vis-à-vis de l’économie israélienne devrait s’accentuer, notamment en termes de travail et d’emploi, étant donné l’incapacité de l’économie palestinienne à absorber les travailleurs privés d‘emploi par l’épidémie, en plus des nouveaux demandeurs d’emploi. Le taux de chômage devrait également augmenter en Cisjordanie et à Gaza, passant de 26 % à la fin de 2020 à environ 31 % à la fin de 2021.

Recommandations générales

Voici quelques recommandations pour mettre fin aux violations israéliennes des droits des travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies :

* L’AP doit faire pression sur la communauté internationale afin d’intensifier les efforts pour protéger les droits des travailleurs palestiniens.
* L’AP doit inclure les violations des droits des travailleurs palestiniens dans ses actions en justice contre le régime israélien auprès de la Cour pénale internationale, afin de tenir les politiciens, les employeurs et les entreprises israéliens pour responsables.
* Le mouvement BDS doit cibler davantage la violation des droits des travailleurs palestiniens dans son appel au boycott des entreprises israéliennes.
* La Fédération générale palestinienne des syndicats doit soutenir les efforts des travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies pour instituer un syndicat palestinien indépendant qui protège leurs droits syndicaux et les intègre dans la lutte politique pour la libération du colonialisme israélien.
* Le syndicat doit développer un discours syndical et politique qui traite tous les travailleurs palestiniens en Israël et dans les colonies – qu’ils viennent de Cisjordanie, de Gaza ou d’Israël – sur un pied d’égalité.
* Les organisations palestiniennes et arabes de défense des droits numériques doivent mobiliser les organisations internationales de défense des droits humains pour bloquer l’utilisation de l’application “Al-Munasiq”, qui a pour but de collecter les données personnelles des travailleurs palestiniens.
* Les organisations régionales et internationales de défense des droits de l’homme axées sur le travail doivent faire pression sur les politiciens, les employeurs et les entreprises israéliens qui violent les droits des travailleurs palestiniens pour qu’ils mettent fin à ces abus.

Notes

1. Dans le cadre de ce rapport, l’expression “travailleurs palestiniens” désigne uniquement les personnes possédant une carte d’identité de Cisjordanie et travaillant dans des colonies israéliennes ou en Israël. Ce terme n’englobe pas les problèmes de travail des habitants de Jérusalem ni des Palestiniens de nationalité israélienne qui travaillent en Israël ou dans les colonies.
2. Le nombre des Palestiniens travaillant en Israël et dans les colonies serait considérablement plus élevé si les Palestiniens travaillant sans permis ou avec des permis de commerçant ou de besoins spéciaux étaient inclus dans ces estimations.
3. Le salaire minimum est basé sur la décision du Cabinet n° 11 de 2012, arrêtant à 1 450 shekels le salaire minimum mensuel pour tous les secteurs relevant de la juridiction de l’AP.
4. Pour une perspective alternative sur le rôle des colonies israéliennes dans l’économie palestinienne, voir “Comment les colonies israélienne étouffent l’économie palestinienne” de Nur Arafeh, Samia al-Botmeh, et Leila Farsakh (2015).

15 juillet 2021 – Al-Shabaka – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet