Gaza, 2021 - Photo : sustain.org.au
Par Al-Mayadeen
Avec la végétation rasée et les ruches détruites, l’industrie apicole de Gaza lutte pour sa survie, tandis que les agriculteurs s’efforcent de maintenir en vie les abeilles restantes malgré le blocus et les bombardements israéliens.
Autrefois réputée pour ses vergers d’agrumes et son miel riche, l’industrie apicole de Gaza a été pratiquement réduite au silence par le génocide israélien à Gaza. Le doux bourdonnement des abeilles, symbole de vie, de subsistance et de tradition séculaire, a largement disparu.
Selon le ministère de l’Agriculture de Gaza, environ 90 % des 30 000 ruches du territoire ont été détruites, ainsi que 76 % de la végétation qui les nourrit.
Cette dévastation résulte de multiples pressions : ruches détruites par le manque de nourriture, démantèlement pour le combustible et restrictions sévères sur les livraisons d’aide humanitaire. Même après le cessez-le-feu d’octobre, certains ruchers restent isolés derrière la ligne jaune marquant le territoire occupé par Israël.
Avant la guerre, environ 800 apiculteurs de Gaza produisaient jusqu’à 400 tonnes de miel par an. Aujourd’hui, la production a chuté à seulement 20 tonnes. La pénurie a fait grimper les prix de 70 shekels (plus de 18 euros) le kilogramme à 300 shekels (plus de 80 euros), là où le miel est disponible, mais le rendant inaccessible aux consommateurs.
« Le secteur de la production de miel a subi des pertes supérieures à 90 % », a déclaré Ihab Taha, responsable du département apicole de Gaza. « Ce qui est arrivé aux ruchers de Gaza n’est pas seulement une catastrophe environnementale, c’est aussi une violation du droit international humanitaire et une menace pour la sécurité alimentaire. »
La vie des apiculteurs bouleversée
Pour les apiculteurs locaux, les pertes sont à la fois personnelles et économiques. Ayman Abu Daqa, 45 ans, originaire de Deir al-Balah, a perdu 150 ruches et plus de 35 000 dollars lors de la guerre israélienne contre Gaza.
« La guerre a tout détruit », a-t-il déclaré au journal The National. « Nous ne voyons plus aucun essaim d’abeilles. La terre est stérile, il n’y a plus d’arbres ni de fleurs. »
À un moment donné, Abu Daqa a même brûlé les restes de ses ruches en bois pour se chauffer.
Lorsqu’un cessez-le-feu temporaire lui a permis de retourner sur ses terres, il a récupéré les cadres cassés et a lentement reconstruit son rucher, assemblant 30 nouvelles ruches. Mais sans apport de nourriture, les abeilles n’avaient presque rien à manger.
« J’ai commencé à nourrir les abeilles avec de l’eau sucrée », a-t-il expliqué. « Ce n’était pas idéal, mais c’était le seul moyen de les maintenir en vie. »
Un avenir compromis
Imad Ghazal, directeur de l’Association coopérative des apiculteurs de Gaza, a averti que la végétation naturelle nécessaire à la survie des abeilles avait disparu.
« Même si la guerre prenait fin demain, il faudrait des années pour que l’écosystème se rétablisse », a-t-il souligné. De plus, de nombreux ruchers se trouvent derrière la ligne jaune qui ne cesse de s’étendre et sont donc actuellement inaccessibles aux agriculteurs.
Avant le génocide, le miel de Gaza était apprécié pour sa pureté et utilisé dans des traitements médicaux contre les rhumatismes, pour la santé des femmes et contre les douleurs chroniques. Aujourd’hui, les abeilles et les connaissances traditionnelles qui les entourent sont en train de disparaître.
Près d’un millier d’apiculteurs sont confrontés à la perte de leurs moyens de subsistance, et l’effondrement de la pollinisation menace l’environnement dans son ensemble.
Dans sa ferme reconstruite, Abu Daqa s’occupe de ses ruches, s’adaptant à un monde radicalement différent.
« Ce ne sera plus comme avant », dit-il. « Mais nous devons essayer. Même dans cette obscurité, nous devons essayer. »
Sa modeste récolte de cette année sera peut-être moins abondante et moins savoureuse, mais elle représente un petit acte de défi : la survie de la tradition face à la destruction causée par la guerre israélienne.
Auteur : Al-Mayadeen
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7 décembre 2025 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine

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