Pour célébrer Noël, Israël redouble de violence et de cruauté

12 décembre 2023 - Les dépouilles de la famille Harb, dont de nombreux enfants, massacrée à Rafah dans un bombardement israélien, sont rassemblées à l'hôpital Al-Najjar. La maison de la famille a été bombardée lors des attaques ininterrompues d'Israël sur Gaza. Plus de 20 000 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens sur Gaza depuis le 7 octobre, dont plus de 8000 enfants, tandis que des milliers d'autres victimes restent sous les décombres. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, au moins 90 % de la population de Gaza a été déplacée de force, la plupart des personnes étant des réfugiés de la Palestine de 1948 - Photo : Mohammed Zaanoun / Activestills

Par Mustafa Abu Sneineh

Au moins 100 Palestiniens ont été tués lors d’attaques israéliennes sur Khan Younis et le camp de réfugiés d’Al-Maghazi, alors qu’un nouveau rapport d’Euro-Med Monitor documente les horribles crimes israéliens contre les civils abrités dans les écoles palestiniennes, y compris des tueries collectives.

Victimes :

  • 20 424 Palestiniens tués * et 54 036 blessés dans la bande de Gaza
  • 303 Palestiniens tués et plus de 4600 blessés en Cisjordanie et Jérusalem-Est sous occupation.
  • L’armée d’occupation reconnaît 489 soldats israéliens tués depuis l’offensive de la résistance du 7 octobre, avec 1952 blessés

* Ces chiffres ont été fournis par le ministère de la santé de Gaza le 24 décembre. En raison des pannes des réseaux de communication dans la bande de Gaza, le ministère de la santé de Gaza n’a pas été en mesure d’actualiser régulièrement et précisément ses bilans depuis la mi-novembre. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 28 000, en tenant compte de tous les disparus.

Principaux développements :

  • L’UNRWA déclare que 142 employés ont été tués par les bombardements israéliens dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
  • L’UNRWA dit avoir de grandes difficultés à fournir des soins de santé aux près de 50 000 femmes enceintes dans la bande de Gaza.
  • Le responsable de l’OMS appelle à un cessez-le-feu et dénonce la destruction du système de santé de Gaza par Israël.
  • L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, basé à Genève, accuse les forces israéliennes de transformer les écoles palestiniennes de la bande de Gaza en « lieux de crimes contre les civils ».
  • L’armée israélienne d’occupation dit avoir perdu 162 soldats dans des combats avec des résistants palestiniens depuis la fin du mois d’octobre.
  • Les forces israéliennes d’occupation récupèrent cinq déouilles de captifs dans un tunnel à Gaza. Le Hamas affirme avoir abattu 48 soldats israéliens et détruit 35 véhicules militaires depuis jeudi.
  • Les geôliers israéliens ont tabassé et torturé Nael al-Barghouti, le plus ancien prisonnier palestinien, lors de son transfert de la prison d’Ofer, dans l’ouest de Ramallah, à la prison de Gilboa, dans le nord d’Israël.

Les Israéliens bombardent des maisons à Khan Younis et Al-Maghazi, assassinant 100 Palestiniens

Au moins 100 Palestiniens ont été tués dans des frappes aériennes israéliennes à Khan Younis et dans le camp de réfugiés d’Al-Maghazi, la plupart d’entre eux étant des membres de a même famille, dans la nuit de dimanche à lundi.

Les forces israéliennes ont bombardé deux maisons à l’est de Khan Younis, tuant 23 personnes et en blessant des dizaines d’autres dimanche soir. Des avions de guerre ont pris pour cible la maison de la famille Saleh dans la région de Ma’an, et plusieurs Palestiniens se trouvaient encore sous les décombres lundi matin.

Dans le quartier d’Al-Amal, à l’ouest de Khan Younis, les forces israéliennes ont bombardé une maison, tuant Yahya Mahmoud Jawaher et son frère Abdul Rahim dans la nuit de dimanche à lundi, a rapporté Wafa.

À Al-Maghazi, un camp de réfugiés situé au centre de la bande de Gaza, les frappes aériennes et les tirs d’artillerie israéliens ont tué au moins 70 Palestiniens en bombardant quatre maisons dans la nuit de dimanche à lundi, la plupart d’entre eux étant des femmes et des enfants.

La défense civile palestinienne a déclaré avoir retrouvé les corps de huit personnes et 14 blessés sous les décombres dans la nuit de dimanche à lundi dans le camp de réfugiés d’Al-Bureij, bombardé par l’artillerie israélienne.

Al-Bureij a été gravement endommagé à la suite de l’explosion de nombreux bâtiments par les forces israéliennes au cours des dernières semaines. Israël a bombardé la zone entourant l’école Abu Hilo à Al-Bureij et a tiré des bombes fumigènes dans le même secteur.

Dimanche, le ministère de la santé de Gaza a déclaré qu’au moins 20 424 martyrs palestiniens avaient été tués et 54 036 blessés dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre. Selon le Croissant-Rouge palestinien, quelque 8000 Palestiniens seraient toujours portés disparus sous les décombres.

Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré dimanche que 103 journalistes avaient été assassinés dans les bombardements et les tirs israéliens depuis le mois d’octobre.

L’UNRWA annonce que 142 de ses employés ont été tués alors que l’organisation s’efforce de fournir des soins aux femmes enceintes

Dimanche, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé que 142 employés avaient été tués lors des bombardements israéliens dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.

Soins prodigués à un tout jeune enfant blessé dans un bombardement israélien – Photo : UNRWA

« En ce moment sombre, il est difficile de souhaiter un joyeux Noël à ceux qui le célèbrent, compte tenu des pertes, du chagrin et des destructions qui se poursuivent », a déclaré l’agence de l’ONU dans un communiqué.

« Nos équipes font l’impossible pour aider les personnes dans le besoin. Nous pleurons la perte d’autres collègues de l’UNRWA tués à Gaza, maintenant 142, la plupart avec leurs familles », a ajouté le communiqué.

L’UNRWA a appelé à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza pour atténuer la crise humanitaire et fournir de l’aide, de l’eau, de la nourriture et des médicaments aux hôpitaux et aux abris dans l’enclave. L’UNRWA s’est félicité de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée la semaine dernière.

Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, a déclaré que « seul le temps nous dira quelle différence réelle cette résolution fera, et elle doit augmenter l’aide humanitaire à Gaza ». « Sans une trêve, la résolution de l’ONU risque de ne pas faire grand-chose pour Gaza », a ajouté Mme Touma.

L’UNRWA a averti qu’elle rencontrait de grandes difficultés à fournir des soins de santé à 50 000 femmes enceintes dans la bande de Gaza. « On estime à 50 000 le nombre de femmes enceintes dans la bande de Gaza, dont plus de 180 accouchent chaque jour », a déclaré l’UNRWA dans un communiqué.

« Les médecins et les sages-femmes de l’UNRWA font tout leur possible pour fournir des soins aux femmes enceintes en période post-natale et à haut risque dans les 7 [sur 22] centres de santé encore opérationnels de l’UNRWA », a ajouté le communiqué.

La semaine dernière, neuf des 36 hôpitaux et centres de soins fonctionnaient encore partiellement dans la bande de Gaza. Le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé à un cessez-le-feu et condamné la destruction du système de santé de Gaza. « La décimation du système de santé de Gaza est une tragédie », a-t-il écrit sur X dimanche.

« Face à l’insécurité permanente et à l’afflux de patients blessés, nous voyons des médecins, des infirmières, des ambulanciers et bien d’autres encore continuer à s’efforcer de sauver des vies », a déclaré M. Tedros.

Il a confirmé que l’OMS appelait fermement à un « cessez-le-feu immédiat ».

Euro-Med : les écoles de Gaza sont le théâtre de « crimes commis contre les civils » par Israël

Lundi, l’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme, basé à Genève, a accusé les forces israéliennes de transformer les écoles palestiniennes de la bande de Gaza en « lieux de crimes odieux contre les civils ».

Euro-Med a déclaré dans un rapport que « l’occupation israélienne continue de violer les écoles qui ont été converties en abris pour des dizaines de milliers de personnes déplacées, commettant de graves violations, notamment des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des tortures et des intimidations à l’encontre des civils ».

Euro-Med a déclaré que les forces israéliennes ont pris d’assaut l’école Al-Rafi’I à Jabalia au cours du week-end, arrêtant des dizaines de Palestiniens et les forçant à se déshabiller jusqu’aux sous-vêtements avant de les emmener vers des destinations inconnues.

Le groupe a ajouté que les forces israéliennes bombardaient les écoles palestiniennes depuis le mois d’octobre, mais qu’au cours des dernières semaines, elles avaient pris d’assaut les écoles dans plusieurs villes, notamment au nord de Gaza, à Khan Younis et à Al-Bureij. Ces attaques se sont accompagnées de la destruction des murs et des portes des écoles par des tirs d’armes à feu et des obus de chars d’assaut.

« Ces attaques étaient injustifiées et visaient des civils innocents qui avaient cherché refuge dans des centres d’hébergement après avoir reçu l’ordre d’Israël d’évacuer leurs maisons et leurs zones résidentielles », a déclaré Euro-Med dans un communiqué.

Le groupe a recueilli plusieurs témoignages de survivants qui s’abritaient dans les écoles lorsque les forces israéliennes les ont attaquées et prises d’assaut.

Dans l’école Shadia Abu Ghazala à Jabalia, Euro-Med a déclaré que les forces israéliennes ont procédé à des exécutions à l’intérieur même de l’école, où neuf corps ont été retrouvés après le retrait des forces israéliennes du secteur le 13 décembre.

Youssef Khalil a déclaré à Euro-Med que deux soldats israéliens avaient ouvert le feu sur sa famille, les tuant dans l’école Shadia Abu Ghazala alors qu’ils étaient réfugiés dans l’une des salles de classe. Khalil a ensuite été arrêté avec d’autres Palestiniens et a été battu pendant sa détention avant d’être relâché.

Il a trouvé les membres de sa famille en état de décomposition lorsqu’il est retourné à l’école, à côté d’autres corps de Palestiniens tués dans les lieux proches.

« Les opérations continues de meurtre, d’élimination physique et de destruction systématique de bâtiments et d’installations n’ont pas d’autre explication ou justification que de faire partie d’actes délibérés de vengeance », a déclaré l’Euro-Med.

« Les civils qui choisissent de rester dans les zones d’évacuation ne perdent pas la protection [à laqelle ils ont droit], et il est interdit de les prendre pour cible sous quelque prétexte que ce soit », a ajouté l’organisation.

Les forces israéliennes récupèrent les corps de cinq captifs alors que le Hamas et le Djihad islamique portent des coups très durs à l’occupant

Lundi, l’armée israélienne a annoncé que 162 soldats avaient été tués dans des combats avec des résistants palestiniens depuis l’invasion terrestre de la bande de Gaza à la fin du mois d’octobre. Au total, 489 soldats ont été tués [selon les chiffres fournis par l’occuant] depuis le 7 octobre.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré dimanche après-midi que « la guerre nous coûte très cher ; cependant, nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à nous ‘battre’ [à massacrer des civils et à détruire tout ce qui peut l’être – NdT] ».

Des milliers d’Israéliens ont manifesté ces dernières semaines à Tel Aviv, appelant M. Netanyahu à démissionner et à organiser des élections générales en Israël.

Netanyahu a éructé que « nous poursuivons avec toute notre force jusqu’à la fin, jusqu’à la ‘victoire’, jusqu’à ce que nous ayons atteint tous nos objectifs : la destruction du Hamas, le retour de nos otages et la garantie que Gaza ne constituera plus jamais une menace pour l’État d’Israël ».

Jusqu’à présent, les forces israéliennes n’ont pas réussi à sauver ou à ramener en Israël un seul des captifs détenus par la résistance. La semaine dernière, des soldats israéliens ont abattu trois de ces captifs à Gaza après les avoir identifiés à tort comme des Palestiniens.

Dimanche, le porte-parole des forces d’occupation a déclaré qu’Israël avait récupéré cinq corps de captifs dans un tunnel du Hamas à Gaza.

Samedi, le Hamas a déclaré qu’il craignait que cinq otages israéliens aient été tués lors des bombardements israéliens sur Gaza, après avoir perdu le contact avec le groupe qui en avait la charge.

Le porte-parole militaire du mouvement Hamas, Abu Ubaida, a déclaré dans un message dimanche qu’au cours des quatre derniers jours, les combattants palestiniens avaient éliminé 48 soldats israéliens, blessé des dizaines d’autres et détruit complètement ou partiellement 35 véhicules militaires dans différentes zones de la bande de Gaza.

Le Hamas a également diffusé une vidéo montrant des soldats israéliens pris pour cible dans le nord de la bande de Gaza. D

ans le quartier de Tel Al-Zaatar, un tireur isolé du Hamas a tiré sur des soldats israéliens, tandis que dans l’ouest de Beit Lahia, des combattants ont tiré un missile antichar Kornet sur des soldats israéliens barricadés à l’intérieur d’un bâtiment et sur une autre force à l’intérieur d’une maison à Beit Hanoun.

Les brigades Al-Quds du Jihad islamique ont annoncé qu’elles avaient pris pour cible trois véhicules militaires israéliens avec des missiles RPG et une bombe placée dans les quartiers d’Al-Zaytoun et d’Al-Shuja’iya à Gaza.

Le Hamas a également salué la décision de limiter les célébrations de Noël aux prières et aux rituels religieux en Palestine.

« Les fêtes de notre peuple chrétien ont lieu cette année dans le cadre d’une agression fasciste continue lancée par les forces d’occupation contre toutes les composantes de notre peuple palestinien, ciblant à la fois les mosquées et les églises », a déclaré le Hamas dans un communiqué.

Au lieu d’un arbre décoré sur la place qui fait face à l’église de la Nativité à Bethléem, le ministère du tourisme de l’Autorité palestinienne a mis en place une œuvre d’art intitulée « La Nativité sous les décombres » pour symboliser l’agonie et la destruction dans la bande de Gaza.

Le doyen des prisonniers palestiniens, Nael al-Barghouti, torturé par les geôliers israéliens

Les forces israéliennes ont effectué des descentes dans des villes et des villages de Cisjordanie occupée et de Jérusalem au cours de la nuit et ont enlevé plusieurs Palestiniens d’Hébron, de Qalqilya, de Tubas, de Jérusalem, de Ramallah, de Tulkarem et de la vallée du Jourdain.

Dans une déclaration commune, l’Autorité des affaires des prisonniers et le Club des prisonniers palestiniens ont indiqué que « les témoignages de détenus récemment libérés à Gaza ont révélé des détails horribles sur la torture et les abus de l’armée d’occupation à leur encontre, leurs corps portant des signes de mauvais traitements ».

Ils ont ajouté que « le prisonnier Nael al-Barghouti, âgée de 66 ans, avait été torturé lors de son transfert de la prison d’Ofer, dans l’ouest de Ramallah, à la prison de Gilboa, dans le nord d’Israël ».

Barghouti a été libéré de prison en 2011 après y avoir passé 34 ans. Cependant, en 2014, les forces israéliennes d’occupation l’ont enlevé à nouveau. Au total, il aura à ce jour passé 44 ans dans les prisons israéliennes.

« Il a été brutalement battu à l’aide de matraques et de coups de cross, et les violences contre lui et ses codétenus se sont poursuivies pendant trois heures consécutives », ajoute le communiqué.

Le Club a déclaré que les forces israéliennes ont kidnappé 4696 Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem occupées depuis le 7 octobre.

25 décembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine