Non à la dissolution d’Urgence Palestine ! Non à la complicité française dans le génocide à Gaza !

29 mars 2025 - Des manifestants descendent dans les rues de Paris en solidarité avec la Palestine, pour commémorer la Journée de la Terre et dénoncer le génocide perpétré par Israël à Gaza, avec le soutien total de la plupart des gouvernements occidentaux. La manifestation comprenait une marche funèbre symbolique et silencieuse, avec des cercueils factices et des poupées enveloppées dans des linceuls blancs pour représenter le bilan humain des bombardements à Gaza - Photo : Anne Paq / Activestills

Par Samidoun

Le Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun condamne avec la plus grande fermeté le projet annoncé par l’État français de « dissoudre » – c’est-à-dire d’interdire purement et simplement – Urgence Palestine, la grande coalition et collectif national pour la Palestine qui s’est hissé à l’avant-garde du mouvement en France au cours des 18 derniers mois de résistance au génocide sioniste-impérialiste.

Dans la soirée du 29 avril, Urgence Palestine a communiqué que l’État français avait signifié un avis de dissolution, stipulant que l’organisation serait dissoute avec effet au 7 mai si l’attaque n’était pas bloquée par une action en justice.

Il ne s’agit bien sûr que de la dernière mesure prise par l’État français contre le mouvement de libération de la Palestine et d’une nouvelle manifestation de sa complicité et de sa responsabilité dans le génocide en cours à Gaza et dans toute la Palestine occupée, ainsi que de sa répression féroce du mouvement de libération palestinien et de la solidarité avec la Palestine en France même.

Nous appelons tous les citoyens français et du monde entier à se joindre à Urgence Palestine.

  • Signez la déclaration collective d’Urgence Palestine contre les dissolutions.
  • Manifestez devant l’ambassade, le consulat ou l’Alliance française (représentation officielle des activités culturelles françaises) de votre région contre la dissolution et la répression, et contre la complicité continue de la France avec le génocide sioniste dans toute la Palestine occupée.
  • Utilisez les affiches en bas de page !

Cette attaque contre Urgence Palestine vise également la diaspora palestinienne et son organisation en France autour de principes qui remettent en cause l’implication impérialiste et le soutien au génocide en Palestine, dénoncent la complicité de l’Autorité palestinienne et affirment la légitimité de la résistance.

Cette attaque s’accompagne d’une autre tentative de dissolution, annoncée par le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale, également le 29 avril, contre les Jeunes Gardes, une organisation antifasciste de jeunes.

Alors que le monde commémore la défaite du fascisme lors de la Seconde Guerre mondiale et l’exécution de Mussolini, l’État français interdit les mouvements antifascistes.

Bien sûr, cette dernière attaque, bien que scandaleuse, n’est pas une surprise. Elle intervient quelques semaines seulement après que le Conseil d’État français a confirmé la dissolution en 2022 du Collectif Palestine Vaincra, prononcée par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin.

Aujourd’hui, c’est Retailleau qui prononce l’ordre de dissolution, mais c’est la même politique de répression, de musellement et de criminalisation qui est imposée au peuple palestinien.

Cette décision intervient alors que la France continue d’emprisonner Georges Ibrahim Abdallah, le militant arabe libanais pour la Palestine incarcéré dans les prisons françaises depuis 40 ans et qui attend une nouvelle audience dans son procès en juin, alors qu’il est éligible à la libération depuis 1999.

L’État français a utilisé à plusieurs reprises l’arme de la dissolution pour cibler les organisations palestiniennes et de solidarité avec la Palestine, les organisations antifascistes, les organisations musulmanes, les campagnes contre l’islamophobie et même les mosquées locales.

Cela intervient après que l’État français a été condamné par la Cour européenne des droits de l’homme à cesser ses tentatives de poursuites pénales répétées contre des militants pour avoir organisé le boycott du régime sioniste et des produits « israéliens » dans plusieurs villes du pays.

Cela intervient également alors que la France arrête, emprisonne, poursuit et interroge des centaines, voire des milliers de personnes, d’écrivains et de militants à travers le pays pour avoir exprimé leur solidarité avec la Palestine et affirmé la légitimité, l’héroïsme et le leadership de la résistance palestinienne et des forces de résistance dans la région.

Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la fédération syndicale CGT du Nord, a été condamné à un an de prison avec sursis pour « apologie de terrorisme », l’accusation fourre-tout utilisée par l’État dans ces affaires, pour avoir distribué un tract de solidarité avec le peuple palestinien et contre le génocide sioniste-impérialiste.

François Burgat, 75 ans, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique, est jugé ce mois-ci pour « apologie de terrorisme » pour avoir tweeté : « J’ai plus de respect et d’estime pour les dirigeants du Hamas que pour les dirigeants de l’État d’Israël. Je ne pense pas être le seul, bien au contraire. »

Elias d’Imzalène, militant communautaire de premier plan, a été condamné par un tribunal français à cinq mois de prison avec sursis pour avoir prononcé un discours sur la Palestine, le racisme et la répression en France et avoir utilisé le terme « intifada ».

Alex, un jeune militant de Lyon, a été suspendu de son travail et sera jugé le 15 mai pour « apologie de terrorisme » pour avoir prononcé un discours de solidarité avec la résistance palestinienne et pour la libération de Georges Abdallah.

La députée européenne franco-palestinienne Rima Hassan a été interrogée par la police pendant plus de 11 heures pour son engagement public en faveur de la Palestine, une fois de plus sous le prétexte d’une enquête pour « apologie de terrorisme » et à la suite d’une longue campagne de diffamation en ligne demandant la révocation de sa nationalité.

L’infirmière Imane Maarifi, qui a fait du bénévolat à Gaza, a été arrêtée par la police et son domicile a été perquisitionné devant ses enfants.

Un militant qui a systématiquement documenté les massacres et les abus de l’armée génocidaire sioniste, ainsi que la résistance héroïque du peuple palestinien pendant près d’un an, a été arrêté et son domicile perquisitionné.

Le président de la mosquée de Pessac, Abdourahman Ridouane, a été expulsé vers le Niger et placé en détention administrative.

La semaine dernière, le domicile du journaliste franco-iranien Shahin Hazamy a été perquisitionné par une équipe de dix agents de sécurité masqués, qui l’ont arrêté pendant plusieurs jours avant de le relâcher sous l’accusation d’« apologie du terrorisme » pour avoir écrit et parlé de la Palestine.

Mahdieh Esfandiari, linguiste iranienne diplômée en langue française, qui vit à Lyon où elle travaille à l’Université Lumière en tant que professeure et interprète, est emprisonnée à la prison de Fresnes depuis le 28 février pour ses publications et déclarations publiques sur la Palestine, le génocide impérialiste-sioniste et la résistance palestinienne, là encore pour des accusations d’« apologie du terrorisme ».

Le 18 juin, Anasse Kazib, responsable syndical et porte-parole de Révolution Permanente, sera jugé avec un camarade pour ses tweets en soutien à la Palestine, une affaire qui a récemment inspiré une déclaration de solidarité signée par plus de 1000 intellectuels, personnalités politiques et universitaires.

Toutes ces affaires ne sont pas des aberrations, mais reflètent la réalité d’une France impérialiste avec une longue et sanglante histoire et un présent marqué par le colonialisme, le pillage et l’exploitation impérialistes dans la région arabe – du Liban à la Syrie et à l’Égypte, en passant par l’Algérie, la Tunisie et le Maroc – et à travers l’Asie et l’Afrique, sans oublier Haïti, dont la grande révolution a renversé le système d’esclavage colonial français il y a plus de deux siècles.

En Kanaky (appelée Nouvelle-Calédonie par les Français), la France maintient sa domination coloniale (imposée par un projet de colonisation) et emprisonne actuellement des dirigeants indépendantistes kanaks, dont Christian Tein, dans des prisons françaises situées à plus de 17 000 kilomètres de leur domicile.

À l’instar des autres puissances impérialistes, la France soutient pleinement le projet sioniste en Palestine occupée, qu’elle considère comme un avant-poste de l’impérialisme occidental dans la région.

En effet, après s’être alignée sur la Grande-Bretagne et le régime sioniste en 1956 – et avoir été vaincue par l’Égypte –, la France a collaboré avec « Israël » pour développer son programme d’armes nucléaires qu’elle continue d’utiliser aujourd’hui pour menacer toute la région.

Aujourd’hui, cette même alliance se reflète dans le commerce d’armes que l’État français continue de mener avec le régime sioniste, alors que le génocide s’intensifie à Gaza et dans toute la Palestine occupée.

Sur le plan juridique, comme sur les plans politique et moral, la réalité est très claire : le peuple palestinien a le droit de résister à l’occupation et à la colonisation par tous les moyens nécessaires, y compris et surtout le droit à la lutte armée et à la résistance armée.

D’autre part, le génocide, tel que celui perpétré par le régime sioniste, est le crime le plus grave en droit international.

La France est pleinement complice de ce génocide, par la fourniture d’armes, d’aide et de soutien au régime sioniste, mais elle est également complice de génocide en s’engageant dans une attaque concertée contre la liberté d’expression de tous afin de réprimer, criminaliser et réduire au silence ceux qui œuvrent pour mettre fin au génocide, comme l’illustre la dernière attaque contre Urgence Palestine.

Ces attaques sont menées par l’État en alliance avec toute une série de politiciens d’extrême droite, racistes, islamophobes et sionistes, de comptes diffamatoires en ligne et d’associations qui se servent régulièrement des réseaux sociaux et des ondes françaises pour attaquer et calomnier ceux qui s’expriment en faveur de la Palestine.

Nous savons bien que bon nombre des personnes et organisations qui ont demandé à plusieurs reprises la dissolution d’Urgence Palestine ont fait de même pour Samidoun Paris Banlieue, EuroPalestine et ont tenté de dissoudre le Comité Action Palestine.

Ces attaques se sont particulièrement intensifiées à la suite de la manifestation conjointe d’Urgence Palestine et de Samidoun Paris Banlieue dans le cadre de la Journée internationale des femmes, qui a soutenu la résistance palestinienne, appelé à la libération des prisonniers palestiniens et de la Palestine, du fleuve à la mer, et a fait échouer les tentatives des organisations racistes et sionistes d’infiltrer et de saboter la marche.

C’est dans ce contexte, tout en ordonnant l’interdiction de l’une des plus grandes organisations actives dans le mouvement de défense de la Palestine, que le président français Emmanuel Macron a prononcé ses déclarations sur la recherche de la « reconnaissance d’un État palestinien » – presque au moment où son gouvernement semblait menacer une invasion militaire française de Gaza, officiellement pour apporter « de l’aide », mais ouvertement dans le cadre d’un effort militaire visant à attaquer et à désarmer la résistance palestinienne.

Les objectifs derrière la « reconnaissance de l’État palestinien » proposée par Macron (en réalité, la reconnaissance de l’administration collaborationniste de l’Autorité palestinienne sur 22 % de la Palestine historique) visent en fait uniquement à imposer la capitulation de la résistance palestinienne, à garantir la stabilité de l’État sioniste et à renforcer la présence de l’impérialisme occidental dans la région.

L’ordre de dissolution contre Urgence Palestine et les attaques contre le mouvement de libération palestinien en France font écho aux attaques menées par les autres grandes puissances impérialistes :

  • l’interdiction de Samidoun et de nombreuses autres organisations en Allemagne, accompagnée de violences policières à grande échelle, d’arrestations et de persécutions pour avoir simplement déclaré : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre »
  • la série d’arrestations, de détentions et d’expulsions d’étudiants militants aux États-Unis et la qualification de « terroriste » de Samidoun
  • les arrestations et détentions de manifestants en Belgique
  • les perquisitions au domicile de journalistes et la persécution des Filton 18 et d’autres militants en Grande-Bretagne, et des cas similaires au Canada, aux Pays-Bas et ailleurs.

Il est clair que les puissances impérialistes considèrent la mobilisation massive des peuples contre le génocide dans le cœur de l’empire, aux côtés du peuple palestinien et des forces de résistance de la région, comme une menace intolérable pour leur capacité à continuer de piller et d’exploiter les peuples de la région et du reste du monde.

Nous devons tous nous tenir aux côtés d’Urgence Palestine. En ce moment, il est plus clair que jamais qu’il est crucial de construire l’alliance la plus large et la plus forte possible pour la Palestine, en insistant sur :

  • un soutien total et clair à la résistance palestinienne à l’occupation par tous les moyens, menée par les forces de résistance armées
  • la libération de la Palestine du fleuve à la mer
  • et un engagement ferme en faveur de l’organisation et de la solidarité anti-impérialistes.

Ces attaques doivent nous mobiliser pour intensifier nos actions et construire la base populaire internationale de la Résistance.

Nous ne devons pas reculer ni chercher à nous plier à ces attaques illégitimes et illégales, mais seulement intensifier notre solidarité internationale pour défendre la liberté d’expression, défendre la Palestine et vaincre la répression – et, bien sûr, vaincre l’impérialisme et le sionisme.

30 avril 2025 – Samidoun – Traduction : Chronique de Palestine

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