Les Israéliens intensifient leur campagne génocidaire à Gaza par la famine et les bombardements quotidiens

29 avril 2025 - Nabil Za'rab, âgé de douze ans, est inhumé alors que ses proches lui font leurs adieux à l'hôpital Nasser, ainsi qu'à deux autres enfants et à une mère qui ont été tués avec lui pendant la nuit lors d'une frappe israélienne sur un camp de tentes pour personnes déplacées dans la région d'Al-Mawasi, près de Khan Yunis. Les victimes de l'attaque sont les enfants Saba Khalil Al-Qadi, Nabil Za'rab, Misk Shalouf et la mère de ce dernier, Aziza Shalouf. Al-Mawasi a été désignée « zone de sécurité » pour les Palestiniens déplacés, mais Israël continue de la bombarder. Depuis le début de la guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza en octobre 2023, au moins 52 243 Palestiniens ont été confirmés morts, dont plus de 18 000 enfants - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Sharif Abdel Kouddous, Rasha Abu Jalal

Il est presque impossible de suivre l’ampleur des tueries à Gaza, alors que l’armée israélienne bombarde et affame les civils palestiniens en toute impunité.

Trois générations de la famille al-Khour ont été anéanties lorsqu’Israël a bombardé leur maison familiale dans le quartier d’al-Sabra, au centre de Gaza, à l’aube du 26 avril.

Le patriarche âgé de la famille, Talal al-Khour, ses femmes, ses filles, ses fils et ses petits-enfants ont tous été tués dans l’attaque. Au total, vingt-deux personnes, dont douze enfants, ont péri, leurs corps ayant été déchiquetés et ensevelis sous les décombres.

« L’attaque aérienne a eu lieu à l’aube, alors que nous dormions. Soudain, nous nous sommes réveillés à cause d’une explosion qui ressemblait à un tremblement de terre. Nous nous sommes précipités dans la rue et avons découvert que la maison de cinq étages de la famille Al-Khour n’était plus qu’un tas de décombres », a déclaré à Drop Site News Mohammad Al-Ajla, un voisin de 37 ans qui a aidé à récupérer les corps.

« Dès que la poussière de la frappe s’est dissipée, les voisins ont commencé à essayer de sauver les membres de la famille. L’opération de sauvetage s’est poursuivie pendant huit heures d’affilée. Nous avons vu des corps partout. Il y avait des enfants sans tête. »

Avec l’aide des habitants de la même zone, les équipes de la défense civile ont pu récupérer quinze des corps, qui ont ensuite été enterrés ensemble dans une fosse commune, les autres corps restant coincés sous les débris.

Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile, les équipes de secours ont été obligées de creuser à mains nues dans les décombres, Israël interdisant l’entrée de matériel dans la bande de Gaza et prenant délibérément pour cible les quelques machines disponibles.

« Nous pouvions entendre les cris des blessés coincés sous les décombres, mais nous étions incapables de parvenir jusqu’à eux. Avec le temps, les cris se sont estompés, et nous ne savions plus s’ils étaient encore en vie ou s’ils avaient été tués », a raconté Mahmoud Bassal à Drop Site.

« De nombreuses vies auraient pu être sauvées, mais le blocus en cours et le refus de fournir des outils dont nous avons besoin ont éliminé toute chance de secours. »

Depuis qu’Israël a repris sa campagne de bombardements au sol le 18 mars, Gaza s’est transformée en un désert de mort, où les décombres et les ruines servent de toile de fond à une campagne incessante de massacres.

L’armée israélienne a mené quotidiennement de multiples frappes aériennes et bombardements à travers l’enclave, frappant des maisons, des camps de déplacés, des cafés, des hôpitaux, des cuisines caritatives, des « zones humanitaires » et d’autres sites civils.

L’ampleur des attaques est presque impossible à évaluer.

Rien que mercredi, trois immeubles résidentiels du camp de réfugiés de Nuseirat ont été bombardés ; l’une des frappes a tué six membres d’une même famille, dont trois enfants. Dans un immeuble voisin, huit personnes ont été tuées dans une seule maison.

À Jabaliya, au moins trois personnes de la même famille, dont deux jeunes filles, ont été tuées par des tirs d’artillerie israéliens. Sur la côte, à l’ouest de la ville de Gaza, un pêcheur a été tué alors qu’il ramenait son bateau à terre. À l’ouest de Khan Younis, une frappe de drone pendant la nuit sur une tente a tué six personnes, dont des enfants.

Cette liste est loin d’être complète et ne couvre même pas une période de 24 heures.

Au cours des deux derniers jours, l’armée israélienne a également pris pour cible et bombardé plus de 30 bulldozers et autres engins lourds. Certains d’entre eux avaient été fournis pendant le « cessez-le-feu » pour déblayer les décombres, réparer les infrastructures de base et secourir les personnes après les frappes aériennes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Les scènes qui nous parviennent de toute la bande de Gaza, de Rafah au sud à Beit Hanoun au nord, sont d’une horreur hallucinante. Des enfants sont déchiquetés sur les toits ou alors qu’ils faisaient du vélo ; des cadavres jonchent le sol d’un café, certains encore assis, affalés sur leurs chaises ; des corps enveloppés dans des sacs mortuaires blancs sont alignés les uns à côté des autres ; des drones suicide s’écrasent sur des tentes où dormaient des familles ; des parents hurlent et des enfants blessés sont couches sur le sol dans les rues.

« Les massacres ne s’arrêtent pas. Nous sommes massacrés jusqu’à la dernière goutte de sang », a déclaré Anas al-Sharif, correspondant d’Al Jazeera, dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Au moins 2300 Palestiniens ont été tués au cours des six dernières semaines, soit l’équivalent de plus de cinquante personnes tuées chaque jour. Au moins 740 morts sont des enfants, a déclaré Zaher Al-Wahidi, directeur de l’unité d’information du ministère de la Santé à Gaza, à Drop Site.

Depuis le début de la guerre génocidaire, plus de 2180 familles ont été entièrement anéanties, tous leurs membres ayant été tués, tandis que au moins 5070 familles ont perdu tous leurs membres à l’exception d’un seul survivant, selon le bureau des médias du gouvernement.

Cette offensive incessante intervient alors qu’Israël impose une politique de famine forcée aux deux millions d’habitants de Gaza, bouclant complètement la bande de Gaza et refusant l’entrée de toute denrée alimentaire, de carburant, de médicaments et d’autres biens humanitaires depuis le 2 mars, ce qui constitue de loin le blocus le plus long depuis le début de la guerre.

Selon un communiqué publié cette semaine par le Bureau des médias du gouvernement, plus de 65 000 enfants de Gaza ont été hospitalisés pour malnutrition sévère.

Israël a clairement indiqué que l’intensification des attaques militaires et le maintien du blocus visaient explicitement à mettre le Hamas à genoux. Les négociations pour un cessez-le-feu semblent dans l’impasse, Israël ayant abandonné des éléments essentiels de l’accord en trois phases signé en janvier par le Hamas et Israël, et exigeant désormais que le Hamas se rende officiellement, désarme et exile ses dirigeants comme condition à la fin du génocide.

Le ministre israélien de la Défense a réaffirmé que le refus de fournir de la nourriture, des médicaments et d’autres formes d’aide était utilisé pour punir collectivement les Palestiniens de Gaza. « Aucune aide humanitaire n’est sur le point d’entrer à Gaza », a déclaré Israël Katz, annonçant que « le blocage de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza est l’un des principaux moyens de pression ».

L’utilisation de la famine comme arme de guerre a eu des effets dévastateurs. La semaine dernière, l’ONU a averti que Gaza « risque désormais de connaître la pire crise humanitaire depuis l’escalade des hostilités en octobre 2023 ».

Le Programme alimentaire mondial a récemment annoncé qu’il était à court de nourriture. « La situation est à un point critique », a déclaré l’organisation dans un communiqué.

Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 1 400 %. Sans farine ni carburant, les boulangeries de Gaza ont cessé de fonctionner et les stocks alimentaires restants s’épuisent rapidement.

La farine disponible est souvent infestée d’insectes. Les familles ont de plus en plus recours à un mélange de macaronis écrasés et de farine pour faire du pain et ne distribuent qu’un morceau de pain par jour et par membre de la famille.

En raison de la pénurie de gaz de cuisine et de bois de chauffage, les familles sont obligées de brûler du plastique et d’autres déchets pour cuire le peu de nourriture dont elles disposent. Les gens cherchent des plantes sauvages et mangent des tortues de mer échouées sur le rivage pour survivre.

La semaine dernière, l’ONU a déclaré avoir identifié 3700 enfants souffrant de malnutrition aiguë en mars, soit une augmentation de 80 % par rapport au mois précédent. Au total, 53 enfants sont morts de malnutrition depuis le début de la guerre.

Les dirigeants de douze grandes organisations humanitaires ont publié la semaine dernière une déclaration commune dans laquelle ils avertissent que « la famine n’est pas seulement un risque, mais qu’elle risque de se propager rapidement dans presque toute la bande de Gaza » et qualifient la situation à Gaza de « l’un des pires échecs humanitaires de notre génération ».

Au cours des dernières semaines, l’armée israélienne a bombardé l’hôpital al-Ahli et l’hôpital pédiatrique Al Durrah, tous deux situés dans la ville de Gaza, l’hôpital Nasser à Khan Younis et l’hôpital de campagne koweïtien à Mawasi, et a massacré quinze secouristes et premiers intervenants. Les hôpitaux qui sont encore debout fonctionnent à peine, avec de graves pénuries de médicaments, d’équipements et de médecins.

Pendant ce temps, l’armée israélienne continue de repousser les Palestiniens sur des parcelles de terre de plus en plus exigües à l’intérieur de Gaza. Environ 70 % de Gaza a été désignée comme zone « interdite » ou soumise à des ordres d’expulsion.

Au cours des six dernières semaines, environ 420 000 Palestiniens ont été déplacés une fois de plus, sans aucun endroit sûr où aller.

« Il s’agit d’un véritable vol d’espace délibéré », a déclaré Jonathan Whittall, chef par intérim du bureau de l’OCHA, dans un communiqué. « Des terres sont annexées au nord, à l’est et au sud de la bande de Gaza à mesure que les forces avancent… Gaza est affamée, bombardée, étranglée. Cela ressemble à un démantèlement délibéré de la vie palestinienne. »


30 avril 2025 – Drop Site News – Traduction : Chronique de Palestine

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