« Déluge d’Al-Aqsa » Jour 126 : les Israéliens préparent un massacre à Rafah, tandis que la famine se propage dans Gaza

« Nous sommes épuisés. Nous avons été forcés de quitter nos maisons et malgré cela nos enfants ont été tués », nous a dit Sumayya Ahmed, une femme âgée - Photo : Abdelhakim Abu Riash / Al Jazeera

Par Anna Lekas Miller

Même Joe Biden admet que la conduite d’Israël à Gaza est « excessive », alors que l’armée israélienne d’occupation a continué à intensifier ses attaques à la suite du rejet par Netanyahu de la dernière proposition de cessez-le-feu du mouvement Hamas.

Victimes dans la bande de Gaza :

  • 27 947+ Palestiniens assassinés par les troupes d’occupation, dont au moins 12 000 enfants
  • 67 459+ Palestiniens blessés suite aux tirs et bombardements israéliens.

Principaux développements

  • Les États-Unis annoncent qu’ils ne soutiendront pas une opération terrestre « non planifiée » à Rafah.
  • Le président américain Joe Biden critique les actions d’Israël à Gaza, qu’il qualifie d’ « excessives ».
  • L’armée israélienne intensifie ses attaques sur Rafah, malgré les avertissements.
  • Des tireurs israéliens assassinent au moins 17 personnes devant l’hôpital Nasser à Khan Younis.
  • ONU : 500 000 enfants ne sont plus scolarisés à Gaza.
  • ActionAid : La nourriture devient si rare à Gaza que les gens mangent de l’herbe.
  • Le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amirabdollah, se rend à Beyrouth pour rencontrer « de hauts responsables libanais et des chefs de groupes de résistance ».
  • Onze Palestiniens sont kidnappés lors de raids en Cisjordanie.
  • L’Arabie saoudite accueille des diplomates arabes de haut rang, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à la reconnaissance d’un État palestinien.
  • Des officiers de renseignement de l’armée américaine déclarent que le mouvement Hamas aurait perdu un tiers de ses combattants.

Les États-Unis « réticents » à l’idée du massacre à venir à Rafah

Les États-Unis ont prévenu qu’ils ne soutiendraient pas une opération militaire « non planifiée » à Rafah sans tenir compte des Palestiniens déplacés qui s’y abritent.

« Nous n’avons vu aucun plan qui nous convaincrait qu’ils [les militaires israéliens] sont sur le point de mener, ou vont mener de manière imminente, une opération majeure à Rafah », a prétendu le porte-parole de la sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche jeudi.

« [Mais avec] plus d’un million de Palestiniens réfugiés à Rafah et dans ses environs », a-t-il poursuivi, « l’armée israélienne a l’obligation particulière, lorsqu’elle mène des opérations dans cette ville ou ailleurs, de s’assurer qu’elle prend en compte la protection des civils innocents ». [Nous sommes à un sommet de l’hypocrisie occidentale; les Etats-Unis semblent préférer un massacre planifié à un massacre improvisé… – NdT]

Le président américain Joe Biden [dans un rare moment de lucidité … NdT] s’est fait l’écho de ces préoccupations, en prononçant un discours dans lequel il a qualifié les actions d’Israël à Gaza d’ « excessives », ce qui constitue un changement qu’il faut noter par rapport à son soutien habituel et sans équivoque à Israël.

Les commentaires de Biden font suite à plusieurs manifestations dans tout le pays appelant à un cessez-le-feu, ainsi qu’à une pression politique accrue de la part de la communauté palestinienne et arabo-américaine pour qu’elle ne soutienne pas Biden lors de la campagne électorale de 2024, compte tenu de sa responsabilité dans la situation drmamatique qui prévaut dans la bande de Gaza.

Le Conseil des relations islamiques a également demandé à l’administration Biden d’obtenir la libération de deux citoyens américains enlevés par les forces israéliennes à Gaza.

Néanmoins, les États-Unis n’ont jusqu’à présent aucunement fait usage de leur influence dans la région, même si Netanyahu a rejeté une proposition de cessez-le-feu en début de semaine.

Il est très alarmant de constater que l’armée israélienne continue d’intensifier ses attaques dans la bande de Gaza.

Au cours des dernières 24 heures, les frappes aériennes israéliennes ont visé plusieurs maisons dans la ville de Gaza, ainsi que des maisons à Deir al-Balah et Rafah. Hier soir encore, des tireurs isolés israéliens ont assassiné au moins 17 personnes à l’extérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younis, ce qui témoigne d’une tendance croissante aux assassinats ciblées.

Pendant ce temps, la crise humanitaire dans la bande de Gaza ne fait que s’aggraver : on estime à 500 000 le nombre d’enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, et la crise de la faim est devenue si grave que les gens ont commencé à manger de l’herbe, faute d’autre chose.

Les Nations unies ont signalé que près d’un enfant sur dix de moins de cinq ans à Gaza souffre de malnutrition aiguë, alors que la faim extrême se répand dans le territoire et qu’Israël bloque l’essentiel de l’aide humanitaire.

Rafah, la dernière zone prétenduement « sûre » de Gaza, a été décrite comme une « cocotte-minute de désespoir », alors que plus de 1,4 million de personnes s’abritent dans des abris surpeuplés de l’ONU et dans des villages de tentes.

Étant donné que Rafah est le district le plus au sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte – la frontière égyptienne reste fermée aux Palestiniens qui espèrent fuir Gaza – beaucoup se demandent où ils iront dans l’éventualité probable d’une invasion terrestre.

Une femme du nom de Warda Abu Warda a déclaré à Al Jazeera : « Où allons-nous après Rafah ? », à la suite d’une frappe aérienne israélienne qui a tué treize personnes à Rafah.

« Irons-nous jusqu’à la mer ? »

Raids, enlèvements, assassinat et mort en détention en Cisjordanie

Les raids israéliens se poursuivent en Cisjordanie. Onze Palestiniens ont été kidnappés à Ramallah, Sinjil et Tulkarem la nuit dernière, dont un journaliste identifié comme Hamza Safi,

Le ministère palestinien de la Santé a annoncé la mort d’un enfant palestinien, Moaz Bani Shamsa, de la ville de Beita à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après avoir été abattu par les forces d’occupation (IOF) lors de leurs raids en Cisjordanie.

Moaz Ashraf Faleh Bani Shamsa, 17 ans, a été tué après avoir été touché par une balle dans la poitrine à Beita en Cisjordanie.

Les forces d’occupation israéliennes ont effectué des raids dans plusieurs régions de Cisjordanie vendredi, arrêtant onze Palestiniens, dont un journaliste, tout en offrant une protection aux néo-nazis israéliens qui ont effectué un défilé provocateur dans la vieille ville d’al-Quds sous occupation.

Un prisonnier palestinien est mort en détention, ce qui porte à huit le nombre total de Palestiniens morts en détention israélienne, soit sous la torture, soit par négligence médicale, depuis le 7 octobre 2023.

Mohammed Ahmad Al-Sabar – Photo : via Wafa

Mohammed Ahmad Al-Sabar, un Palestinien de 21 ans détenu dans les prisons israéliennes, a été déclaré mort à la suite d’une négligence médicale pratiquée par les autorités d’occupation israéliennes.

L’Autorité des Affaires des Prisonniers et Ex-prisonniers et la Société des Prisonniers Palestiniens ont confirmé la nouvelle de la mort d’Al-Sabar.

Il était détenu sans inculpation ni procès depuis mai 2022, le dernier ordre administratif ayant été renouvelé à son encontre en novembre dernier pour une période de quatre mois.

Al-Sabar, originaire de la ville d’ad-Dhahiriya, au sud d’Hébron, est le huitième Palestinien à mourir dans les prisons de l’occupation israélienne depuis le début de l’agression israélienne contre le peuple palestinien le 7 octobre.

Selon le correspondant de WAFA, Al-Sabar est décédé au centre médical Hadassah à Jérusalem occupée après son transfert de la prison d’Ofer.

Il souffrait de complications liées à une maladie intestinale congénitale, nécessitant des médicaments spécifiques qui lui ont été refusés par les autorités israéliennes d’occupation.

A Al-Khalil, les forces d’occupation israéliennes ont pris d’assaut les villes de Yatta au sud et de Bani Naim à l’est, et se sont déployées dans plusieurs quartiers des deux villes.

Elles ont également fait une incursion dans la ville de Beita au sud de Naplouse et dans les villages de Baka al-Hatab et Haja à Qalqilya, bombant des slogans racistes sur les murs des maisons des citoyens et déchirant les photos des martyrs et des détenus.

Pendant ce temps, dans la ville de Beit Fajjar, au sud de Beit Lahm, plusieurs Palestiniens ont souffert de suffocation à cause des grenades lacrymogènes lancées par les forces d’occupation israéliennes en direction de leurs maisons.

Il convient également de noter que les forces d’occupation israéliennes continuent d’empêcher les Palestiniens de se rendre à la mosquée Al-Aqsa pour la prière, en particulier le vendredi.

Cependant, des centaines de personnes se sont rendues à la mosquée aujourd’hui, tandis que d’autres ont été arrêtées alors qu’elles tentaient d’atteindre la mosquée.

La fin de la guerre à Gaza est « cruciale » pour la stabilité régionale

Alors que les représentants du Hamas retournent une nouvelle fois au Caire pour travailler sur un cessez-le-feu avec les négociateurs égyptiens et qataris, les analystes politiques et des dirigeants au niveau international tirent la sonnette d’alarme : l’absence d’accord de cessez-le-feu va entraîner une escalade de la violence dans la région, ainsi qu’une catastrophe humanitaire à Gaza.

« Je pense que les trois grands – l’Iran, Israël et les États-Unis – ne veulent pas d’une escalade », a déclaré Comfort Ero, président de Crisis Group, soulignant que commencer par une trêve de 40 jours (et l’étendre à partir de là) pourrait être un début positif pour éviter le type d’escalade que beaucoup redoutent.

Plusieurs autres pays arabes, dont les Émirats arabes unis (EAU) et l’Arabie saoudite, ont récemment organisé des réunions pour discuter de la désescalade des tensions dans la région et de la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et de la reconnaissance d’un État palestinien.

Toutefois, étant donné que Netanyahu a rejeté la dernière proposition de cessez-le-feu et qu’il a qualifié de « folles » les demandes du Hamas concernant un plan en trois phases pour la fin de la guerre (qui comprendrait un cessez-le-feu temporaire et la libération de nombreux prisonniers palestiniens en échange de prisonniers israéliens), certains craignent qu’un accord ne vienne trop peu et trop tard.

« Nous constatons également que nous nous rapprochons chaque jour un peu plus d’une grave erreur de calcul », a poursuivi M. Ero.

9 février 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

1 Commentaire

  1. Il faut énormément de méfier des déclarations des responsables politiques européens, américains, arabes et “israéliens”.
    Ils sont chacun dans leur rôle afin que la résistance palestinienne dans les négociations en cours fasse les concessions demandées.
    L’entité a perdu militairement la guerre et l’enjeu des négociations est de faire en sorte que cela ne se traduise pas par une victoire politique de la résistance palestinienne. Pour cela, il faut pointer la menace d’un genocide encore plus dramatique à Rafah si la résistance n’accepte pas une reddition totale et humiliante malgré ses succès militaires. [A compléter ?]

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