
16 avril 2025 - À l'hôpital Al-Nasser, le père d'Ahlam Siam, une petite fille d'un an qui a été tuée la nuit dernière par une frappe aérienne israélienne, porte le corps de sa fille à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, le 16 avril 2024. Les frappes aériennes israéliennes ont visé des tentes de Palestiniens déplacés dans la zone dite « humanitaire » d'Al-Mawasi - Photo : Doaa Albaz / ActiveStills
Par Qassam Muaddi
Quatre jours après qu’Israël a attaqué l’Iran, les deux pays élargissent leurs attaques. Pendant ce temps, les Palestiniens qui cherchent de l’aide à Gaza continuent d’être massacrés, tandis qu’Israël boucle la Cisjordanie.
Les sirènes d’alarme et les traînées de feu illuminant le ciel sont devenues quotidiennes dans les villes israéliennes au cours des quatre derniers jours, alors que l’Iran continue d’envoyer des vagues de missiles balistiques en représailles à l’entrée en guerre d’Israël contre ce pays.
L’attaque israélienne contre l’Iran se poursuit également, les deux parties s’engageant à intensifier la confrontation militaire.
Dimanche, Israël a annoncé avoir bombardé plusieurs cibles en Iran, dont l’aéroport de la ville de Mashhad, située à plus de 2300 kilomètres des bases israéliennes.
Attaque sur l’Iran : la guerre de trop pour l’État sioniste ?
L’armée israélienne a prétendu avoir désactivé toutes les défenses aériennes iraniennes et avoir libéré l’espace aérien iranien pour les opérations aériennes israéliennes, tandis que les agences de presse iraniennes continuent d’affirmer que les défenses aériennes iraniennes sont toujours opérationnelles et ont été activées lors de chaque attaque israélienne.
Israël a également annoncé avoir assassiné d’autres personnalités des institutions militaires et de sécurité iraniennes, dont le chef des services de renseignement militaire des Gardiens de la révolution iraniens.
Comme à l’accoutumée, les Israéliens massacrent des civils à défaut de s’imposer militairement
Le vendredi 13 juin, la chaîne israélienne Channel 14 a rapporté que le cabinet de guerre israélien avait approuvé un plan visant à forcer le déplacement des Iraniens de Téhéran afin de faire pression sur le gouvernement iranien.
Inspiré de la « doctrine Dahiya » bien connue d’Israël et mise en œuvre au Liban et à Gaza, ce plan vise à détruire les infrastructures civiles avec une force écrasante et à tuer des civils, afin de faire pression sur les dirigeants ennemis par l’intermédiaire de sa population civile.
Lundi, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a déclaré que « les habitants de Téhéran en paieront le prix ». Il a ensuite répondu aux critiques selon lesquelles il admettait avoir attaqué des civils, en déclarant qu’il voulait dire qu’Israël avertiraient les Iraniens d’évacuer les lieux situés à proximité des cibles gouvernementales.
Le même jour, des frappes israéliennes ont visé le cœur de Téhéran, y compris la chaîne de télévision d’État qui a diffusé le moment où son présentateur a dû interrompre l’émission alors que le studio tremblait. Katz a admis dans une déclaration qu’Israël avait délibérément visé le bâtiment de la télévision, ajoutant qu’Israël « continuerait à attaquer le régime iranien partout ».
Des destructions sans précédent dans les colonies israéliennes
Des missiles iraniens ont pilonné les colonies israéliennes en plusieurs volées de dizaines de missiles au cours du week-end, pénétrant les défenses aériennes israéliennes et frappant plusieurs cibles à Haïfa, Tel Aviv et d’autres villes de la région de Tel Aviv.
Des missiles iraniens ont frappé des bâtiments à Bat Yam, à l’est de Tel Aviv, détruisant et endommageant plusieurs bâtiments, tandis que dans le sud de Tel Aviv, à Rohovot, un missile iranien a frappé l’Institut des sciences Weizman, où les médias israéliens ont rapporté des dommages importants.
L’Iran applique avec succès son droit inaliénable à se défendre
Des missiles iraniens ont également frappé une raffinerie de pétrole à Haïfa et l’usine de la société d’armement Rafael dans le golfe d’Akka, au nord de Haïfa, ainsi que la ville palestinienne de Tamra, près de Haïfa, tuant quatre Palestiniens de nationalité israélienne.
Des responsables israéliens auraient déclaré à la chaîne israélienne Channel 13 que les destructions dans l’agglomération de Tel Aviv étaient « sans précédent » et « n’avaient jamais été vues auparavant ».
Entre-temps, le Premier ministre israélien a réaffirmé qu’Israël visait à détruire les « menaces nucléaires et de missiles » iraniennes, appelant les habitants de Téhéran à fuir.
Les Gardiens de la révolution iraniens ont pour leur part appelé les Israéliens à quitter Tel-Aviv, tandis que les médias d’État iraniens ont rapporté que l’Iran se préparait à « une grande attaque » contre Israël.
Dimanche, l’agence de presse iranienne Tasneem a rapporté que l’Iran étudiait la possibilité de fermer le détroit d’Ormuz, qui se trouve entre le golfe Persique et la mer d’Oman et par lequel transitent environ 20 % du pétrole mondial.
Lundi, le ministère iranien des affaires étrangères a déclaré que le parlement iranien préparait un projet de loi visant à se retirer du traité de non-prolifération nucléaire.
La guerre a mis en lumière le rôle joué par les États-Unis et la possibilité d’une implication directe des États-Unis dans l’attaque sur l’Iran.
Lundi, le président américain Donald Trump a déclaré à la presse lors du sommet du G-7 au Canada qu’un accord entre Israël et l’Iran « est encore possible », exhortant l’Iran à revenir à la table des négociations.
L’Iran, notamment, était déjà en pourparlers avec les États-Unis sur un accord nucléaire lorsque Israël a lancé son attaque la semaine dernière. Interrogé sur ce qu’il faudrait pour que les États-Unis entrent directement en guerre, Trump a refusé de répondre.
L’agression israélienne sur l’Iran éclipse les massacres commis à Gaza
Pendant ce temps, Israël poursuit son assaut sur la bande de Gaza, qu’il bombarde sans relâche depuis qu’il a lancé son attaque contre l’Iran.
Pour la seule journée de lundi, des sources médicales palestiniennes ont indiqué que 43 Palestiniens étaient arrivés morts dans des centres médicaux, notamment à l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge à Gaza.
Parmi les morts, 38 Palestiniens ont été abattus alors qu’ils attendaient de recevoir de l’aide sur un site géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Israël et contrôlée par les États-Unis, organisation largement dénoncée chargée de distribuer l’aide aux Palestiniens à la place des Nations Unies.
Les forces israéliennes ont commis plusieurs massacres contre des habitants de Gaza affamés aux points de distribution de la GHF dans le sud et le centre de la bande de Gaza.
Les prétendus « centres de distribution d’aide » israélo/US se révèlent être de véritables abattoirs
Lors de ces massacres, des dizaines de civils ont été tués presque quotidiennement sur les sites de la GHF, souvent après que l’armée israélienne a ouvert le feu sur des foules de civils désespérés.
Israël a également coupé les services d’Internet et de télécommunications dans une grande partie de la bande de Gaza dimanche, imposant un véritable black-out sur les médias et l’information à des millions de Palestiniens, alors que les frappes israéliennes continuent de pleuvoir sur eux.
Les forces israéliennes ont également continué à imposer un bouclage total de la Cisjordanie occupée depuis vendredi, y compris des routes reliant les villes de Cisjordanie. Les fermetures ont entraîné l’arrêt total des transports publics dans plusieurs parties de la Cisjordanie.
Parallèlement aux bouclages, les forces israéliennes ont effectué des raids dans les villes palestiniennes d’Hébron, de Bethléem, de Naplouse et de Ramallah, kidnappant au moins 35 Palestiniens, dont une femme et quatre enfants, selon l’agence de presse Wafa.
À Hébron, des habitants ont rapporté que les soldats israéliens avaient menacé les familles palestiniennes lors des raids de « conséquences » non spécifiées pour quiconque célébrerait les frappes de missiles iraniens sur Israël.
Auteur : Qassam Muaddi
* Qassam Muaddi est un journaliste palestinien basé à Ramallah. Il couvre l’actualité palestinienne : événements politiques, mouvements sociaux, questions culturelles ... Il écrit pour les quotidiens libanais Assafir et Al Akhbar, les sites Middle East Eye, Mondoweiss et The New Arab, ainsi que pour les journaux électroniques palestiniens Metras et Quds News Network.Son compte twitter.
16 juin 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine
Soyez le premier à commenter