6 juin 2025 - Des fidèles prient dans les ruines de la mosquée albanaise à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, à l'occasion de l'Aïd al-Adha - Photo : Doaa Albaz
Par Jonathan Cook
Le « plan de paix » de Trump ne sera jamais vraiment mis en œuvre – et n’a jamais été conçu pour l’être. C’est seulement le meilleur moyen de prolonger l’enfer des Palestiniens à Gaza.
Cela fait deux ans que l’Occident prête main forte à Israël dans sa campagne de destruction aveugle à Gaza.
Aujourd’hui, les États-Unis, avec l’accord d’un Conseil de sécurité des Nations unies pusillanime, ont nommé Donald Trump pour présider sur les ruines.
À l’instar d’un empereur romain, le président américain pourra dicter le sort du peuple de Gaza d’un simple geste. Quelle que soit sa décision, qu’il lève le pouce ou le baisse, cela s’appellera « la paix ».
Le plus probable est que Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, soit le bras droit de Trump dans cette ignoble mascarade. Il a gagné ses galons de criminel de guerre il y a plus de 20 ans, lorsqu’il s’est joint à l’un des prédécesseurs de Trump, George W. Bush, pour lancer une invasion illégale de l’Irak, suivie d’une occupation catastrophique qui a également laissé ce pays en ruines.
Pour éradiquer Gaza de la surface de la terre, il faut vider complètement de sa substance le droit international, l’ordre juridique mondial établi il y a plusieurs décennies pour empêcher une troisième guerre mondiale et les horreurs de l’Holocauste.
Le plan israélo-US pour Gaza, c’est la fin de toute résistance et la mise sous perfusion
Sonnant le glas de cette période, le Conseil de sécurité a voté cette semaine à 13 voix contre 0 en faveur du « plan de paix » de Trump pour Gaza ; seules la Russie et la Chine ont osé s’abstenir.
Les représentants dissidents de l’ordre juridique en ruine – des juges de la Cour pénale internationale (CPI) à Francesca Albanese, experte juridique de l’ONU pour les territoires occupés – ont été isolés, vilipendés et sanctionnés par l’administration Trump. Personne ne semble disposé à prendre leur défense.
Bien au contraire. L’Allemagne, considéré comme un État paria du fait du génocide qu’elle avait perpétré en Europe il y a plus de 80 ans, génocide qui avait conduit à la création du nouvel ordre juridique, montre désormais l’exemple en bafouant ces nouvelles lois.
Elle a recommencé à fournir à Israël les armes dont il a besoin pour poursuivre le massacre, justifiant cette décision par le fait qu’Israël tue moins de Palestiniens depuis le « cessez-le-feu » hypocrite de Trump.
Mercredi, Israël a une nouvelle fois rompu le cessez-le-feu, tuant plus de 30 personnes, dont 20 femmes et enfants, lors d’une série de frappes aériennes.
Sans compter que la « paix » actuelle permet à Israël d’occuper environ 58 % de Gaza sous la forme d’une « zone verte » vidée de ses habitants en vue de sa reconstruction – partitionnant Gaza en deux – tandis que les bombes pleuvent sur les familles qui s’abritent sous les décombres de la « zone rouge » à l’intérieur de l’enclave.
Et Israël continue de bloquer l’entrée de nourriture et de médicaments, y compris les tentes et autres abris provisoires nécessaires alors que les pluies hivernales inondent le territoire.
Est-ce cela que voulait dire Condoleezza Rice, secrétaire d’État de Bush, il y a 19 ans lorsqu’elle parlait des « douleurs de l’enfantement d’un nouveau Moyen-Orient » ?
Aujourd’hui, il semble que ces douleurs soient à leur apogée car la situation dans la région n’a jamais été pire.
Une occupation conjointe américano-israélienne
La résolution 2803 de l’ONU fait de Trump l’infâme seigneur féodal de Gaza. Ses laquais du soi-disant « Conseil de paix » feront partie « des dirigeants les plus puissants et les plus respectés du monde entier », selon Trump.
Ils auront un pouvoir souverain sur les ruines de l’enclave pendant au moins les deux prochaines années, et sans doute bien au-delà. Le Conseil décidera de la manière dont Gaza sera gouvernée, de ses frontières, de la manière dont elle sera reconstruite ou non, et de la vie économique qui y sera autorisée.
En effet, la supervision du système de contrôle colonial et de violences criminelles qu’Israël fait subir au territoire depuis la fin des années 1960 – et que la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé illégal l’année dernière – sera transférée aux États-Unis, avec la bénédiction du Conseil de sécurité.
Il s’agit désormais officiellement d’une occupation conjointe américano-israélienne.
Les États-Unis, qui détiennent désormais le destin de Gaza entre leurs mains, sont les mêmes États-Unis qui ont passé les deux dernières années à armer Israël.
Ces armes ont permis la destruction de Gaza, le nettoyage ethnique de 2 millions de personnes chassées de leurs foyers et un massacre de masse qualifié de génocide par tous les grands groupes de défense des droits humains et les instances juridiques internationales.
Le « plan de paix » de Trump équivaut, dans l’ordre international, à confier la direction d’une école primaire à un pédophile récidiviste condamné.
Il n’y aura pas de force de maintien de la paix de l’ONU à Gaza pour tenter de protéger la population. Cela rendrait trop visible la mascarade qu’est cette version Trump de la « paix ».
La force de l’ONU au Liban, la FINUL, a signalé des milliers de violations israéliennes d’un « cessez-le-feu » qui dure supposément depuis un an. Israël ne se contente pas de bombarder des familles libanaises, mais a également tiré cette semaine sur les soldats de la paix de la FINUL.
Mais peu importe, le Conseil de paix – c’est-à-dire Trump et le Pentagone – supervisera une « force internationale de stabilisation » (ISF) à Gaza, qui devrait être mise en place d’ici janvier.
Désarmer le Hamas
L’année dernière, la CIJ a statué qu’Israël devait mettre fin à son occupation et se retirer « aussi rapidement que possible » de tous les territoires palestiniens, y compris Gaza. Prétendant s’aligner sur cette décision, la Grande-Bretagne, la France et quelques autres États occidentaux, se sont empressés de reconnaître l’État palestinien.
Guerre israélienne par procuration : des barons de la drogue aux escadrons de la mort
Mais, comme on pouvait s’y attendre, ils n’ont pas tardé à renier leur engagement en soutenant la résolution 2308 de l’ONU. Bien qu’à la demande insistante des États arabes, la résolution fasse vaguement allusion à une possible « voie » vers la création d’un État, c’est le « Conseil de paix » – c’est-à-dire les États-Unis et Israël – qui décidera quand et si cela se produira réellement.
Une condition préalable est que l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas se soumette à un « programme de réforme » indéfini. L’AP, tel un régime de Vichy moderne, sert déjà de sous-traitant d’Israël en matière de sécurité en Cisjordanie occupée.
C’est l’approbation par l’AP du « plan de paix » de Trump qui a permis à la Russie et à la Chine de s’abstenir au Conseil de sécurité au lieu de repousser la résolution en mettant leur veto.
La réalité est que, même si l’AP collaborait à sa propre destruction, elle ne parviendrait pas à convaincre Israël d’accepter qu’elle gouverne la Palestine. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l’a réaffirmé cette semaine, peu après l’adoption de la résolution, en déclarant qu’il n’autoriserait jamais la création d’un État palestinien.
La réalité, c’est qu’Israël va tout simplement rester à Gaza. Il n’est pas tenu de se retirer tant que la force multinationale n’est pas déployée et que son armée estime qu’elle ne pas avoir fini de mettre en œuvre les « étapes de démilitarisation » dans l’enclave. Or, il est difficile de se figurer qui prendrait le risque de désarmer le Hamas.
Trump a exclu le déploiement de soldats américains ou le financement de la reconstruction de Gaza. « Les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils voulaient définir le projet d’ensemble sans en payer le prix », a déclaré une source diplomatique au Guardian.
Selon des documents consultés par le journal, le commandement militaire régional américain, Centcom, avait initialement élaboré des plans prévoyant que des milliers de soldats britanniques, français et allemands constituent le noyau de la force internationale de sécurité. Une source a qualifié ces plans de « délirants ».
Aucun État européen ne souhaitera risquer ses soldats dans l’enfer de Gaza, avec d’un côté les guérilleros aguerris du Hamas et de l’autre une armée israélienne qui continue de traiter une grande partie de l’enclave comme une zone de tir à volonté.
La Maison Blanche aurait approché l’Égypte, l’Indonésie, l’Azerbaïdjan, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis.
Mais les États arabes et musulmans, qui ont déjà écœuré leurs populations en se rendant complices du génocide, ne voudront certainement pas être entraînés dans le désarmement de la seule véritable résistance à ce génocide, sous les yeux de leur population.
Étonnamment, c’est le Hamas qui a rappelé au monde ce qu’exige réellement le droit international. Dans une déclaration publiée après le vote de l’ONU, le groupe a fait remarquer : « Confier à la force internationale [ISF] des tâches et des rôles à l’intérieur de la bande de Gaza, y compris le désarmement de la résistance, la prive de sa neutralité et la met dans le camp de l’occupation. »
En attendant, Israël continuera à combler le vide sans entrave.
Liens avec des gangs criminels
En fait, la force internationale (ISF) est le résultat de la campagne menée de longue date par Israël pour évincer l’ONU de tout rôle dans la surveillance de son occupation illégale de la Palestine.
En ce sens, il s’agit de la poursuite de la même mascarade mise en place plus tôt cette année par Israël et les États-Unis avec la création de la « Fondation humanitaire de Gaza » (GHF). Cette « organisation caritative », composée de mercenaires, a pris, par la force, la place des agences d’aide de l’ONU qui, pendant des décennies, avaient été chargées de distribuer la nourriture.
Les quelques « centres d’aide » de la Fondation sont rapidement devenus des lieux de massacre, les Palestiniens affamés étant attirés dans ces pièges comme des souris cherchant du fromage. Plus de 2 600 Palestiniens désespérés ont été abattus dans les files d’attente, et au moins 19 000 ont été blessés.
UG Solutions, le sous-traitant militaire qui fournissait des mercenaires à la GHF, recrute à nouveau. Cette fois-ci, selon l’un de ses responsables interrogé par Drop Site News, c’est « pour soutenir la distribution de l’aide humanitaire et apporter une éventuelle assistance technique à la Force internationale de sécurité [et de stabilisation] ».
Auparavant, il avait été révélé qu’UG Solutions avait engagé des membres d’un gang de motards américains antimusulmans pour servir de gardes de sécurité à Gaza.
La mission de l’ISF ne sera pas de contrôler l’armée génocidaire israélienne. Elle consistera à « désarmer » toute résistance palestinienne à l’occupation illégale de Gaza par Israël, qui se poursuit et qui est désormais approuvée par le Conseil de sécurité.
Alors que la communauté internationale est contrainte d’aider Israël à écraser la résistance à son occupation criminelle, Israël bénéficiera d’une couverture pour renforcer ses liens avec les gangs criminels palestiniens.
Au cours de l’année écoulée, il a armé ces gangs afin qu’ils puissent voler le peu d’aide qu’Israël laissait entrer à Gaza. Israël a ensuite accusé le Hamas d’être responsable de ces vols. Ce discours mensonger a permis à Israël de dissimuler le fait qu’il était responsable de priver les Palestiniens ordinaires de nourriture, tout en lui fournissant un prétexte militaire pour interdire l’entrée de davantage d’aide.
Cette alliance va encore se renforcer. Les gangs peuvent désormais être hébergés et entraînés à l’intérieur de la « zone verte » avant de partir en opération, soutenus par la puissance aérienne israélienne, dans les ruines de la « zone rouge » pour combattre le Hamas.
Les médias hébreux ont déjà rapporté que l’armée israélienne « protège » les gangs derrière une « ligne jaune » séparant les zones verte et rouge. Tout autre Palestinien que les membres des gangs qui s’approche de cette ligne est abattu sans sommation.
En pillant l’aide destinée à la population affamée de Gaza, les gangs ont prouvé qu’ils n’avaient aucune pitié pour les civils – ni aucun scrupule à aider Israël à détruire leur propre société.
Il existe déjà un modèle dont Israël pourrait s’inspirer, même s’il n’était pas parfait. Pendant des années, jusqu’à ce qu’il soit contraint de se retirer en 2000, Israël a protégé les milices paramilitaires chrétiennes qui l’ont aidé à imposer son occupation illégale et brutale du sud du Liban pendant deux décennies.
Dans les coulisses
Cette semaine, des membres triés sur le volet des médias ont pu jeter un œil dans les coulisses pour voir qui dirigera Gaza.
Le New York Times a rapporté qu’un entrepôt situé dans la ville israélienne de Kiryat Gat, au nord-est de Gaza, servait de quartier général à un nouveau « centre de coordination civilo-militaire ».
Il est rempli de responsables militaires israéliens, américains et européens, d’agents des services de renseignement arabes, de diplomates et de travailleurs humanitaires. Le journal a noté qu’il n’y avait personne pour représenter les intérêts palestiniens.
Le même bâtiment avait auparavant abrité la Gaza Humanitarian Foundation, un groupe de mercenaires soutenu par les États-Unis et Israël qui se faisait passer pour une agence d’aide humanitaire jusqu’à sa dissolution le mois dernier.
Le nouveau centre est dirigé par Aryeh Lightstone, qui a servi pendant le premier mandat de Trump sous l’ambassadeur américain en Israël de l’époque, David Friedman, un fanatique pro-israélien au franc-parler dont la mission principale était de transférer l’ambassade américaine dans la ville de Jérusalem occupée par Israël, en violation du droit international.
Lightstone est susceptible de devenir le nouveau Paul Bremer, le gouverneur américain de l’Irak, largement incompétent, nommé après l’invasion illégale de 2003.
Bremer a détruit ce qui restait des institutions nationales et de la société civile irakiennes après la campagne de bombardements « choc et effroi » menée par les États-Unis. L’anarchie qui en a résulté a fait de la population irakienne la proie d’escadrons de la mort sectaires, tandis que les entreprises américaines pillaient les richesses de l’Irak.
Les profits à tirer du pétrole et du gaz inexploités au large des côtes de Gaza, un trésor dont les Palestiniens ont été privés pendant des décennies, notamment par Blair lorsqu’il était envoyé spécial du Quartet au Moyen-Orient, font saliver beaucoup de monde. Il est difficile d’imaginer que Trump ne lorgne pas lui aussi sur les richesses de Gaza.
Selon le New York Times, les officiels du « centre de coordination civilo-militaire » sont tellement ignorants de la situation à Gaza qu’il a fallu organiser une réunion d’information pour les nouveaux arrivants sur le thème « Qu’est-ce que le Hamas ? ».
Pour détendre l’atmosphère, chaque journée serait consacrée à l’une des catastrophes auxquelles est confrontée la population de Gaza : les « Les mercredis du bien-être » traitent des problèmes soulevés par la destruction des hôpitaux et des écoles par Israël, tandis que les « jeudis de la soif » concernent la destruction par Israël des infrastructures hydrauliques de l’enclave.
Aucun endroit sûr
Peu avant le vote de l’ONU, le Guardian a rapporté que les États-Unis avaient décidé de ne reconstruire que la « zone verte », la partie de Gaza sous contrôle israélien. La zone rouge restera en ruines pour le moment.
Un responsable américain a déclaré au journal à propos du plan pour Gaza : « Idéalement, on voudrait tout reconstruire, n’est-ce pas ? Mais c’est un vœu pieux. Cela va prendre du temps. Ce ne sera pas facile. »
Selon certaines informations, les États-Unis construiront ce qu’ils appellent des « communautés sûres alternatives » – une manière polie de désigner la construction d’enclos pour les Palestiniens – dans les zones sous contrôle israélien. Rien n’indique pour l’instant qu’il s’agira de communautés permanentes.
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La zone verte est également le lieu où seront stationnées les troupes de la Force de sécurité internationale (ISF), vraisemblablement aux côtés de l’armée israélienne. Elles devraient surveiller les points de passage le long de la ligne jaune, la zone meurtrière qui sépare les zones verte et rouge.
« Vous ne quitterez pas [la zone verte] », a déclaré un responsable américain au Guardian à propos de la force multinationale, faisant clairement écho à l’expérience américaine en Irak il y a vingt ans. À l’époque, les États-Unis avaient dû construire une gigantesque ville garnison au centre de Bagdad, appelée la zone verte, d’où leurs soldats ne s’aventuraient que rarement, sauf pour des opérations militaires.
Les Palestiniens seront censés être autorisés à entrer dans ces « communautés sûres », mais seulement s’ils peuvent prouver qu’eux-mêmes ou leur famille élargie n’ont aucun lien avec le Hamas qui gouverne Gaza depuis près de deux décennies. Cela exclura nécessairement une grande partie de la population.
Tout le reste de Gaza restera vraisemblablement « dangereux », ce qui signifie qu’Israël aura les mains libres pour le bombarder, comme c’est le cas actuellement, sous prétexte que ces zones restent des bastions du Hamas.
Cela jouera en faveur de toutes les forces corruptrices d’Israël. Cela poussera les familles palestiniennes à servir d’informateurs et de collaborateurs pour obtenir une sortie de la zone rouge, reproduisant ainsi un système de contrôle dans lequel Israël s’est spécialisé depuis des décennies.
Avant le génocide à Gaza, Israël avait notoirement atteint le même objectif en écoutant les conversations téléphoniques et en faisant chanter quiconque avait quelque chose à cacher – telles que leur orientation sexuelle, une liaison extraconjugale ou des problèmes de santé mentale. Les autorités israéliennes exigeaient également souvent une collaboration avant de délivrer un permis de voyage médical hors de Gaza pour les malades ou les blessés.
Le recrutement d’informateurs vise principalement à fragmenter la société palestinienne et à semer la méfiance et la discorde.
Grâce à un système de favoritisme et de privilèges, ces nouvelles « communautés sûres » serviront également à inciter davantage les gangs criminels à collaborer avec Israël, l’aidant ainsi à maintenir une guerre civile à Gaza afin de rendre le territoire définitivement ingouvernable et de justifier le refus d’Israël de reconnaître l’État palestinien.
Dans tout autre contexte, tout cela serait clair : il s’agit d’un racket de protection désormais dirigé par le gangster en chef américain.
Un véritable enfer
La réalité, cependant, est que le « plan de paix » de Trump ne sera jamais vraiment mis en œuvre – et n’est pas destiné à l’être.
Gaza était déjà l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète. Comment ses quelque deux millions d’habitants survivants vont-ils pouvoir s’entasser dans la moitié de l’espace, sans logement et avec tous leurs hôpitaux et écoles bombardés ou hors d’atteinte ?
En vérité, il s’agit simplement d’un moyen de justifier la prolongation de l’enfer pour la population de Gaza sous le couvert d’un « plan de paix ».
Israël a épuisé la sympathie du monde et la complicité des dirigeants occidentaux dans le génocide est devenue trop évidente pour être dissimulée plus longtemps.
Désormais, plutôt que d’avoir des responsables militaires israéliens qui débitent à la télévision des mensonges évidents sur le fait qu’ils ne ciblent que les combattants du Hamas, nous aurons des responsables américains qui expliqueront, avec l’aide d’équipes de relations publiques bien plus avisées, comment ils luttent contre des obstacles insurmontables pour améliorer la situation des Palestiniens.
Toute personne à qui l’entrée dans la zone verte sera refusée sera présentée comme un membre du Hamas ou un allié du Hamas. Les familles de la zone rouge tuées par des bombes fournies par les États-Unis seront, par définition, des terroristes. Les nouveaux « barbares à nos portes ».
Les médias occidentaux seront enfin apaisés, car leurs correspondants complices du génocide seront accueillis à Gaza, mais uniquement dans la zone verte. Là, ils seront guidés à travers des « communautés sûres » modèles, où ils pourront s’affairer à diffuser des images de Palestiniens faméliques fuyant le Hamas et bénéficiant d’un répit.
Pendant ce temps, la grande majorité des Palestiniens lutteront pour survivre à l’hiver sans abri ni aide significative, sans hôpitaux ni écoles pour leurs enfants. Tout cela sous les bombardements aveugles d’Israël.
Voilà la « paix » qu’offre Trump.
Auteur : Jonathan Cook
* Jonathan Cook a obtenu le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Il est le seul correspondant étranger en poste permanent en Israël (Nazareth depuis 2001). Ses derniers livres sont : « Israel ad the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East » (Pluto Press) et « Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair » (Zed Books). Consultez son site personnel.
21 novembre 2025 – Middle-East-Eye – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

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