Sanctionner Ben-Gvir et Smotrich ne suffira pas à arrêter le génocide à Gaza

10 juillet 2025 - Les suites d'une frappe israélienne dans la zone dite « humanitaire » d'Al-Mawasi, à Khan Yunis... La frappe visait une tente abritant des personnes déplacées des familles Al-Qudra et Al-Najjar, tuant deux Palestiniens et en blessant plusieurs autres. Pendant ce temps, à Khan Yunis, les Palestiniens ont fait leurs derniers adieux à des dizaines de victimes des multiples attaques israéliennes qui ont visé Khan Yunis. Au moins 105 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes au cours des dernières 24 heures dans toute la bande de Gaza - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Gideon Levy

Hélas, malheur à nous, car nous avons péché : cinq pays ont imposé des sanctions au ministre des Finances Bezalel Smotrich et au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir.

La guerre à Gaza va maintenant cesser immédiatement, et peut-être aussi l’occupation, et certainement l’aparthei !…

Smotrich, qui a consacré sa vie à étudier les œuvres d’Ibsen et adore arpenter les rues d’Oslo, inspiré par les drames, ne pourra plus se rendre en Norvège.

Ben-Gvir, passionné d’ornithologie, ne pourra plus observer le kiwi, cet oiseau fascinant dont le seul habitat est la Nouvelle-Zélande.

Ces deux pays, ainsi que la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie, ont décidé d’imposer à ces deux messieurs une sanction que ni eux, ni le gouvernement, ni l’opinion publique israélienne ne pourront probablement supporter.

Vilains, vilains, Bezalel et Itamar, tss, tss, tss ! Les deux mauvais garçons d’Israël vont être mis au coin.

Il est difficile de savoir si ces pays font preuve de naïveté ou de lâcheté. S’agit-il simplement de paroles en l’air, ou croient-ils vraiment que cette sanction aura un quelconque effet sur les actions d’Israël ?

D’un certain point de vue, cette initiative est sans aucun doute la bienvenue. Les pays prennent enfin des mesures concrètes, au lieu de se contenter de discours creux, ce qui, espérons-le, pourrait être le signe que d’autres suivront.

Peut-être que cette mesure insignifiante et ridicule n’est qu’un signal d’alarme destiné à réveiller un monde qui somnole paisiblement au milieu du massacre de Gaza, et qu’elle sera suivie d’un déluge. Mais d’un autre point de vue, on ne peut s’empêcher de ricaner. Nous méritons beaucoup mieux !

La décision de ces pays repose sur une série de déclarations répugnantes de deux de nos ministres. Ils prennent soin de ne pas les punir pour leurs actes. Ce n’est pas gentil, Bezalel, d’avoir dit que Hawara devait être rayée de la carte. « Mort aux Arabes », Itamar ?

Outre ces distinctions entre les mauvais garçons et le bon gouvernement, tous ceux qui menacent d’imposer des sanctions prennent également soin de faire la distinction entre le gouvernement et le peuple.

Tout cela est la faute du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son gouvernement, pas la vôtre, chers Israéliens. Nous voulons maintenir avec vous des relations « d’amitié solide » et de « valeurs communes ». Ce n’est pas tous les jours que l’on trouve la seule démocratie du Moyen-Orient avec l’armée la plus morale du monde.

Les cinq pays qui ont fait ces premiers pas ont rejoint les États-Unis de l’administration précédente, qui avait imposé des sanctions personnelles à deux colons violents et demi.

Telle était la contribution américaine qui a précédé la guerre contre l’apartheid. Mais l’apartheid a regardé ces sanctions droit dans les yeux et s’est renforcé, tout comme la violence des colons.

Il en va de même pour la détermination à faire passer Smotrich et Ben-Gvir pour les pires pécheurs. Quatre pays du Commonwealth britannique et la Norvège se sont facilité la vie.

Ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza n’est pas le fait de Ben-Gvir et Smotrich. Ils ne sont même pas les principaux responsables. Les blâmer eux seuls, c’est faire preuve d’hypocrisie et d’arrogance.

La bande de Gaza et Israël ont désormais désespérément besoin de sanctions internationales qui mettront fin au massacre à Gaza. Nous ne pouvons plus attendre, marmonner comme les cinq pays ne suffira pas. Le massacre ne s’arrêtera pas sans sanctions, et le massacre ne peut pas continuer.

Les sanctions doivent viser l’ensemble du gouvernement, de Netanyahu, qui est recherché par la Cour pénale internationale, jusqu’au ministre le moins haut placé.

Les sanctions doivent également viser les officiers militaires et les bureaucrates qui mènent le massacre à Gaza.

Comme le montrent les sondages d’opinion, la majorité des Israéliens soutiennent le massacre et attendent même le transfert de population qui s’ensuivra.

C’est pourquoi la pression et les sanctions doivent viser Israël dans son ensemble.

Et nous ne pouvons pas passer à autre chose sans une parenthèse comique : Le leader de la « résistance israélienne », Benny Gantz, chef du parti de l’Unité nationale, considère la décision de sanctions contre Smotrich et Ben-Gvir comme « un profond échec moral de la part du monde ».

Diplomates et décideurs, vous comprenez ? En Israël, nous sommes tous désormais Ben-Gvir et Smotrich. Tous.

11 juillet 2025 – Haaretz – Traduction : Chronique de Palestine

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