Les prétendus « centres de distribution d’aide » israélo/US se révèlent être de véritables abattoirs

1e juin 2025 - Les corps de Palestiniens sont transportés à l'hôpital Nasser pour être préparés en vue de leurs funérailles après que des soldats israéliens ont ouvert le feu sur des Palestiniens qui tentaient d'atteindre un point de distribution d'aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza - Photo : Abdallah Fs Alattar/ Anadolu

Par Tareq S. Hajjaj

Dimanche matin à l’aube, des Palestiniens du sud de Gaza se sont rendus au point de distribution « d’aide humanitaire » de Rafah géré par le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF), l’organisme américain chargé de fournir l’aide aux Palestiniens à la place des Nations Unies.

Selon des témoins directs qui se sont entretenus avec Mondoweiss, lorsque des milliers de personnes en quête d’aide sont arrivées dans le secteur d’al-Alam, dans le quartier de Tal al-Sultan à Rafah, l’armée israélienne a ouvert le feu sur la foule.

Alors que des foules attendaient devant le site d’aide tôt le matin, dans l’attente des instructions des employés américains, des témoins directs ont décrit un drone quadricoptère israélien qui planait au-dessus d’eux et leur ordonnait par haut-parleur d’entrer dans le centre de distribution clôturé à 6 heures du matin.

Après que des centaines de personnes soient entrées, les forces israéliennes ont tiré sur la foule, tuant 75 personnes sur le site de Rafah et blessant au total 400 autres personnes dans les centres de distribution d’aide, a déclaré lundi le ministère de la Santé de Gaza dans un communiqué mis à jour.

Dans une déclaration précédente dimanche, le ministère de la Santé a fait savoir que les victimes arrivées à l’hôpital Nasser « n’avaient subi qu’une seule blessure par balle à la tête ou à la poitrine », ce qui, selon le ministère, « confirme l’intention de l’occupant de tuer des civils ».

Le directeur des hôpitaux de Gaza, Muhammad Zaqout, a déclaré lors d’une conférence de presse devant l’hôpital Nasser dimanche à Khan Younis que les blessés étaient arrivés au centre médical dans des charrettes tirées par des animaux ou portés sur les épaules des gens, l’armée israélienne ayant empêché les ambulances d’atteindre le site du GHF.

L’armée israélienne a nié que des soldats aient tiré sur des civils dans le centre, qualifiant ces allégations de « fausses informations ». Le GHF a également nié ces informations, les qualifiant de « complètement fausses et fabriquées », et a publié des images de vidéosurveillance de la distribution d’aide à Rafah comme preuve apparente que la journée s’était déroulée « sans incident ».

La semaine dernière, trois personnes ont été tuées au centre de distribution d’aide géré par le GHF à al-Bureij, au nord de l’axe Netzarim, et sept autres ont été portées disparues à la suite des troubles qui ont éclaté la semaine dernière à Rafah.

Aujourd’hui, 2 juin, l’armée israélienne a tué trois autres personnes sur le site du GHF à al-Bureij.

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un piège »

Ahmad Abu Libdeh, 28 ans, est arrivé au centre de distribution d’aide à Rafah à 5 heures du matin en provenance de l’est de Khan Younis. Au lieu de recevoir de la nourriture, il a été témoin de ce qu’il a décrit comme « l’un des massacres les plus horribles perpétrés par l’armée [israélienne] » au centre de Rafah.

« Nous étions debout à l’extérieur du centre de distribution », a déclaré Abu Libdeh à Mondoweiss. « Vers 6 heures du matin, un quadricoptère a survolé le centre et a annoncé par haut-parleur que l’endroit était sûr et que nous pouvions entrer pour récupérer la nourriture. »

« Le haut-parleur du quadricoptère disait : ‘Marchez, vous êtes en sécurité. Nous vous distribuerons l’aide dans quelques instants’ », a ajouté Abu Libdeh, ajoutant qu’après l’arrivée de l’aide, « ils ont commencé à nous bombarder et à nous tuer ».

« Dès que nous sommes entrés dans le point de distribution et avons commencé à transporter l’aide, l’armée israélienne a ouvert le feu », a-t-il expliqué.

« La scène était horrible. Nous ne voyions rien à cause de la poussière, des bombardements et des tirs nourris dirigés contre nous. Des dizaines de personnes ont été tuées. Et les frappes aériennes ont également tué des dizaines de personnes. »

Abu Libdeh a indiqué que la première frappe avait eu lieu vers 6h15, lorsqu’un drone a bombardé une voiture remplie de personnes qui avaient reçu de la nourriture et quittaient la zone. « Après que la voiture a été bombardée, des chars ont ouvert le feu sur nous », a-t-il raconté.

Ahmad a dit aussi que les premières minutes ont été « un choc pour tout le monde », expliquant qu’ils étaient entrés sur le site de distribution conformément aux instructions de l’armée israélienne.

« Nous ne savions pas d’où venaient les bombardements ni qui les avait lancés. La poussière envahissait la zone et les gens couraient sans savoir ce qui se passait. Des gens tombaient dans la bousculade et j’ai vu des dizaines de personnes gisant sur le sol, en sang. Ils sont tous morts parce que personne ne pouvait les sauver. »

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège pour nous attirer ici et nous tuer par dizaines », a conclu Abu Libdeh. « Nous ne voulons pas de l’aide des États-Unis. Nous voulons que la guerre cesse et que la famine prenne fin. »

Le massacre de dimanche a conduit de nombreux Palestiniens de Gaza à conclure que l’objectif du GHF n’est pas de distribuer de la nourriture à la population, mais d’aider et de soutenir l’armée israélienne dans son objectif d’« extermination » des Palestiniens.

Arafat, 49 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, apparaît assis à l’hôpital Nasser avec un petit enfant sur les genoux dans un témoignage vidéo pour Mondoweiss. Tous deux pleurent, tandis qu’Arafat pousse un soupir pour son frère, qui, selon lui, a été tué par l’armée israélienne à Rafah alors qu’il cherchait de la nourriture pour sa famille.

« Pourquoi nous disent-ils d’aller chercher de la nourriture pour nous tuer une fois sur place ? », demande Arafat. « Ce sont des menteurs. Ils nous mentent et mentent au monde entier. Les Américains conspirent avec les Israéliens pour nous tuer. Ils ont tué mon frère parce qu’il était parti chercher de la nourriture pour sa famille. »

Arafat explique que l’enfant assis sur ses genoux est le fils de son frère.

« Ils ont créé un endroit où nous pouvons être tués de sang froid », a poursuivi Arafat. « Ils ne devraient pas dire que c’est une zone humanitaire. C’est un endroit pour massacrer des personnes affamées. »

Arafat note que certaines personnes faisaient la queue près du point de distribution depuis 23 heures la veille. « Le résultat, c’est que nous recevons la mort au lieu de nourriture », dit-il.

« Nous ne voulons pas de l’aide de l’Amérique. Nous ne voulons pas de la nourriture de l’Amérique. Si l’Amérique veut nous aider, comme elle le prétend, qu’elle arrête la guerre. Nous n’attendons rien d’autre d’elle. »

2 juin 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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