C’est le moment ou jamais de restructurer l’Autorité palestinienne

Photo : Mussa Qawasma
Sa première fonction étant d'assurer le "calme" pour le compte de l'occupant israélien, la police de l'AP se heurte ici à des manifestants lors d'un rassemblement contre "les arrestations politiques de l'Autorité palestinienne", à Hébron, le 25 février 2017 - Photo : Mussa Qawasma

Par Dana el-Kurd

L’Autorité palestinienne (AP) n’a peut-être jamais été aussi contestée, divisée, fragmentée.

Dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), l’Autorité palestinienne s’est coupée de Gaza, et la réconciliation entre le Hamas et le Fatah reste incertaine. Au niveau régional, l’AP n’a jamais été moins en phase avec ses alliés arabes. L’arrivée, dans des États clés comme l’Arabie saoudite, de dirigeants impatients de se plier aux désidératas de l’administration Trump et de trouver un terrain d’entente avec Israël sur la question de l’Iran, a entraîné des changements désastreux dans la politique et le discours arabes sur la Palestine. La ruée vers la normalisation avec Israël se poursuit, enhardissant les forces d’occupation israéliennes. Ces États en voie de normalisation mènent des campagnes de répression systématique pour faire taire les voix pro-palestiniennes. [1]

Au plan international, la montée du fascisme de droite dans un certain nombre de pays a réduit la possibilité de l’AP de faire pression sur Israël. De plus, l’accusation d’antisémitisme, la plupart du temps fallacieuse, est constamment utilisée pour faire taire ceux qui s’opposent à l’occupation israélienne ; elle est à l’origine d’attaques sans précédent contre la liberté d’expression et de réunion aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et ailleurs. Ainsi, même si l’occupation israélienne est de plus en plus impopulaire dans l’opinion publique, les stratégies de “lawfare“(guerre judiciaire), en réussissant parfois à faire passer des lois anti-BDS, ont affaibli le mouvement palestinien.

Sans compter la position sans cesse plus à droite des Etats-Unis sur la question israélo-palestinienne, avec Donald Trump et son gendre, Jared Kushner, aux commandes. A eux deux, ils ont détruit les institutions internationales et assuré à Israël une impunité toujours plus grande.

Au fur et à mesure que les attaques de toutes sortes contre les Palestiniens s’intensifient, l’Autorité palestinienne perd beaucoup de soutiens. Cependant, face à ces innombrables défis, l’Autorité palestinienne n’a pas cherché à restaurer ni à renforcer ses relations avec son propre peuple et ses soutiens. Au contraire, elle est devenue de plus en plus autoritaire, au détriment des Palestiniens et des relations de ces derniers avec leurs représentants.

Même si l’Autorité palestinienne peut encore fonctionner en tant qu’autorité de facto en Cisjordanie occupée, malgré les transformations géopolitiques locales, régionales et internationales décrites ci-dessus, elle risque avec le temps de ne plus être considérée comme un interlocuteur valable dans le processus de négociation, ni comme un représentant valable du peuple palestinien.

Cet article traite d’abord de la déconnexion entre l’Autorité palestinienne et les citoyens palestiniens sous son contrôle. Il examine ensuite la manière dont l’ingérence internationale, en particulier la politique américaine de plus en plus néfaste, a contribué à renforcer cette déconnexion et a rendu l’AP de plus en plus répressive et facteur de division. Tout cela a rendu l’activisme politique dans les TPO plus difficile.

Toutefois, si l’Autorité palestinienne arrive à un moment critique et décourageant, ce moment peut être mis à profit pour restructurer les relations entre l’Autorité palestinienne et les Palestiniens, tant dans les territoires palestiniens occupés que dans la diaspora. La société civile palestinienne peut également s’unir pour lutter contre l’occupation et les mauvais dirigeants de l’AP. Sinon, ce sera toujours plus de stagnation et d’impuissance.

Le fossé politico-sociétal

Il est clair que l’AP n’a pas de stratégie cohérente, et qu’elle ne fait que réagir aux changements de politique israélienne ou américaine. Les menaces répétées de l’Autorité palestinienne de rompre les liens et la coordination sécuritaire avec Israël ne se sont jamais concrétisées, de sorte qu’elles ne sont plus crédibles.

Le règne continu de la “vieille garde” au sein du Fatah, par opposition à la “nouvelle garde” – et la division qui s’ensuit au sein du parti – contribue à perpétuer cette situation. Bien qu’il y ait toujours eu des divisions au sein du Fatah, il avait acquis la réputation, sous la direction de Yasser Arafat, d’être la seule faction à laquelle tous ceux qui voulaient pouvait se joindre ; il était donc considéré comme la faction la plus représentative et la plus inclusive et il donnait l’impression d’être uni. Cela ne veut pas dire que le Fatah n’a pas été confronté à des tensions pendant des périodes critiques, comme pendant la guerre des camps dans les années 1980. Toutefois, le parti jouissait d’un niveau de légitimité globalement plus élevé parmi ses membres et dans la société palestinienne toute entière.

Sous Mahmoud Abbas, ce n’est plus le cas. Les institutions de l’OLP sont devenues de moins en moins pertinentes à la suite des sanctions internationales imposées à l’AP après les élections de 2006 qui ont porté le Hamas au pouvoir. La tentative du Fatah, soutenue par les États-Unis, d’inverser les résultats des élections, tentative qui a été couronnée de succès en Cisjordanie, a conduit à la coupure entre la Cisjordanie et la bande de Gaza et à un état d’urgence de facto dans les deux parties du territoire palestinien occupé. C’est sur cette toile de fond qu’Abbas continue d’exercer un mandat présidentiel qu’il semble avoir l’intention de prolonger indéfiniment. Les tentatives de la “nouvelle garde” d’engager le dialogue avec les institutions du Fatah pour en modifier la direction, notamment par le biais des sixième et septième congrès généraux du parti, ont échoué.

En conséquence, le Fatah et l’AP sont confrontés à une crise de légitimité au sein de la société palestinienne. Dans un sondage récent, 80 % des Palestiniens interrogés disaient croire que l’Autorité palestinienne était corrompue, et près de 50 % estimaient que l’Autorité palestinienne était un fardeau pour le peuple palestinien. Près des deux tiers des personnes interrogées souhaitaient la démission d’Abbas et étaient insatisfaites de sa gouvernance.

Il y a un fossé entre les opinions et les choix des Palestiniens des TPO et ceux de leurs dirigeants. Par exemple, 82 % des Palestiniens interrogés se sont déclarés favorables à la suppression des mesures punitives imposées par l’Autorité palestinienne au Hamas à Gaza, notamment son refus de payer les salaires des fonctionnaires et l’électricité.

Dans mon prochain livre, Polarisés et Démobilisés : L’héritage de l’autoritarisme en Palestine, je donne d’autres preuves de ce fossé. Quand on les interroge sur la démocratie et la nécessité de rendre des comptes, les dirigeants palestiniens s’empressent d’affirmer que la société palestinienne ne veut pas d’un tel système, alors que 81 % des Palestiniens interrogés dans le cadre d’une enquête nationale déclarent que la démocratie et la reddition de comptes sont importantes. [2]

L’impact de l’ingérence internationale

Ce fossé entre l’Autorité palestinienne et l’opinion publique palestinienne est en partie dû à l’ingérence internationale, c’est-à-dire l’aide ciblée et les pressions diplomatiques et matérielles. Ces interventions étrangères incitent les dirigeants palestiniens à ne pas tenir compte de l’opinion publique qui entre souvent en contradiction avec les désirs de puissants donateurs comme les États-Unis.

L’ingérence internationale prend toutes sortes de formes. Tout d’abord, selon les responsables de l’Autorité palestinienne, les États-Unis imposent leurs conditions aux formations destinées aux employés de l’Autorité palestinienne, en particulier ceux du ministère de l’Intérieur, et ils écartent de ces programmes les responsables palestiniens qui ont participé à des manifestations ou exprimé leur opposition aux États-Unis ou à Israël. J’ai également trouvé des preuves que des figures qui avaient résisté à la montée au pouvoir de Salam Fayyad, soutenu par les États-Unis avaient été forcées à une retraite anticipée. Selon les responsables de l’Autorité palestinienne, ces méthodes ne dépendent pas de la source de financement, car presque tous les donateurs adoptent les politiques américaines. Les pays de l’UE et d’autres pays emboîtent le pas à la plupart des restrictions américaines.

L’ingérence internationale a également modifié la perception et les choix de l’élite au niveau individuel. Les haut-fonctionnaires de l’AP citent tous la participation internationale – et la crainte de son effet déstabilisateur – comme la raison qui les oblige à poursuivre la même politique d’arrestation des personnalités de l’opposition et de coordination sécuritaire avec Israël. Cela a été le cas même de ceux qui n’avaient pas de contact direct avec les fonctionnaires et les institutions des États-Unis.

En effet, les responsables palestiniens en sont venus à éviter toutes les questions qui pourraient leur faire perdre le financement étasunien. Les haut-fonctionnaires de l’Autorité palestinienne disent souvent que la société palestinienne est arriérée et inadaptée aux normes démocratiques ; la preuve, disent-ils, les Palestiniens ont élu un parti islamiste. Ces bureaucrates prétendent aussi que les pratiques autoritaires sont au service de la “stabilité” et ne peuvent donc pas être considérées comme de la “répression”. De plus, les responsables de l’AP qualifient les opposants politiques de “terroristes”, un écho de la rhétorique antiterroriste américaine après l’administration George W. Bush.

En revanche, les Palestiniens qui ont répondu à l’enquête et qui n’étaient pas liés à l’Autorité palestinienne par le biais de l’emploi n’étaient pas intéressés par la participation internationale. Plus précisément, les informations données sur des exemples d’intervention internationale n’ont pas eu d’incidence sur les réponses de ceux qui n’étaient pas salariés de l’AP, à la différence de ceux qui travaillaient pour l’AP ou pour des institutions affiliées.

Lorsqu’on interrogeait des personnes affiliées à l’Autorité palestinienne sur l’engagement international dans le monde arabe en faveur de la “démocratisation”, elles étaient moins enclines à déclarer que la démocratie et la reddition de comptes étaient importantes pour elles. Elles considéraient la participation internationale – même celle qui est censée être en faveur de la démocratie – comme hypocrite et facteur d’instabilité. Par conséquent, non seulement l’engagement international provoque des dissensions entre les dirigeants palestiniens et la société, mais aussi à l’intérieur de la société elle-même.

Une société civile fragmentée

En raison des stratégies et pratiques autoritaires de l’Autorité palestinienne, ainsi que du profond schisme entre Gaza et la Cisjordanie, la société palestinienne souffre aujourd’hui d’un manque de leadership fiable et d’un sentiment général de désunion. La répression ciblée de certains groupes de la société civile par l’Autorité palestinienne a conduit à des conflits presque insurmontables entre ces groupes, conflits qui les empêchent de travailler ensemble ou de réunir suffisamment de soutiens.

Par exemple, des militants de gauche que j’interrogeais se sont plaints que l’AP s’en prenait souvent à eux à cause de leurs activités et tentait de contrôler leur agenda et leurs stratégies. Cela les a empêchés d’entrer en contact avec de gens qui ne faisaient pas partie de leur entourage immédiat, car il leur fallait s’assurer que leur démarche n’attirerait pas l’attention des autorités. Ils ont ainsi pu éviter la répression mais la capacité des militants à mener des actions collectives à grande échelle a été considérablement réduite.

De même, les militants des comités populaires des villages dans lesquels nous avons enquêté, se sont plaints des stratégies d’ingérence et de cooptation de l’AP. Ils ont donné comme exemple, un comité créé dans le village de Bil’in, au nord-ouest de Ramallah, pour protester contre le mur de séparation, qui a pris une grande partie des terres du village. Le comité a réuni des villageois indépendamment de leurs antécédents politiques et a été délibérément organisé en dehors des institutions de l’AP (par exemple, par l’intermédiaire du conseil local du village).

Selon les militants, l’AP envoyait souvent des représentants aux manifestations de Bil’in pour les “légitimer”, mais en échange, elle exigeait que les manifestations aient lieu seulement dans la zone B et que les revendications ne concernent que le mur. Cela en dépit du fait que les villageois aient exprimé à plusieurs reprises leur refus du statu quo, y compris celui de la coopération PA-Israël. En outre, l’AP a offert des emplois à des villageois dans des organisations affiliées à l’AP, pour que l’organisation des manifestations se fasse à Ramallah et non dans le village. Ces stratégies de l’AP ont affaibli le mouvement au fil du temps.

En outre, des enquêtes menées auprès d’étudiants de l’Université de Birzeit de diverses affiliations politiques ont montré que la répression de l’AP dissuade les étudiants affiliés à des partis politiques islamistes de travailler avec d’autres étudiants sur des questions d’intérêt commun. La répression de l’AP a notamment créé en fossé entre les étudiants affiliés aux partis politiques islamistes et les étudiants affiliés aux partis politiques de gauche. Ces deux groupes se sont retranchés davantage sur leurs positions et sont moins disposés à coopérer au-delà des clivages politiques. Cela ne concerne pas les étudiants affiliés au Fatah, qui pour des raisons évidentes ne se sentent pas particulièrement attaqués par le gouvernement.

La répression de l’AP a eu un effet considérable sur les groupes les plus ciblés ou les plus vulnérables. Cela a notamment affecté leur désir de travailler avec des gens d’autres horizons politiques. Les politiques et les actions de l’AP ont donc largement limité l’action collective dans l’ensemble des territoires.

La documentation que j’ai recueillie sur les manifestations de 2007 à 2016 montre en outre que les mobilisations sont plus fréquentes dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle direct de l’AP. Bien que beaucoup plus de Palestiniens vivent dans la zone A que dans les zones B ou C, les données montrent qu’il y a peu de protestations dans la zone A mais que dans les zones B et C il y en a énormément par rapport au nombre d’habitants.

Certains mouvements de protestation illustrent cette tendance, comme les opérations coup de poing à Jérusalem par exemple, où Israël interdit tout fonctionnement officiel de l’AP. Dans ces endroits, les manifestations se forment à des moments critiques, mais elles ne durent pas, car elles n’ont pas de chef et ne sont pas vraiment organisées. Dans nombre de ces endroits, et en particulier à Jérusalem, l’occupation israélienne a détruit les institutions palestiniennes historiques qui permettaient de les organiser. Par conséquent, lorsque des situations suscitent des réactions palestiniennes, des protestations surgissent spontanément avec des objectifs à court terme, mais elles ne peuvent pas durer.

On peut citer comme exemple les manifestations qui ont éclaté en juillet 2017 à cause des restrictions à l’entrée d’Al-Aqsa mises en place par Israël : elles ont surgi d’un seul coup, se sont concentrées sur des objectifs spécifiques, ont obtenu quelques concessions et se sont rapidement dissipées. La possibilité de transformer ces efforts de mobilisation en campagnes plus durables est limitée en raison de la répression israélienne. Et, dans les régions où les Palestiniens jouissent (théoriquement) d’une plus grande liberté de mouvement, l’Autorité palestinienne a réussi à paralyser l’action collective.

Que peut-on faire ?

La direction palestinienne

Jusqu’à présent, l’AP a refusé, malgré les pressions, de s’engager dans des initiatives néfastes comme la conférence “de la Paix à la prospérité” organisée par Jared Kushner à Bahreïn, ou de cesser de dédommager les familles des martyrs. Mais elle ne peut pas se contenter de réagir. Le mépris total de l’administration Trump pour le droit international et pour les accords de paix passés a un côté positif : cela donne à l’AP l’occasion de restructurer les relations entre l’Etat et la société pour la première fois depuis de nombreuses années. Le financement américain a déjà été réduit et les attaques des Etats-Unis et de leurs alliés contre l’Autorité palestinienne ont détruit le pouvoir de négociation que l’Autorité palestinienne aurait pu avoir sur la scène internationale. Du coup, les dirigeants palestiniens n’ont plus rien à perdre.

L’AP doit ramener dans le débat les partis politiques palestiniens qui ont été écartés du fait de l’implication américaine et israélienne, y compris les groupes islamistes. Le Fatah et le Hamas doivent se consacrer sérieusement à cette réconciliation. Il faut aussi se servir de l’OLP en tant qu’institution et la revitaliser une fois de plus pour activer les pans de la diaspora palestinienne qui ont été négligées.

Depuis les Accords d’Oslo, l’OLP a cessé de fonctionner en tant qu’institution et mouvement de libération et elle a été remplacée par le projet de construction de l’État de l’AP. Mais pour donner plus d’espace aux dirigeants palestiniens et pour mobiliser les pans de la société palestinienne qui ne vivent pas en Cisjordanie, il est impératif que l’OLP retrouve une nouvelle vie. Les dernières nominations et réunions du Conseil national palestinien (CNP) n’ont, de l’avis général, pas atteint cet objectif. Un appel à des élections – et pas seulement du CNP – pourrait donc être un bon point de départ, de même que l’incorporation des partis islamistes dans l’OLP. Ils doivent pouvoir faire partie du Conseil législatif palestinien et du bureau du président.

Les dirigeants de l’AP peuvent faire tout cela sans rien craindre des États-Unis – de toute façon, Trump a déjà cédé Jérusalem aux Israéliens, et son administration a implicitement approuvé l’idée d’une annexion pure et simple de la Cisjordanie. C’est maintenant ou jamais : Soit l’Autorité palestinienne restructure ses objectifs et ses relations avec la société palestinienne et retrouve sa pertinence, soit elle reste impuissante et réactive et dégringole toujours plus bas.

La société civile palestinienne

Parallèlement, la société civile palestinienne doit comprendre l’impact de 25 ans d’Autorité palestinienne, en particulier les répercussions de la répression ciblée et de l’augmentation des dissensions entre les groupes. Comprendre cette dynamique est la première étape pour combattre ses effets. Les militants palestiniens peuvent commencer à reformer des liens entre eux, au-delà des clivages politiques, et ils doivent prendre conscience que la polarisation qui existe actuellement peut être résolue. S’inspirer des études sur les mobilisations, et tirer les leçons de leurs propres mobilisations, peut permettre de lancer de réels défis à l’occupation israélienne.

Il s’agit de développer de nouveaux modes d’action collective représentatifs des différents mouvements politiques qui existent dans la société palestinienne, sans exclusion. Par exemple, le BDS a été un excellent modèle d’action parce qu’il intègre les Palestiniens indépendamment de leurs convictions politiques et les unit autour d’objectifs communs.

De même, les mouvements de protestation qui sont apparus dans les villages, comme à Bil’in, ont réuni des Palestiniens d’affiliations politiques différentes autour d’objectifs communs. Dans certains endroits, des comités populaires sont recréés dans cet esprit. Bien entendu, il ne faut pas sous-estimer la difficulté de s’organiser sous une occupation, d’autant plus que la répression israélienne se déploie sans limites pour étouffer dans l’œuf toute opposition éventuelle.

Cependant, la société civile palestinienne a trouvé des moyens créatifs de s’organiser dans le passé, en faisant appel à des organisations professionnelles, à des comités populaires de quartier, etc. Si l’Autorité palestinienne ne se met plus en travers de sa route, comme dans les cas de mobilisations villageoises citées plus haut, l’activisme palestinien deviendra beaucoup plus performant.

Il faut mettre fin à l’atomisation de la société civile palestinienne pour que le peuple palestinien puisse s’élever efficacement contre le statu quo. Avec un front plus unifié, non seulement les Palestiniens seront mieux à même de s’opposer à l’occupation, mais ils pourront aussi demander des comptes à leurs dirigeants.

Notes :

1. Des militants pro-palestiniens auraient été arrêtés en Arabie saoudite, notamment Mohammad Al-Rabieh et Abdulaziz Al-Odeh. Des militants d’autres États du Golfe que j’ai interrogés disent également que leur capacité d’action militante est de plus en plus limitée.

2. J’ai mené cette étude en 2016 en collaboration avec le Palestinian Center for Policy and Survey Research. Voir mon prochain livre pour plus de détails.

* Membre de Al-Shabaka, Dana El Kurd a obtenu son doctorat en gouvernance à l’Université du Texas à Austin. Elle est spécialisée en politique comparée et en relations internationales. Elle travaille actuellement comme chercheuse au Centre arabe pour la recherche et les études politiques et à son institution sœur, le Doha Institute for Graduate Studies.

7 novembre 2019 – Al-Shabaka – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet