Gaza : les Israéliens tuent tout ce qui est vivant

Un garçonnet de cinq ans tient son chat dans ses bras au milieu des décombres de sa maison à Gaza - Photo : UNICEF/Mohammad Ajjour

Par Nurah Tape

Au milieu des morts et des destructions causées par l’assaut israélien sur la bande de Gaza, se trouvent les créatures à quatre pattes bien-aimées qui partagent la vie de leurs compagnons humains.

Même le zoo de Gaza, situé dans le nord du territoire et abritant une centaine d’espèces animales, n’a pas été épargné par l’agression israélienne. Des hyènes, des loups et de rares renards palestiniens figurent parmi les victimes.
Amis à fourrure

Si les Palestiniens creusent souvent à mains nues dans les décombres des bâtiments détruits pour retrouver leurs proches, ils déploient les mêmes efforts pour sauver leurs amis à fourrure, comme les nombreux chats qui vivent à Gaza.

De nombreuses vidéos montrent des enfants montrant leurs chats, certains sauvés des décombres, d’autres qu’ils ont réussi à emmener avec eux lorsqu’ils ont fui leur maison.

Même si la nourriture est rare à Gaza, il y en a toujours un peu de côté pour les animaux de compagnie.

Dans une vidéo publiée quelques jours avant d’être tué par une frappe aérienne israélienne, on voit le photojournaliste Montaser Al-Sawaf nourrir les chats locaux au milieu des décombres.

« Quelle est la différence entre elle et un humain ? » demande un jeune garçon, Muhammad Nasir, en berçant son chat, Lulu, dans ses bras. « C’est juste le regard et la voix, c’est tout ».

« Une âme, elle en a une », explique-t-il. « Elle a des sentiments, si elle n’a pas d’eau, elle a soif. Et si elle a faim, elle a des sentiments. »

Dans une autre vidéo, une jeune fille de 13 ans, Sara Tamimi, caresse son chat. Elle dit : « Simsim est un être vivant comme nous, qui vit nos souffrances aussi, qui a des peurs comme nous, et ce n’est pas sa maison, et il ne mange pas sa nourriture ».

Simsim et d’autres chats apportent aux enfants de Gaza le réconfort et la distraction dont ils ont tant besoin pour échapper à la tourmente qui les entoure.

Une autre vidéo montre un jeune garçon tenant son chat dans ses bras et déclarant : « Le monde entier a peur de la guerre, même les chats ». Il ajoute qu’ils ont trouvé le chat qui se cache dans des endroits « que nous ne connaissons pas, mais ce chat nous les a révélés ».

Je les nourris avant de me nourrir moi-même

Dans une autre vidéo, une femme âgée raconte à Al Jazeera comment elle a risqué sa vie pour retourner chez elle après un bombardement, afin de sauver ses oiseaux et ses tortues.

« Nous avons été bombardés au milieu de la nuit, j’ai pris ma fille et son enfant et je me suis enfuie. Pendant sa fuite, elle s’est souvenue de ses oiseaux. J’y suis alors retournée et je les ai ramenés », alors même qu’une deuxième bombe frappait, dit-elle.

« Tout comme je protège mon âme, je les protège, car ce sont aussi des esprits (des âmes) et j’ai peur pour eux. »

Cela fait 21 jours qu’elle a fui sa maison et « la vie est dure », dit-elle, mais elle parvient à trouver de quoi nourrir ses animaux de compagnie. « Je les nourris avant de me nourrir moi-même. »

Dans une autre vidéo, on voit des habitants de Gaza prodiguer des soins à un chien blessé par des éclats d’obus provenant d’une frappe aérienne israélienne.

Les chevaux et les ânes, un moyen de transport courant à Gaza, en particulier après les bombardements actuels, ont également été victimes des bombardements.

Bisan Owda est une réalisatrice de Gaza qui s’est fait connaître par sa signature lorsqu’elle commence ses vidéos : « Ici Bisan de Gaza, je suis toujours en vie ».

Lorsqu’elle a expliqué sur son compte Instagram que sa maison avait été bombardée et qu’elle ne savait pas où se trouvaient ses trois chats, des dizaines de milliers de personnes ont compati avec elle.

Malgré le « Veganwashing », Israël viole les droits des animaux

C’est donc avec souci et regret que les combattants du Hamas sont tombés sur un chien mort utilisé par l’armée israélienne dans l’un des tunnels de Gaza.

Dans une vidéo diffusée par le groupe de résistance, on voit l’animal sur le sol, avec un appareil photo attaché à lui. Le chien aurait fait partie d’un groupe de soldats attirés dans le tunnel et tués.

Ahmad Safi est le cofondateur de la Ligue palestinienne des animaux (PAL), un collectif de défenseurs des droits des animaux opérant dans toute la Cisjordanie occupée.

La PAL aurait exploité le premier café végétalien du monde arabe à un moment donné et travaille avec la ville de Tulkarem sur un programme de piégeage, de stérilisation, de vaccination et de remise en liberté (TNVR) pour les chiens errants.

Dans un rapport publié par The New Arab en 2019, Safi s’est inquiété de ce qu’il a appelé le « lavage végétalien ».

« Les Israéliens utilisent le véganisme et les droits des animaux pour laver leur image dans le monde », aurait déclaré Safi au site d’information.

Une autre représentante du PAL, Ahlam Tarayra, aurait déclaré : « Il ne suffit pas de hisser le drapeau palestinien ». « Si vous voulez libérer votre terre, vous devez travailler à la construction d’une société forte qui prenne soin de tous ceux qui l’habitent. La Palestine, c’est le peuple, les animaux, les plantes, tout ».

Safi a déclaré au site d’information qu’il a été témoin de nombreuses occasions où les soldats israéliens ont tiré et tué des chiens errants qui tentaient d’interagir avec leurs chiens militaires alors qu’ils étaient en route pour mener des raids dans son camp de réfugiés.

En ce qui concerne la PAL, le véganisme n’est pas seulement un régime alimentaire, mais un mode de vie éthique, fondé sur le principe que la violence contre tous les animaux – y compris les humains – est un mal qu’il faut combattre, ajoute le rapport.

Cela remet en question le fait que les forces israéliennes soient présentées comme « l’armée la plus végétalienne du monde » alors qu’elles sont responsables de violences horribles à l’encontre du peuple palestinien, souligne l’article.

Cela fait référence à un rapport des médias israéliens de 2018 selon lequel un soldat israélien sur 18 s’est déclaré végétalien, avec une multiplication par 20 au cours des trois années précédentes.

L’adolescente israélienne Mia Leimberg a fait une apparition remarquée lorsqu’elle a été vue entourée de combattants du Hamas masqués, serrant dans ses bras sa chienne, Bella, lors de sa remise en liberté en novembre.

Tout comme Bella lui a servi de « soutien moral » pendant sa captivité, les animaux, pris dans ce conflit, le sont aussi pour les nombreux enfants qui tentent de survivre sous l’assaut brutal d’Israël à Gaza.

17 décembre 2023 – The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine