Des dizaines de femmes et jeunes filles palestiniennes sont incarcérées en Israël

Photo : Ahmad Al-Bazz/ActiveStills
En 50 ans d'occupation, plus de 10 000 femmes palestiniennes ont été détenues par les forces israéliennes - Photo : Ahmad Al-Bazz/ActiveStills
Charlotte SilverDes dizaines de femmes et de filles palestiniennes ont vécu cette année la Journée internationale de la femme dans les prisons israéliennes.

Actuellement, 55 femmes palestiniennes sont détenues dans des prisons israéliennes, dont 12 filles et 16 mères, selon une déclaration du groupe des droits des prisonniers Addameer et le groupe anti-guerre CodePink.

“Les témoignages de femmes et de filles palestiniennes mettent en lumière la brutalité du processus d’arrestation ainsi que les conditions subies dans les centres d’interrogatoire, durant la détention et même dans les hôpitaux israéliens durant leur emprisonnement”, déclarent les groupes dans une déclaration publiée cette semaine et détaillant les violations des droits des femmes détenues.

Ils notent que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes – un traité de l’ONU ratifié par Israël et connu sous le nom de Déclaration des droits des femmes – affirme que «l’éradication de l’apartheid et de toutes les formes de racisme, Le néo-colonialisme, l’agression, l’occupation et la domination étrangères et l’ingérence dans les affaires intérieures des États est essentiel à la pleine jouissance des droits des hommes et des femmes.”

On m’a dit : “Meurs!”

Un cas, celui de Marah Bakir, âgée de 16 ans, illustre bien les abus subis par les filles à chaque étape du processus d’arrestation par Israël.

Marah a été blessée par dix impacts de balles avant d’être emprisonnée en octobre 2015, accusée, selon Addameer, d’avoir l’intention de poignarder un soldat israélien à proximité de son école, à Jérusalem-Est occupée.

Bien que Marah ait toujours affirmé qu’elle n’avait eu aucune intention de mener une telle attaque, elle a été condamnée en janvier à plus de huit ans de prison.

Les forces israéliennes ont d’abord amené Marah à un hôpital, où sa jambe et son poignet ont été attachés au montant du lit et elle a été surveillée par deux gardes mâles.

“Un des gardiens lui a dit de mourir, et un autre garde s’est amusé à prendre un ‘selfie’ avec elle, contre sa volonté”, selon la déclaration.

Lorsque Marah a été transférée en prison, les autorités israéliennes lui ont refusé les soins médicaux adéquats.

En un peu plus de cinq décennies d’occupation militaire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, plus de 10 000 femmes palestiniennes ont été détenues par les forces israéliennes.

Comme les garçons et les hommes palestiniens, les filles et les femmes sont souvent arrêtées lors de violents raids menés durant la nuit ou à des barrages militaires. Ils ont fréquemment les yeux bandés et les mains liées, puis ils sont emmenés dans une jeep militaire jusqu’à un centre d’interrogatoire.

Ils ne leur dit généralement pas pourquoi ils ont été arrêtés, et on leur refuse l’accès à un avocat. De durs interrogatoires, parfois avec des tortures, peuvent durer des jours.

Torture

Les interrogateurs israéliens utilisent les mêmes méthodes de torture sur les femmes que sur les hommes, avec la privation de sommeil, le refus de nourriture et d’eau, le refus d’une hygiène de base et d’un accès aux toilettes. Elles sont également soumis à du harcèlement sexuel et à des positions douloureuses et générant du stress.

Une femme âgée de 22 ans a raconté à Addameer en juin qu’un interrogateur israélien “m’a dit qu’il resterait avec moi toute la nuit, puis il a attaché mes mains derrière le dossier et m’a ligotée à la chaise où j’étais assise, et j’ai été maintenue dans cette position de 22h à 4h30.”

La jeune femme a été détenue en avril dernier par les forces israéliennes d’occupation lors d’un raid la nuit sur sa maison à Abou Dis, un village de la région de Jérusalem et coupé du reste de la ville par le mur d’apartheid d’Israël. Puis elle a été emmené au fameux “centre d’interrogatoire russe“. Elle a raconté que si ses yeux commençaient à se fermer à cause de l’épuisement, son interrogateur frappait la table et hurlait sur elle pour l’empêcher de s’endormir.

On lui a refusé l’accès à un avocat pendant 18 jours.

Une jeune fille de 16 ans qui a été blessée au moment de son arrestation l’année dernière, a déclaré à Addameer qu’un soldat israélien lui a demandé d’ enlever ses vêtements et ses chaussures avant que ses pieds et ses mains ne soient menottés. L’adolescente a dit que les soldats ont serré les menottes sur son bras blessé, en dépit de la douleur que cela causait.

Elle a raconté ensuite à son avocat d’Addameer qu’elle avait été mise dans un véhicule et emmenée à toute vitesse, ce qui la faisait ballotter de tous côtés “provoquait plus de douleur aux blessures”.

La plupart des femmes et des filles palestiniennes sont détenues en Israël en violation du droit international qui interdit le transfert des détenus hors d’un territoire occupé.

Les organisations Addameer et CodePink appellent à une pression internationale sur Israël pour mettre fin à ces abus, y compris “des sanctions jusqu’à la fin de l’occupation israélienne”.

A1 * Charlotte Silver est une journaliste américaine indépendante vivant à San Francisco, et qui a vécu plusieurs années en Cisjordanie.

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8 mars 2017 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine