Bientôt un Prix Nobel de la Paix pour le tueur en série Netanyahu ?

New York, le 21 septembre 2023 - Des dizaines de rabbins juifs, du mouvement « Neturei Karta » qui rejettent radicalement le sionisme, ont manifesté pour protester contre la rencontre de Benjamin Netanyahu avec le président américain Joe Biden en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York - Photo : via Wafa

Par Philip Weiss

La rencontre Biden-Netanyahu qui s’est tenue hier aux Nations unies a mis en évidence que Benjamin Netanyahu est en pleine ascension politique, malgré le handicap de sa coalition fasciste, les protestations généralisées dans son pays à propos de son attaque contre les tribunaux, et sa politique meurtrière à l’égard des Palestiniens. Oh, et ses inculpations criminelles…

Joe Biden a donné son feu vert à Netanyahu sur tous ces points et lui a offert de nombreux cadeaux. Il a déclaré que M. Netanyahu serait invité à la Maison Blanche avant la fin de l’année. Il a aussi déclaré que les relations avec les États-Unis étaient plus solides que jamais, et qu’il travaillait à la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite (en soudoyant littéralement les Saoudiens).

Israël est sur le point de bénéficier du programme d’exemption de visa (malgré les restrictions imposées par le système d’apartheid à la liberté de mouvement des Palestiniens).

Les mots Palestine et Palestiniens n’ont pas été prononcés ne serait-ce qu’une fois au cours de la réunion. Et malgré ses « différences », Biden est un sioniste qui soutient Netanyahu :

Je pense que sans Israël, aucun juif dans le monde n’est en sécurité. Je pense qu’Israël est essentiel.

Biden offre à Netanyahu l’équivalent d’un prix Nobel de la paix – avec d’autres cadeaux – sans avoir rien à faire pour les droits de l’homme, explique Shira Efron, de l’Israel Policy Forum.

Le fait est qu’il est très probable que d’ici la fin du mois, le gouvernement israélien, avec ses éléments extrêmes, obtienne l’un des plus grands cadeaux que les États-Unis puissent faire à Israël, l’exemption de visa, et que Netanyahu soit le porteur de cette nouvelle : « Vous pensez que les États-Unis sont en colère contre moi, mais regardez ce que je vous ai apporté ».

Non seulement cela, mais en raison de l’alignement magique des étoiles, même sans qu’Israël fasse de sérieuses concessions sur le dossier palestinien, les cadeaux que Netanyahu obtiendra de cette administration sont une exemption de visa et un prix Nobel de la paix pour l’accord avec l’Arabie saoudite et le reste du monde musulman et arabe. Sans les Palestiniens…

Biden n’a pas seulement « jeté les Palestiniens sous le bus ». Il a jeté à la poubelle de nombreux alliés politiques, dont les sionistes libéraux.

Ces centaines de milliers d’Israéliens juifs qui protestaient contre les mesures prises par le gouvernement fascisant de Netanyahu voulaient que Biden gèle les relations avec lui.

Les expatriés israéliens ont également organisé des manifestations aux États-Unis. Ils ont projeté des images contre le « ministre du crime » sur les murs de l’ONU. Ils ont projeté « Bienvenue en prison, Bibi » sur les murs d’Alcatraz au moment où Netanyahu rencontrait Elon Musk.

Biden les a ignorés.

Il a également ignoré les sionistes libéraux aux États-Unis. Ils avaient appelé à une réévaluation des relations par le gouvernement américain. Ce n’est pas le moment de « faire comme si de rien n’était », a déclaré J Street en juillet.

Michael Koplow, de l’Israel Policy Forum, a quant à lui déclaré qu’à chaque fois que M. Netanyahou fait des promesses, ce sont les 13 choses qu’il a promises auparavant et qu’il n’a jamais réalisées. L’heure est donc à la “discorde” avec la Maison Blanche.

Il est franchement préférable qu’il y ait des signes publics de discorde entre les deux…. messages publics des États-Unis indiquant qu’ils ne sont pas satisfaits du Premier ministre Netanyahou et de la direction de son gouvernement et qu’ils aimeraient voir certaines choses de sa part.

L’une des choses que les sionistes libéraux veulent, c’est un discours sur l’expansion des colonies et sur la préservation de l’idée d’un État palestinien. Des paroles en l’air, bien sûr. Mais ils ne peuvent même pas obtenir cela. Netanyahu ne dira pas cela parce que ce n’est pas la politique de son gouvernement, qu’il n’y croit en aucune façon, et que ses ministres racistes s’en offusqueraient.

M. Biden a respecté les règles de la langue de bois. Il n’a jamais mentionné les Palestiniens, et je vous promets qu’il ne le fera pas avant novembre 2024.

La raison de la capitulation totale de Biden est évidente. Il a besoin de Haim Saban, de l’AIPAC et des juifs de droite plus vieux pour financer sa campagne électorale à venir. Cet été, il a envoyé 22 membres du Congrès en Israël aux frais de l’AIPAC. Parmi eux, Becca Balint du Vermont, dans une insulte complète à la base démocrate.

Comme le rapporte le Huffpo, pour certains candidats démocrates au Congrès, il est plus important de faire des déclarations pro-israéliennes pour obtenir le soutien de l’AIPAC que de prendre position sur le changement climatique.

C’est la loi de la jungle que l’AIPAC a imposée il y a de nombreuses années : obtenir de notre part une prise de position sur le Moyen-Orient afin de collecter des fonds auprès de la riche communauté juive.

En fin de compte, il s’agit d’un problème juif. Il s’agit du rôle du lobby israélien de droite dans la vie communautaire juive. Il s’agit du soutien à l’apartheid dans l’une des communautés les plus libérales des États-Unis.

Netanyahu a un statut pour les juifs américains. Même la délégation de J Street au Congrès va rencontrer Netanyahu en Israël.

Et ces jours-ci, J Street ne peut qu’offrir un silence étonnant (pas de déclaration du tout pendant une période politique aussi agitée).

Jeremy Ben-Ami approuve les manifestations américaines contre Netanyahu avec un jour de retard et n’est pas capable de dire un seul mot contre Biden.

Les organisations juives américaines n’iront pas aussi loin que les manifestants israéliens. Comme le dit Koplow, le conditionnement des dirigeants juifs américains est le suivant : aimer Israël signifie ne jamais critiquer un dirigeant israélien aux États-Unis.

Je pense qu’il y a encore beaucoup de malaise, et cela remonte à des décennies parmi les juifs américains, à protester publiquement contre un premier ministre israélien ou à le dépeindre d’une manière ou d’une autre comme illégitime. Pour de nombreux juifs américains, beaucoup de ces manifestations ne semblent pas correspondre à leur milieu culturel. Ils se sentent mal à l’aise.

C’est vrai, il s’agit d’un problème juif. C’est l’endoctrinement des générations. Et Joe Biden a compris le message. La communauté juive soutient Netanyahu. Et donc lui aussi !

21 septembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine