Le réveil de la résistance à l’occupation

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1989 à Ramallah - Première Intifada - Photo : Archives

Par Abdel Bari Atwan

En Cisjordanie, les Palestiniens prouvent à leur tour qu’ils ne capituleront pas face à l’occupation.

L’escalade récente des opérations de résistance armée en Cisjordanie occupée – entraînant la mort de trois colons israéliens et la blessure d’au moins dix autres – montre clairement que le Premier ministre israélien, Binyamin Netanyahu, qui s’est présenté à certains gouvernements arabes comme capable de les protéger, leur offrant son expertise en matière de sécurité pour protéger leurs trônes et réprimer les soulèvements populaires, est incapable de protéger ses propres colons.

Netanyahu a vanté ses outils répressifs à ses nouveaux amis arabes. Mais les combattants de la résistance en Cisjordanie – d’Ashraf an-Na’alwa qui a conduit l’opération de Barkan à Saleh al-Barghouti qui a mené l’attaque d’Ofra, à leur camarade qui s’est retiré en toute sécurité après une deuxième opération à Ofra pour venger Na’alwa et le martyre de Barghouti – ont montré que tous ces produits sont défectueux et invendables.

Les agences de sécurité israéliennes et les unités spéciales de l’armée, dotées des équipements les plus sophistiqués et assistées par une cinquième colonne composée d’agents et d’informateurs, ont passé 66 jours à la recherche de Na’alwa. C’est probablement les forces de sécurité palestiniennes, qui collaborent étroitement avec l’occupant en vertu des dispositions relatives à la “coordination de la sécurité”, qui ont découvert qu’il se trouvait dans le camp de réfugiés “Askar”, à l’est de Naplouse, puis ont informé les Israéliens. Il ne s’est pas rendu, mais a résisté jusqu’au bout dans la maison où il se cachait.

Les réunions bilatérales et les efforts de médiation égyptiens n’avaient pas réussi à rétablir l’unité entre la Cisjordanie et la bande de Gaza durant des années. Mais maintenant, ces deux territoires sont réunis plus fortement que jamais par et sur la base de la résistance, et par les actions de jeunes gens qui ne croient pas aux discours fleuris et aux déclarations retentissantes, mais uniquement aux actes de résistance.

La Cisjordanie peut être comparée à un gros éléphant : elle peut se déplacer lentement, mais quand elle charge, elle devient incontrôlable, elle peut tout détruire. Ou peut-être un noble chameau arabe : patient et indulgent, mais implacable quand il décide de se venger de ceux qui l’ont maltraité.

Nous assistons actuellement en Cisjordanie à une explosion de représailles à la suite d’une longue série d’humiliations de la part de l’occupation et de ses forces. C’est une réponse puissante et éloquente pour tous ceux qui ont négligé le peuple palestinien et l’ont exclu de leurs calculs, et ont cherché le soutien de l’occupant, le considérant comme leur allié et leur protecteur.

Les habitants de la Cisjordanie ne se rebellent pas seulement contre l’oppression israélienne, mais également contre l’Autorité palestinienne. Celle-ci prétend représenter tous les Palestiniens, mais chaque fois que les Israéliens lui infligent une autre insulte – plus récemment le raid de son agence de presse officielle WAFA et du siège de son ministère des Finances – elle réagit en renforçant la coordination répressive et en aggravant sa dépendance avec l’occupation et ses agences de sécurité.

Le dénominateur commun entre toutes les actions récentes de résistance – qu’il s’agisse des démolitions de véhicules, des agressions au couteau ou des tirs – est qu’elles ont pris pour cible les colons israéliens et les soldats qui les protègent. Ces actions leur ont durement rappelé, ainsi qu’à leurs dirigeants, qu’ils ne sont pas les bienvenus en tant qu’occupants des terres palestiniennes, que leur présence est illégitime et qu’ils doivent partir le plus rapidement possible s’ils souhaitent rester en vie.

Le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a revendiqué les attaques de Barkan et d’Ofra, et sa branche armée, les brigades al-Qassam, ont prévenu qu’il y en aurait davantage, déclarant que “l’ennemi ne doit pas rêver de paix, de sécurité et de stabilité dans notre courageuse Cisjordanie”.

La résistance palestinienne n’a jamais disparu de Cisjordanie pour que quiconque puisse prétendre qu’elle soit revenue. Mais elle est en train de connaître un puissant renouveau, pour faire en sorte que le maintien de l’occupation ait un coût élevé, refusant d’être intimidé par les menaces de Netanyahu d’établir de nouvelles colonies de peuplement et confiant que cette terre sera restituée intégralement à sa population.

De nombreux faits fondamentaux sont masqués par la puissance écrasante d’Israël et par le soutien illimité des États-Unis. Le plus important de ces facteurs est que le peuple palestinien ne se rendra jamais et est capable de renverser la situation de l’occupation et de changer toutes les équations – non seulement en Palestine occupée, mais dans toute la région, avec le soutien de tous les peuples arabes de l’Atlantique au Golfe persique.

Le tournant a commencé avec l’échec d’Israël lors de quatre guerres successives, la plus récente et la plus courte (seulement 48 heures) ayant eu lieu à Gaza. La résistance a alors révélé qu’elle avait acquis de nouveaux missiles sophistiqués – et Dieu seul sait quelles armes qu’elle n’a pas encore utilisées et conserve précieusement pour la cinquième confrontation. La peur à leur égard pourrait une nouvelle fois inciter Netanyahu à demander aux médiateurs égyptiens d’obtenir un rapide cessez-le-feu.

Les Israéliens ont laissé passer toutes les occasions de paix et choisi la voie de la colonisation, du racisme et de l’humiliation de ceux qui pensaient qu’il était possible de négocier et de coexister avec eux. Mais ils se sont trompés dans leurs calculs et le temps de rendre des comptes approche.

16 décembre 2018 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah