Les entreprises financières de l’UE qui alimentent le génocide israélien à Gaza

26 novembre 2025 - Au complexe médical Nasser, à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, la famille Abu Shab fait ses adieux à son fils Mahmoud, tué lors d'un bombardement israélien. Mahmoud a été tué par une roquette alors qu'il se rendait à la société de télécommunications. Lui et ses frères étaient inscrits pour obtenir une bourse et il se préparait à partir à l'étranger pour poursuivre ses études et réaliser ses ambitions universitaires. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 300 Palestiniens ont été assassinés par les forces israéliennes depuis l'entrée en vigueur de l'accord de prétendu « cessez-le-feu » le 10 octobre - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Un nouveau rapport rédigé par des organisations européennes et palestiniennes révèle les liens financiers étroits qui unissent de grandes entreprises à la guerre menée par Israël contre Gaza.

Une coalition de 24 organisations et syndicats européens et palestiniens a publié un nouveau rapport révélant l’existence de liens financiers étroits entre de grandes institutions européennes et 104 entreprises accusées de contribuer à la guerre menée par « Israël » contre Gaza.

Intitulé « Les acteurs privés derrière l’économie de l’occupation et du génocide », le rapport de la coalition Don’t Buy Into Occupation (DBIO) identifie 104 entreprises opérant dans plusieurs secteurs considérées comme complices de l’attaque contre la bande de Gaza.

Il s’agit notamment d’entreprises liées aux secteurs militaire et de la sécurité, aux technologies, à l’extraction de ressources, à la construction, à la démolition, aux services financiers et à d’autres activités qui soutiennent la présence d’« Israël » dans les territoires palestiniens occupés, y compris la partie orientale d’al-Quds.

Le rapport met également en évidence les entreprises considérées comme des cibles prioritaires pour le mouvement BDS, soulignant leur rôle dans la fourniture de composants et de technologies essentiels utilisés dans le génocide perpétré par « Israël » à Gaza.

Parmi les entreprises citées figurent des marques de renom et de grandes sociétés internationales telles qu’Airbnb, Amazon, AXA, Booking.com, CAF, Carrefour, Chevron, Lockheed Martin, BAE Systems, Caterpillar, CISCO, Coca-Cola, DELL, Expedia, Google, HPE, Intel, Microsoft et RE/MAX. DBIO classe bon nombre d’entre elles parmi les priorités clés du désinvestissement BDS en raison de leur implication dans des secteurs jugés essentiels au maintien des actions d’« Israël » à Gaza.

Les conclusions de la coalition montrent que 1115 institutions financières européennes, dont de grandes banques, des sociétés d’investissement, des fonds de pension, des assureurs et la Banque européenne d’investissement, entretiennent des liens financiers importants avec ces entreprises.

Parmi les principales banques créancières citées pour avoir financé des entreprises liées à la campagne de Gaza figurent BNP Paribas, Deutsche Bank et Barclays.

Selon le rapport, les institutions européennes ont fourni plus de 310 milliards de dollars de prêts et de services de souscription aux entreprises impliquées entre janvier 2023 et août 2025. Au 31 août 2025, les investisseurs européens détenaient également plus de 1500 milliards de dollars d’actions et d’obligations dans ces entreprises.

« Ce rapport ne laisse aucun doute : les institutions financières et les investisseurs européens ont financé des dizaines d’entreprises qui contribuent directement à l’occupation illégale, à l’apartheid et au génocide perpétrés par Israël contre les Palestiniens autochtones », a déclaré la DBIO.

La coalition a ajouté que « sans cela, Israël ne serait pas en mesure de maintenir son régime d’oppression », arguant que les acteurs européens violent à la fois leurs responsabilités en matière de droits humains et leurs obligations légales en vertu du droit international.

Plus tôt dans la journée, Amnesty International a déclaré que plus d’un mois après la déclaration du cessez-le-feu et la libération de tous les prisonniers israéliens survivants, les autorités israéliennes d’occupation continuaient de commettre des actes de génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.

Selon l’organisation, « Israël » continue d’imposer délibérément des conditions de vie visant à provoquer la destruction physique des Palestiniens, sans aucun signe d’un changement d’intention.

Dans un rapport publié aujourd’hui, Amnesty propose une analyse juridique de ce qu’elle qualifie de génocide en cours, étayée par des témoignages de résidents, de personnel médical et d’équipes humanitaires décrivant la catastrophe humanitaire qui continue de sévir dans toute la bande de Gaza.

« Le cessez-le-feu risque de créer l’illusion dangereuse que la vie à Gaza revient à la normale. Mais si les autorités et les forces israéliennes ont réduit l’ampleur de leurs attaques et autorisé l’entrée d’une quantité limitée d’aide humanitaire à Gaza, le monde ne doit pas se laisser tromper. Le génocide perpétré par Israël n’est pas terminé », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

Amnesty a souligné que malgré une diminution des bombardements et une légère amélioration de l’accès à l’aide, les conditions sous-jacentes que les Palestiniens sont contraints de supporter n’ont pas changé de manière significative et rien n’indique que l’intention d’« Israël » ait changé.

En décembre 2024, Amnesty International a publié un rapport détaillé concluant qu’« Israël » commettait un génocide à Gaza. L’organisation a fait valoir que les forces d’occupation israéliennes avaient commis trois actes interdits par la Convention sur le génocide, avec l’intention spécifique de détruire les Palestiniens à Gaza, notamment des meurtres généralisés, l’infliction de graves dommages physiques ou mentaux et la création délibérée de conditions mettant la vie en danger.

Aujourd’hui, Amnesty affirme que ces conditions persistent, même si l’ampleur des opérations militaires a quelque peu diminué.

« Israël a infligé des dommages dévastateurs aux Palestiniens de Gaza par son génocide, notamment deux années de bombardements incessants et de famine systématique délibérée. Jusqu’à présent, rien n’indique qu’Israël prenne des mesures sérieuses pour inverser l’impact meurtrier de ses crimes, ni que son intention ait changé. En fait, les autorités israéliennes poursuivent leurs politiques impitoyables, restreignant l’accès à l’aide humanitaire vitale et aux services essentiels, et imposant délibérément des conditions calculées pour détruire physiquement les Palestiniens de Gaza », a souligné Mme Callamard.

Depuis l’entrée en vigueur du soit-disant cessez-le-feu le 9 octobre, au moins 350 personnes, dont 136 enfants, ont été tuées lors d’attaques israéliennes.

« Israël » continue également de restreindre sévèrement l’aide vitale, notamment les fournitures médicales et les équipements nécessaires à la réparation des infrastructures essentielles. Ces actions, note Amnesty, violent plusieurs ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ) obligeant « Israël » à garantir aux Palestiniens l’accès à l’aide humanitaire dans le cadre du procès pour génocide intenté par l’Afrique du Sud.

En janvier 2024, la CIJ a statué que les droits des Palestiniens en vertu de la Convention sur le génocide, en particulier leur droit à la survie, étaient « vraisemblablement menacés ».

Signes d’un affaiblissement de la pression internationale

Selon Amnesty, la pression internationale sur « Israël » semble s’atténuer. Une récente résolution de l’ONU décrivant la « gouvernance d’après-guerre pour Gaza » ne contient aucun engagement ferme à respecter les droits humains ou à garantir la responsabilité.

L’Allemagne a récemment invoqué le cessez-le-feu pour lever la suspension de certaines licences d’exportation d’armes vers « Israël » le 24 novembre, et un vote prévu sur la suspension de l’accord commercial UE-« Israël » a été reporté.

« Ce n’est pas le moment d’alléger la pression sur les autorités israéliennes. Les dirigeants mondiaux doivent démontrer qu’ils sont véritablement déterminés à respecter leur devoir de prévenir le génocide et de mettre fin à l’impunité qui alimente depuis des décennies les crimes israéliens dans l’ensemble du territoire palestinien occupé. Ils doivent suspendre tous les transferts d’armes vers Israël jusqu’à ce que les crimes commis par Israël au regard du droit international cessent. Ils doivent faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles autorisent les observateurs des droits humains et les journalistes à accéder à Gaza afin de garantir la transparence des informations sur l’impact des actions d’Israël sur la situation à Gaza », a déclaré Agnès Callamard.

« Les responsables israéliens qui ont orchestré, supervisé et commis matériellement le génocide restent au pouvoir. Ne pas démontrer que ces responsables ou leur gouvernement seront tenus pour responsables leur donne en fait carte blanche pour poursuivre le génocide et commettre d’autres violations des droits humains à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est », a ajouté Agnès Callamard.

En outre, Mme Callamard a averti que la communauté internationale « ne peut se permettre de rester complaisante » et a exhorté les États à maintenir la pression sur « Israël » afin de garantir un accès humanitaire sans restriction, de lever le blocus illégal et de mettre fin à ses politiques génocidaires actuelles.

« Les gouvernements doivent agir de manière décisive et les entreprises doivent immédiatement suspendre toute activité qui contribue au génocide perpétré par Israël ou qui y est directement liée », a-t-elle conclu.

27 novembre 2025 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine

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