Les dirigeants israéliens doivent savoir qu’ils peuvent finir leurs jours en prison

Photo : Bild : Keystone
Juillet 2014 - Les restes de l’une des écoles de l’UNRWA à Gaza où un tir israélien a tué mercredi 16 Palestiniens. « La nuit dernière, des enfants ont été tués alors qu’ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d’une salle de classe, dans un refuge désigné comme tel à Gaza. C’est un affront pour chacun d’entre nous, une source de honte internationale », a dit Pierre Krähenbühl, chef de l’Agence de l’ONU pour l’Aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA) - Photo : Bild : Keystone

Par Ali Abunimah

Samedi, j’ai participé à l’émission “Inside Story” d’Al Jazeera pour discuter de la décision du procureur de la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête sur des crimes de guerre en Palestine.

Est-ce à dire que les Palestiniens peuvent enfin s’attendre à la justice?

Les autres invités étaient l’avocat international Toby Cadman et Robbie Sabel, ancien conseiller juridique du gouvernement israélien.

Regardez la vidéo ci-dessous.

Après une enquête préliminaire de cinq ans, Fatou Bensouda, procureur en chef, a annoncé vendredi qu’il existe “une base raisonnable pour croire que des crimes de guerre ont été ou sont en train d’être commis en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza”.

Mais elle a déclaré qu’elle n’ouvrirait pas l’enquête – qui pourrait conduire à des inculpations et à des mandats d’arrêt à l’encontre de dirigeants israéliens – tant que les juges n’auraient pas décidé de l’étendue du territoire sur lequel le tribunal avait compétence.

Cadman a souligné que Bensouda a déclaré qu’elle avait compétence et n’avait pas besoin d’une autre autorisation pour ouvrir une enquête. Elle chercherait plutôt à préciser jusqu’où va cette compétence.

J’ai souligné de mon côté que le cœur du problème est la justice pour les Palestiniens comme Zakiya Maadi. Elle a perdu son fils Bassam, sa belle-fille Iman et ses petites-filles Hala et Jana, lorsqu’Israël a bombardé leur maison à Gaza le 1er août 2014.

C’était le “Vendredi noir”, quand Israël a lancé des bombardements aveugles et massifs sur Rafah à l’aide d’avions de guerre et de milliers d’obus d’artillerie tirés au jugé.

La famille a également perdu deux autres membres, dont Yousef, le petit-fils de Zakiya.

La famille Maadi, ai-je noté, n’est qu’une des quelque 150 familles qui ont perdu trois membres ou plus lors de l’attaque israélienne cet été-là.

Au total, Israël a tué plus de 2200 Palestiniens, dont 551 enfants, en 51 jours – une moyenne de 11 enfants par jour.

Pourtant, l’attaque de 2014 contre Gaza n’est qu’un aspect d’une enquête qui inclura les crimes d’Israël à travers la Cisjordanie occupée, y compris la construction de colonies.

Le tribunal peut également enquêter sur des prétendus crimes commis par des groupes de la résistance palestinienne, tels que des tirs de roquettes depuis Gaza.

J’ai soutenu que les groupes palestiniens réagissent aux attaques d’une puissance occupante armée par les États-Unis et l’Union européenne et y résistent, et que les actions des Palestiniens ne devraient pas atteindre un niveau de gravité qui devrait préoccuper la Cour.

J’ai également noté que la grande majorité des milliers de Palestiniens tués et blessés lors de l’attaque d’Israël contre Gaza en 2014 étaient des civils. En revanche, la grande majorité des Israéliens tués – 67 sur 73 – étaient des soldats.

Sabel a défendu le gouvernement israélien en présentant des points de discussion dans le but de le soustraire à toute responsabilité internationale – prétendant même que les terres de Cisjordanie qu’Israël a occupées et saisies pour les coloniser ne sont “pas sous la juridiction» des Palestiniens”.

Cadman a rejeté l’affirmation de Sabel selon laquelle Gaza n’est plus sous occupation israélienne comme un étant un “argument ridicule”.

J’ai noté qu’une enquête et des poursuites de la CPI sont importantes non seulement pour rendre compte des crimes passés, mais parce que des crimes d’Israël sont en train de se dérouler et que les crimes futurs doivent être dissuadés.

Les dirigeants politiques, fonctionnaires, généraux et soldats israéliens devraient y réfléchir à deux fois avant de participer à ces crimes, sachant qu’en agissant ainsi, il y a une chance très réelle qu’ils puissent se retrouver un jour dans une cellule de rison à La Haye.

A4 * Ali Abunimah est un journaliste palestino-américain, auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka.

22 décembre 2019 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine