50 ans après la Naksa, les Palestiniens dénoncent l’occupation israélienne

Photo : Ma'anImages
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Par Maan News

Après 50 ans d’occupation israélienne de Jérusalem-Est, de Cisjordanie et de la bande de Gaza, des dirigeants palestiniens et des groupes de défense des droits de l’homme ont dénoncé ce lundi un demi-siècle d’oppression et de domination du peuple palestinien au milieu de l’inaction internationale.

Le 5 juin, les Palestiniens se souviennent du jour de la “Naksa” – mot qui signifie “retrait” – marquant l’invasion et l’occupation israéliennes de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, du Sinaï et des Hauteurs du Golan, qui ont commencé le 5 juin 1967 pendant la guerre de six jours, expulsant de force de leurs maisons quelque 300 000 Palestiniens ainsi que des milliers de Syriens.

Les dirigeants palestiniens exigent la fin de l’occupation

“Pour le peuple palestinien, marquer 50 ans d’occupation signifie marquer 50 ans d’oppression, de domination et de contrôle quotidien sur tous les aspects de la vie du peuple”, a déclaré Saeb Erekat, secrétaire de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP), dans un communiqué. “En même temps, cela a également signifié 50 ans de déclarations et de résolutions internationales qu’Israël, la puissance occupante, n’a eu de cesse de violer en toute impunité”.

Erekat a dénoncé les affirmations israéliennes selon lesquelles l’entité sioniste visait uniquement une “occupation temporaire” des territoires annexés en 1967, affirmant plutôt que cela faisait partie d’une “stratégie de colonisation coloniale plus vaste visant à prendre autant que possible les terres et les ressources naturelles palestiniennes”.

Pendant ce temps, Nabil Abu Rudeineh, porte-parole de l’ex-président palestinien Mahmoud Abbas, a déclaré que les efforts nationaux visant à faire avancer les intérêts palestiniens ont permis aux Palestiniens et à leurs dirigeants de résister à toutes les “conspirations” au cours des 50 dernières années et ont permis des avancées telles que la reconnaissance d’un État palestinien par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2012.

Abu Rudeineh a souligné l’importance des liens diplomatiques avec d’autres pays arabes, ajoutant que “cette coordination déterminera l’avenir de toute la région et imposera une solution équitable à la cause palestinienne”.

Le mouvement du Hamas a déploré que l’anniversaire du demi-siècle depuis la Naksa ait eu lieu “en pleine rupture de l’unité nationale”, appelant à mettre fin au 10 années de blocus israélien sur la bande de Gaza.

“Nous ne considérons pas Naksa comme le bout du chemin, mais un tournant important dans la vie du peuple palestinien qui doit être dépassé et toutes ses conséquences doivent être éliminées”, a ajouté le Hamas, en rappelant sa position ambiguë sur la reconnaissance de fait des frontières d’avant 1967 dans sa nouvelle charte publiée plus tôt cette année.

Cinq décennies de violation continue des droits de l’homme

Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui a récemment publié un rapport dénonçant les politiques d’Israël comme “le principal moteur des besoins humanitaires” dans le territoire palestinien occupé, a déclaré lundi que “l’occupation prolongée, sans fin en vue, cultive un sentiment de désespoir et de frustration qui entraîne la poursuite de la violence et affecte les Palestiniens et les Israéliens”.

L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a souligné les violations majeures d’Israël des droits de l’homme et du droit humanitaire depuis 1967, y compris l’utilisation excessive et mortelle de la violence, le déplacement forcé , le blocus de la bande de Gaza, les restrictions injustifiées aux mouvements et l’expansion des colonies illégales à travers le territoire palestinien occupé.

Selon HRW, Israël a révoqué arbitrairement la résidence de plus de 600 000 Palestiniens depuis 1967, dont environ 130 000 Palestiniens résidant en Cisjordanie et 14 565 résidents palestiniens de Jérusalem-Est dont l’exclusion était “largement fondée sur le fait qu’ils étaient éloignés [de leurs domiciles] trop longtemps.”

L’ONG a également dénoncé le taux de condamnations de 99,74% pour les Palestiniens jugés dans les tribunaux militaires israéliens comme une autre violation des droits de l’homme, et une partie intégrante des politiques d’occupation israéliennes.

“Qu’il s’agisse d’un enfant emprisonné par un tribunal militaire ou d’un tir injustifié, ou d’une maison démolie pour manque de permis impossible à obtenir ou de barrages militaires où seuls les colons sont autorisés à passer, peu de Palestiniens ont échappé à de graves violations des droits de l’homme au cours de cette occupation de 50 ans”, a déclaré la directrice de HRW au Moyen-Orient, Sarah Leah Whitson, ajoutant que le “système de discrimination institutionnalisé contre les Palestiniens” israélien est étendu “bien au-delà de toute logique de sécurité”.

“Cinquante ans d’occupation et des décennies d’un processus de paix infructueux devraient fermement invalider l’idée que minimiser les droits de l’homme puisse faciliter le chemin vers une solution négociée au conflit”, a ajouté Whitson.

Health NGO Medical Aid for Palestines (MAP) a également dénoncé l’effet de l’occupation sur la santé physique et mentale des Palestiniens et a affirmé que “la santé et la dignité ne sont pas des cadeaux à gagner mais des droits fondamentaux.”

Une “honte” pour la communauté internationale

En qualifiant l’occupation israélienne de “honte pour le système international”, Erekat a vivement critiqué la communauté internationale pour son apathie générale face aux violations institutionnalisées des droits de l’homme par Israël.

“Nous ne demandons pas simplement à la communauté internationale de prendre des mesures: nous demandons à chaque membre de la communauté internationale d’assumer ses responsabilités légales et d’arrêter de coopérer avec l’occupation israélienne. Nous ne voulons pas encore 50 ans d’impunité et de complicité avec le refus systématique de nos droits”, a déclaré Erekat.

“Les politiques israéliennes pour détruire la solution à deux États n’entraîneront pas la disparition de nos droits, mais elles seront confrontées à une plus grande résilience de notre peuple qui restera ferme pour la mise en œuvre de ses droits”, a ajouté le responsable palestinien. “Notre peuple va vaincre l’apartheid”.

Alors que l’AP et la communauté internationale ne reconnaissent pas la légalité de l’occupation de Jérusalem-Est, de Gaza et de Cisjordanie depuis 1967, de nombreux Palestiniens considèrent que toute la Palestine historique a été occupée depuis la création de l’État d’Israël en 1948.

Le groupe chrétien de la Palestine, Sabeel, a qualifié dans une déclaration ce lundi la Naksa comme une deuxième étape de la “Nakba”- ou “catastrophe”, se référant à la création de l’état d’Israël qui a entraîné le déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens de leurs terres. Sabeel a également dénoncé le sionisme comme une idéologie incompatible avec les droits de l’homme.

“Si la religion, toute religion, prend le pouvoir politique, il n’y a pas de place pour la démocratie, l’égalité selon la loi ou le respect des autres”, a déclaré Naim Atik, président du conseil d’administration de Sabeel.

Un nombre croissant de militants ont critiqué une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien – sur la base d’un retour aux lignes de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale palestinienne – comme insoutenable et peu susceptible d’apporter une paix durable compte tenu du contexte politique existant. Ils proposent au contraire État binational avec des droits égaux pour les Israéliens et les Palestiniens.

5 juin 2017 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah