La résistance palestinienne face à son plus grand défi

22 juin 2022 - Les Palestiniens pleurent Ali Hassan Harb, 27 ans, d'Iskaka, qui a été poignardé à mort par un colon alors qu'il se rendait sur la terre de sa famille après avoir reçu des informations selon lesquelles des colons y avaient érigé une tente, près de la colonie d'Ariel - Photo : Oren Ziv/Activestills.org

Par Ramzy Baroud

Aujourd’hui, Israël a assassiné un commandant palestinien de première importance, Ibrahim Nabulsi, à Naplouse, ainsi que deux autres combattants, Islam Sabbouh et Hussein Taha. Ces meurtres sont intrinsèquement liés aux événements sanglants de Gaza ces derniers jours.

L’un des principaux objectifs d’Israël dans la guerre contre Gaza était de démontrer que Tel-Aviv n’a pas perdu sa capacité à frapper les Palestiniens au moment et à l’endroit de son choix. Ainsi, au lieu d’attendre que les Palestiniens réagissent au kidnapping de Cheikh Bassem Al-Saadi à Jénine, Israël a plutôt frappé « de manière préventive » Gaza.

En seulement trois jours, les forces israéliennes ont massacré plus de 40 Palestiniens, dont beaucoup d’enfants, et en ont blessé plus de 300, pour la plupart des civils.

Mais comme la vie des Palestiniens indiffère totalement Israël, tout ce qui comptait pour Tel-Aviv était le meurtre de deux commandants du Jihad islamique palestinien, Tyseer Al-Ja’bari et Khaled Mansour, entre autres.

Ce qui précède peut être établi en citant le ministre israélien de la Sécurité publique, Omar Bar-Lev, qui a déclaré aujourd’hui : « Comme nous l’avons fait à Gaza récemment, et à Naplouse aujourd’hui, nous continuerons sur cette voie en tout temps et en tout lieu. »

Mais en frappant la résistance palestinienne dans toute la Palestine occupée, Israël a plutôt dû acter la capacité de la résistance à unifier ses rangs à la fois en Cisjordanie et à Gaza. L’occupant a involontairement prouvé que « l’unité des armes » palestinienne est possible.


Vidéo spéciale du Jihad islamique sur ses missiles et ses tirs de roquettes

Pour que cette unité soit davantage mise en perspective, un très rapide rappel historique s’impose :

L’Intifada palestinienne de 1987 a mis en évidence l’unité populaire palestinienne avec un accent mineur sur la lutte armée.

Lors de l’Intifada de 2000, les Palestiniens ont démontré l’unité de leur lutte armée, en mettant moins l’accent sur l’aspect populaire. Mais depuis la mort de Yasser Arafat (2004), l’avènement de Mahmoud Abbas (2005), les élections législatives (2006) et les brefs affrontements Fatah-Hamas (2007), les Palestiniens ont perdu leur unité tant populaire qu’armée.

En raison de l’absence d’unité politique – avec le Fatah au pouvoir en Cisjordanie, sous occupation militaire israélienne, et le Hamas au pouvoir à Gaza sous blocus – les Palestiniens semblaient privés de tous les aspects communautaires et collectifs de leur lutte.

Mai 2021 a été un renversement majeur puisque d’un seul coup les Palestiniens ont réussi à la fois à remettre en place leur unité populaire et à y insérer la lutte armée comme forme de résistance à la fois en Cisjordanie, en particulier à Jénine, à Naplouse et à Gaza.

Dans sa guerre de trois jours contre la bande de Gaza, qui a débuté le 5 août, Israël a voulu prouver qu’il est toujours la force dominante et qu’il détient la plupart des cartes.

Mais involontairement, Tel-Aviv a prouvé le contraire. En définitive, la guerre contre Gaza était une extension de la résistance armée en cours à Jénine.

En fait, l’assassinat d’aujourd’hui du haut dirigeant des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa à Naplouse élargit les paramètres de la lutte israélienne, mais aussi l’unité palestinienne.

Nabulsi était une épine dans le pied de l’Autorité palestinienne [AP] depuis que les Brigades sont devenus le bras armé du mouvement Fatah.

Même si Israël revendique de petites succès, il a semé les graines d’un autre type de bataille, où Gaza ne combat plus seul et où Jénine n’est plus un camp de réfugiés isolé au nord de la Cisjordanie.

Israël évalue les risques, bien sûr, mais il estime que le moment est venu de frapper car il est conscient de la transition politique en Palestine, avec la disparition attendue de Mahmoud Abbas, âgé de 87 ans, et la montée en puissance d’un autre dirigeant/collaborateur.

Un soulèvement armé en Cisjordanie pendant cette transition pourrait être désastreux à la fois pour Israël et pour l’AP. Israël veut s’assurer que les chefs de cette potentielle rébellion soient éliminés ou incarcérés à l’avance, de préférence en premier.

Il y a beaucoup d’éléments qui interviennent et Israël s’adapte tout aussi rapidement afin de ne pas perdre l’élément de surprise. La résistance semble, pour l’instant, désorientée alors que la machine à tuer israélienne se déplace rapidement d’une région à l’autre.

Les prochains jours seront critiques. Si la résistance palestinienne ne reprend pas l’initiative, des jours encore plus sombres l’attendent. Tous les regards sont tournés vers le Hamas en particulier, en tant que groupe de résistance palestinien le plus puissant et le plus populaire.

La prochaine action du Hamas n’est pas seulement cruciale pour le combat en cours, mais aussi pour l’avenir même et la réputation du mouvement.

9 août 2022 – The Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

1 Commentaire

  1. Tuer plusieurs chef du Jdihad Isamique était risqué, mais tuer un commandant du Fatah en Cisjordanie ouvre une coopération total entre les différentes milices palestinienne. L’AP elle-même semble vouloir se rapprocher de la confrontation.

    Une confrontation globale entre les mouvements de Gaza (Hamas, Djyad Islamique, Comité de Résistance Populaire, FPLP, FDLP, Fateh (Brigades des Martyr d’Al’Aqsa), les groupes islamistes) et Israël, couplé à un révolte de la Cisjordanie et Jurasalem EST (Hamas, Fateh, etc…) sans oublier les réfugiés en Jordanie et au Liban, As-Saïqua, Fatah Al-Intifada, FPLP-CG et d’autres sont prêt à un affrontement global. Les groupes non-violents aussi son prêts.

Les commentaires sont fermés.