La parlementaire Khalida Jarrar a nouveau emprisonnée par les forces d’occupation

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Le Front populaire de libération salue la camarade Khalida Jarrar pour sa libération des prisons de l'occupation - Juin 2016 - Photo : FPLP

Par Samidoun

Jeudi 31 octobre, à l’aube, les soldats de l’occupation israélienne ont pris d’assaut le domicile de Khalida Jarrar, dirigeante féministe et connue de la gauche palestinienne, à Ramallah.

Ils ont enlevé Jarrar au milieu de sa famille à 3 heures du matin, heure de Jérusalem, mobilisant pour cela plus de 70 soldats et 12 véhicules militaires armés pour l’intrusion forcée, comme l’a rapporté sa fille Yafa sur Facebook.

Khalida Jarrar

Ma mère, Khalida Jarrar, a été arrêtée chez nous à Ramallah il y a quelques instants. Les forces d’occupation israéliennes ont envahi notre maison avec plus de 70 soldats et environ 12 véhicules militaires. Maman et ma sœur étaient endormies quand ils se sont approchés.
#freekhalidajarrar #IsraeliCrimes #Israel #BDS pic.twitter.com/njPyi6ze3a
Yafa Jarrar (@YafaJarrar)

Ce kidnapping intervient à peine huit mois après la dernière libération de Jarrar après son emprisonnement de 20 mois en Israël, sans inculpation ni procès sous le régime de la détention administrative. Les ordonnances de détention administrative peuvent être émises pour une période maximale de six mois à la fois, et elles sont renouvelables indéfiniment. Des Palestiniens comme Jarrar ont passé des années en prison, à la fois sans inculpation ni procès, sous le coup de la détention administrative.

Au sein des prisons de l’occupant israélien, Jarrar a joué un rôle de premier plan en soutenant l’éducation des filles mineures qui y sont détenues, en organisant des cours sur les droits de l’homme et en faisant passer des examens obligatoires au lycée lorsque l’autorité pénitentiaire refusait aux jeunes filles l’accès à l’enseignement.

Plus de 275 organisations, partis politiques et mouvements sociaux du monde entier s’étaient alors unis pour lancer un appel collectif pour sa libération.

Ce n’était pas la première fois que Jarrar était emprisonné par l’occupation israélienne; son arrestation en 2017 intervient seulement 13 mois après sa libération de la prison israélienne après avoir purgé une peine de 15 mois de prison pour ses activités politiques publiques. Après avoir été arrêtée en 2015, elle a été placée en détention administrative. Suite à l’indignation générale, elle avait été transférée devant les tribunaux militaires pour un procès truqué. Au cours des 20 derniers mois de toute la durée de son emprisonnement, elle est restée sans inculpation ni procès.

Jarrar défend de longue date la liberté des prisonniers palestiniens. Elle a été vice-présidente et directrice exécutive de l’Association Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’homme. Membre du Conseil Législatif Palestinien [CLP], élue dans le bloc de gauche baptisé Abu Ali Mustafa, associée au Front populaire de libération de la Palestine, elle a présidé le Comité des prisonniers du CLP.

Elle est également une dirigeante déclarée dans la lutte pour que les responsables israéliens rendent des comptent sur leurs crimes de guerre devant la Cour pénale internationale. Elle est membre d’une commission palestinienne chargée de porter plainte devant la cour internationale et devant le tribunal international concernant les crimes en cours contre le peuple palestinien par Israël, des attaques sur Gaza jusqu’à la confiscation de terres et la construction de colonies, en passant par les arrestations et les emprisonnements en masse.

En 2014, elle a résisté – et a vaincu – une tentative israélienne de la déplacer de force de chez elle, à El-Bireh, vers Jéricho. Seulement neuf mois plus tard, en avril 2015, elle a été enlevée par les forces d’occupation israéliennes et placée sous détention administrative, donc une peine d’emprisonnement sans inculpation ni à un procès. Après le tollé soulevé, elle a été traduite devant les tribunaux militaires israéliens et confrontée à 12 chefs d’accusation fondés sur ses activités politiques, allant de prononcer des discours jusqu’à assister à des manifestations de soutien aux prisonniers palestiniens.

Après sa libération en juin 2016, elle a repris son rôle de premier plan dans le mouvement de libération palestinien. Elle a de nouveau été saisie de force le 2 juillet 2017 et jetée encore une fois en prison sans inculpation ni procès.

Samidoun, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens, appelle à la mobilisation et à l’action internationales pour exiger la libération immédiate de Khalida Jarrar.

Cette arrestation intervient au milieu de multiples grèves de la faim, dont une grève de la faim menée par Heba al-Labadi pendant plus d’un mois et la grave torture subie par Samer Arbeed. C’est une nouvelle tentative de l’occupation israélienne de s’attaquer aux mouvements populaires palestiniens – et aux campagnes de défense des prisonniers palestiniens – et de les réprimer par la peur, les arrestations et les actes d’intimidation menés par une force d’occupation massivement armée.

Il est urgent d’intensifier notre solidarité pour réclamer la liberté de Khalida Jarrar, de Heba al-Labadi et de tous les milliers de prisonniers palestiniens emprisonnés dans les prisons de l’occupation israélienne. Il est urgent également d’intensifier la construction du mouvement de boycott d’Israël au niveau international.

31 octobre 2019 – Al-Samidoun – Traduction : Chronique de Palestine