Liberté pour Ramy Shaath, responsable de la campagne BDS en Égypte

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Ramy Shaath, qui réside en Égypte depuis 1977, est le coordinateur général de la branche BDS du pays - Photo : via Al Jazeera

Par Amnesty

Ramy est un militant égyptien-palestinien ; il fait campagne pour amener Israël à rendre des comptes pour les violations des droits humains et autres violations du droit international, en usant de moyens non violents pour y parvenir.

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Dans le cadre de ses activités militantes, Ramy Shaath sensibilise le public aux droits des Palestiniens et dénonce dans les médias l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

Par son action, Ramy s’efforce également de réaffirmer le droit des Égyptiens de pouvoir s’exprimer librement et de participer aux affaires publiques sans craindre la répression des autorités.

Ramy Shaath est né à Beyrouth en 1971. Il est le fils de Safaa Zeitoun, une militante égyptienne originaire d’Alexandrie, et de Nabil Shaath, ancien conseiller de Gamal Abdel Nasser et ancien ministre des Affaires étrangères palestinien.

Au cours des années 1990, Ramy a lui-même été conseiller politique du président palestinien Yasser Arafat avant de se retirer de la scène politique palestinienne devant les déceptions des accords d’Oslo.

La naissance d’un engagement

En novembre 2010, après des élections parlementaires égyptiennes, décriées par nombre d’observateurs internationaux pour qui le scrutin avait été entaché de violences et d’irrégularités, Ramy rejoint la coalition de militants égyptiens qui s’organise et appelle deux mois plus tard au soulèvement populaire pacifique et pro-démocratie de janvier 2011.

Au lendemain du départ de Moubarak et au cours des années suivantes, il contribue à la création d’un ensemble de mouvements et de coalitions qui jouent un rôle crucial dans la transition démocratique du pays, comme le Parti Al-Destour, dont il exerce les fonctions de secrétaire général par intérim jusqu’à son établissement officiel.

En 2013, et en dépit de son opposition aux politiques menées par le gouvernement des Frères musulmans, il refuse de participer aux manifestations du 30 juin contre le président Morsi craignant une intervention de l’armée, ce qui arrivera le 3 juillet 2013. Il participe alors en septembre 2013 à la création de la coalition “Front de la Révolution”, dernière tentative de rassembler les forces progressistes pour défendre les libertés acquises en 2011.

Mais celle-ci échouera. Dès novembre, les manifestations de l’opposition sont interdites et réprimées. Des dizaines de milliers de manifestants et de militants sont arrêtés.

En juillet 2014, alors que l’armée israélienne bombarde intensivement Gaza pendant plusieurs semaines, Ramy organise un convoi humanitaire.

A partir de ce moment-là, et face à la fermeture de la scène politique égyptienne, Ramy décide de dédier son action politique pour développer et renforcer l’expression de la solidarité égyptienne avec le peuple palestinien.

Autre façon aussi pour lui de concilier ces deux identités, égyptienne et palestinienne, et son combat pour la liberté, la justice et la dignité, dans ses deux pays.

En 2015, il devient ainsi le co-fondateur du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) en Égypte, qui appelle à exercer un boycott et diverses pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël afin d’aboutir à la réalisation de trois objectifs : la fin de l’occupation et de la colonisation des terres palestiniennes, l’égalité complète pour les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.

En juin 2019, Ramy participe à de nombreux événements publics et donne à la presse des interviews dans lesquelles il exprime sa vive opposition au plan américain visant à résoudre le conflit israélo-palestinien, baptisé « deal du siècle », et à la participation de l’Égypte à la conférence de Manama les 25 et 26 juin 2019, consacrée à des discussions sur ce plan.

Lire également : En arrêtant Ramy Shaath, la dictature égyptienne s’attaque au mouvement BDS

Le 5 juillet 2019, Ramy est arrêté à son domicile au Caire. Son épouse présente lors de son arrestation, est expulsée arbitrairement d’Égypte où elle réside légalement depuis plus de 7 ans.

Ramy disparaît alors pendant 36 heures avant de réapparaître devant le procureur de la Sûreté de l’État.

Une campagne de diffamation

Fin août 2019, quelques jours après l’annonce publique de son arrestation par sa famille et le lancement d’une campagne pour sa libération, certaines plateformes pro-gouvernementales lancent une campagne de calomnies à l’encontre de Ramy Shaath visant à nier la nationalité égyptienne de Ramy et à l’accuser de conspirer avec les Frères musulmans pour renverser le régime.

Les autorités égyptiennes harcèlent Ramy Shaath depuis de nombreuses années en raison de son identité palestinienne et de son militantisme politique. Il est écarté du service militaire obligatoire pour “raison sécuritaire”. Jusqu’en 2012, il est contraint de renouveler son passeport égyptien tous les ans contrairement à la règle qui autorise les Égyptiens à un passeport de 7 ans.

En février 2012, sous le gouvernement transitoire du Conseil Suprême des Forces Armées, il est interdit de quitter le territoire avec d’autres militants de l’opposition suite à la publication sur les réseaux sociaux d’enregistrements fabriqués visant à les accuser de vouloir déstabiliser le pays.

Un mois plus tard, le caractère fabriqué des enregistrements est prouvé et l’interdiction est levée mais le ministère de l’Intérieur refuse alors de renouveler son passeport affirmant que Ramy n’est pas égyptien, tentant ainsi de le priver de sa nationalité égyptienne.

Ramy Shaath a poursuivi le Ministère de l’Intérieur et obtenu gain de cause en 2013 devant le tribunal administratif du Caire mais le ministère a fait appel de la décision.

L’appel est toujours pendant.

Amnesty International