Les décrets présidentiels permettront-ils la tenue d’élections palestiniennes ?

Un garçon palestinien passe devant un bâtiment couvert d'affiches électorales de différentes listes se présentant aux élections législatives palestiniennes dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 22 janvier 2006 - Photo : MAANnews/Rami Swidan

Par Adnan Abu Amer

Une évolution positive a eu lieu sous la forme des décrets du président Mahmoud Abbas concernant la tenue d’élections législatives, présidentielles et celles du Conseil national en mois de Mai, Juillet et Août de cette année.

Ces décrets surviennent après que le Hamas a renoncé à son exigence que toutes les élections se tiennent simultanément et accepté qu’elles soient tenues consécutivement. Le Hamas ne semble pas mettre d’obstacles aux élections, mais ses objectifs vont inquiéter Israël.

L’Autorité palestinienne est préoccupée par les élections malgré le fait qu’elle craigne que le mouvement qui la contrôle, le Fatah, ne les perde.

Des doutes subsistent à Ramallah quant à la tenue effective des élections, malgré les décrets présidentiels qui ont été publiés.

Il y a aussi des inquiétudes que le Hamas ne réserve une surprise et que le Fatah ne s’accorde pas sur une liste électorale unie, compte tenu des divergences avec Muhammad Dahlan et d’autres personnes haut placées.

Ce que nous savons avec certitude pour le moment, c’est que la question des élections se posera à chaque fois que les médias s’y intéresseront. En attendant, le cœur de la question palestinienne est négligé ou complètement oublié.

Il existe une réelle pression européenne sur Abbas pour qu’il organise les élections. Il semble que le leader de l’AP ait publié ses décrets afin d’alléger cette pression et d’être prêt pour l’entrée en fonction de l’administration Biden à Washington cette semaine.

Mais en réalité, Abbas ne veut pas qu’elles aient lieu. Les Palestiniens pensent que le président comptait sur le Hamas pour rejeter sa condition de tenir les élections de manière consécutive, mais cela ne s’est pas produit.

Abbas pousse maintenant les Européens à faire pression sur Israël pour qu’il autorise les habitants de Jérusalem à participer aux scrutins, mais il prévoit qu’Israël refusera. Cela lui donnera l’occasion d’échapper aux élections et lui permettra de bénéficier d’une publicité gratuite.

Certains observateurs estiment que le Hamas en Cisjordanie hésiterait à participer aux élections, notamment parce que la campagne électorale de 2006 avait révélé qui étaient ses militants et partisans, et qu’ils ont été arrêtés par Israël dès la fin du scrutin.

L’AP a alors dissous le Conseil législatif palestinien, dont le Hamas avait pris le contrôle.

La direction du mouvement Hamas en Cisjordanie craint de devoir payer le prix de son autorité à Gaza, où elle a un contrôle absolu. Néanmoins, le Hamas veut se repositionner en Cisjordanie par les urnes, après de nombreuses années de harcèlement de la part d’Israël et de l’AP, et a donc accepté les élections sans conditions préalables.

Malgré tout, il n’y a aucune certitude que les élections se tiendront réellement.

Contrairement à Israël, où les citoyens se rendent aux urnes pour la quatrième fois en un peu moins de deux ans, les Palestiniens n’ont pas pu organiser d’élections depuis 2006.

Tout au long de la présidence de M. Abbas – qui s’est techniquement terminée en 2009 – les discussions sur les élections ont davantage porté sur des slogans vides de sens que sur des intentions sincères.

Il y a donc de nombreuses raisons pour que les Palestiniens ne fassent pas confiance aux intentions du président, qui sont mises en doute en raison de la série de conditions qu’il a posées. Si nous voyons le chaos électoral israélien aujourd’hui, y aura-t-il une version palestinienne demain ?

Le changement d’avis du dirigeant de l’AP est probablement plus lié à des menaces de réduction du soutien financier à l’AP qu’à un réel souhait de donner aux Palestiniens la possibilité de voter.

Malgré tout, le Fatah et le Hamas devraient aller de l’avant et ouvrir des négociations sur les détails du processus électoral.

Qui sera le candidat du Fatah à la présidence ? Abbas a 86 ans et n’est pas en très bonne santé, mais il est toujours possible qu’il se porte candidat pour représenter le mouvement.

Alors que son entourage exprime des opinions différentes, Abbas garde le silence. Sera-t-il mis à l’écart ou pourra-t-il se retirer tranquillement ?

En tout cas, la bataille pour la succession a commencé et il est probable qu’elle sera d’autant plus houleuse que nous approcherons du jour prévu pour l’élection présidentielle.

Il semble que les mois à venir seront difficiles.

* Adnan Abu Amer dirige le département des sciences politiques et des médias de l’université Umma Open Education à Gaza, où il donne des cours sur l’histoire de la Cause palestinienne, la sécurité nationale et lsraël.Il est titulaire d’un doctorat en histoire politique de l’université de Damas et a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire contemporaine de la Cause palestinienne et du conflit israélo-arabe. Il travaille également comme chercheur et traducteur pour des centres de recherche arabes et occidentaux et écrit régulièrement pour des journaux et magazines arabes. Son compte Twitter.

18 janvier 2021 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Zeytouna

1 Commentaire

  1. Il y a simplement eu des élections municipales en 2012 et 2017 en Palestine occupée. Ces élections avaient confirmé l’augmentation de l’abstention.

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