USA & ISRAËL : deux États surpuissants en perdition

Photo : Archives Info-Palestine.eu
A la suite de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, des milliers de soldats américains sont morts sous les coups de la résistance irakienne - Photo : Archives Info-Palestine.eu

Par Daniel Vanhove

La situation au Moyen-Orient n’a de cesse d’évoluer fortement ces dernières décennies. Sous le fallacieux prétexte des attentats du 11 septembre 2001, l’administration Bush a lancé sa guerre « contre le terrorisme » avec l’objectif annoncé d’un remodelage de la région en fonction des intérêts israéliens, courroie de transmission de ceux des USA.

Sauf que cette stratégie, malgré un nombre inadmissible de victimes civiles et d’infrastructures dévastées, se révèle être un échec cuisant pour les deux administrations, tant américaine qu’israélienne. Seul gagnant : le lobby des armes.

L’Afghanistan puis l’Irak, la Libye puis la Syrie et maintenant le Yémen, sans oublier le Liban et la Palestine se sont révélés plus résistants que les plus illuminés des stratèges des deux puissances meurtrières que sont les USA et Israël l’avaient imaginé, et ces derniers sont désormais pointés du doigt par de plus en plus de citoyens mais aussi d’ONG comme étant des États hors-la-loi. Et si les chancelleries alliées de ces deux Etats n’osent encore parler de la sorte, de nombreux diplomates n’en pensent pas moins et des voix commencent à s’élever pour prendre quelque distance par rapport aux accords actuels.

La guerre en Syrie a probablement terminé d’achever la désastreuse image que ces deux Etats tentaient péniblement de sauver aux yeux du monde, tant les agissements de l’un comme de l’autre ont révélé les accointances et les complicités des USA avec les terroristes de Daesh et d’Israël avec ceux d’Al Nosra ou autrement dit d’al Qaeda rebaptisé pour la cause.

Dans les deux cas, ces États ont consacré depuis des décennies des sommes astronomiques à leurs sordides opérations de guerre pour ce « remodelage », pensant en ressortir vainqueurs avec l’idée de se rembourser par le pétrole et le gaz convoités dans ces pays dévastés. C’était sans compter sur les capacités de résistance de ces nations détruites qui, malgré les traumatismes encaissés, ont trouvé la force et le courage de s’organiser avec l’aide d’alliés solides et fiables pour contrer les plans machiavéliques des deux gouvernements prédateurs en question.

Et aujourd’hui, le bilan est catastrophique pour ces deux États voyous : non seulement ils ont échoué sur tous les fronts, que ce soit par leurs agressions directes ou par celles confiées à des mercenaires de pays tiers, mais en plus, par leur entêtement aveugle attestant in fine de leur incompétence, ils se sont mis la quasi-totalité des autres États à dos en refusant de certifier ce vendredi soir 13 octobre par la voix du président Trump, l’accord négocié pendant douze années (!) sur le programme nucléaire iranien, le PGAC (Plan global d’action commun ou Accord Iran & 5+1). Par une loi votée au congrès, tous les 90 jours, le président des USA doit certifier cet Accord.

Les autres pays signataires (Russie + Chine + Grande-Bretagne + France + Allemagne ainsi que l’UE) ont suivi de près les contrôles stricts et réguliers effectués par l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie nucléaire) dont son chef Y. Amano a assuré de la conformité, ainsi que les rapports qui en émanaient confirmant systématiquement le respect de tous les points de l’Accord par l’Iran.

Mais, obsédés par leur plan de « remodelage du Moyen-Orient » à leurs seuls avantages, ces deux États voyous n’ont eu de cesse de dénoncer les termes et l’esprit du PGAC pour tenter de le faire annuler par les autres États signataires, ce qu’heureusement ceux-ci ont refusé. Résultat : les USA et Israël sont plus isolés que jamais ; l’Europe envisage même de se rapprocher (enfin !) des positions russes et chinoises ; et l’Iran annonce que désormais, les USA risquent d’être considérés comme État terroriste et prie dès lors ceux-ci de démanteler les bases militaires qui se trouvent à portée de ses missiles balistiques de défense jusqu’à 2 000 km autour de ses frontières.

Pour enfoncer le clou et tenter de détourner l’attention, les USA cherchent un mauvais prétexte pour intervenir militairement en Corée du Nord, la menaçant toujours par la voix de son président, de la détruire totalement ; et Israël semble vouloir intervenir soit au Liban sous prétexte que le Hezbollah serait devenu membre à part entière du gouvernement libanais, soit à Gaza sous prétexte que le Hamas et le Fatah ont signé un accord de réunification que l’occupant sioniste a tout fait pour torpiller et refuse de reconnaître dans la mesure ou le Hamas est considéré comme « organisation terroriste ».

Dans les deux dossiers, et cela semble marquer un tournant dans l’habituel atlantisme européen, l’UE semble s’opposer à ces interventions et étonnamment même l’OTAN vient de déclarer qu’elle ne voulait pas s’engager militairement aux côtés des USA pour attaquer la Corée du Nord.

Dans tous les cas, ces deux redoutables puissances militaires vivent encore sur les acquis de leur passé ne réalisant pas que les pays visés ont pris le temps pour se réorganiser, s’armer, nouer des alliances redoutables et devenir ainsi des forces de résistance aguerries au point de pouvoir contester les vues hégémoniques de ce funeste tandem USA – Israël. Pour preuves, ceux-ci reculent sur plusieurs fronts. Tant en Syrie qu’en Irak. Et plusieurs haut-gradés de l’armée israélienne ainsi que des analystes et stratèges extérieurs ont prévenu le gouvernement de Tel-Aviv que Tsahal n’avait pas les capacités de contrer la montée en puissance du Hezbollah ni peut-être même du Hamas, et certainement pas de l’Iran. Et qu’il était suicidaire d’imaginer pouvoir faire face à plusieurs fronts simultanément… sans compter qu’en cas de conflit initié par l’entité sioniste contre le Hezbollah, le Hamas ne resterait pas les bras croisés et la Syrie ainsi que l’Iran non plus. Ce qui mettrait assurément l’administration israélienne devant une guerre à multiples fronts, impossible à gérer, d’autant que les défections au sein de Tsahal sont de plus en plus nombreuses sans parler des suicides qui connaissent une courbe ascendante !

De même, les USA reculent sur les différents terrains d’opération où ils se sont lancés, que ce soit en Irak, en Syrie voire en Afghanistan où les Talibans contrôlent le pays en-dehors d’un périmètre restreint autour de Kaboul. Dernière idée morbide de ces deux alliés foireux : pousser à la création d’un État kurde pour fractionner l’intégrité territoriale des États irakien, syrien, turc et iranien sur lesquels les 35 millions de kurdes sont établis et en faire un « Kurdistan » totalement indépendant. Les guerres sont donc vraiment devenues une drogue dure pour ces administrations qui semblent se repaître des cadavres des populations précaires.

Quel piteux tableau après tant d’années de conflits sanglants et meurtriers ayant dévasté les infrastructures et les familles de pays ancestraux ! Et quel piteux bilan moral pour ces deux Etats qui bénéficiaient pourtant d’un soutien populaire incomparable pendant tant d’années. Au bénéfice de la Russie et de la Chine qui apparaissent de plus en plus pour des nations qui temporisent et ne sont pas animés par les mêmes intentions belliqueuses que les deux puissances criminelles en cause.

En termes de « remodelage du Moyen-Orient » on ne peut nier qu’il soit en cours, mais assurément pas selon les plans perfides du répugnant tandem USA – Israël et des quelques pays complices qui ont eu la faiblesse d’y adhérer. L’équilibre des relations internationales est manifestement en train de changer. Espérons que l’UE ne se trompera pas d’alliés comme c’est arrivé si souvent ces dernières années, en se rappelant ce que je ne cesse de souligner : à terme, c’est toujours la géographie qui a le dernier mot, au détriment de l’histoire. Nous faisons partie de ce qui s’appelle l’Eurasie… sachons nous en souvenir et en tirer les leçons qui s’imposent.

a1* Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen. Il a publié aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire : Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004 et La Démocratie mensonge – 2008

16 octobre 2017 – Transmis par l’auteur.