Des militants du Hamas incarcérés en Israël mettent fin à leur grève de la faim

Photo : Activestills.org

Les Palestiniens manifestent leur solidarité avec Yaser Mansour, membre du Conseil législatif palestinien, en détention administrative depuis quatorze mois, Naplouse, Cisjordanie, le 20 janvier 2014. Mansour avait entamé une grève de la faim le 17 janvier 2014 - Photo : Activestills.org

Par Ahmad Melhem

Environ 140 membres du Hamas incarcérés en Israël ont suspendu la grève de la faim qu’ils menaient pour protester contre l’installation par l’administration pénitentiaire israélienne d’appareils potentiellement cancérigènes visant à brouiller les communications des téléphones portables introduits secètement en prison.

RAMALLAH, Cisjordanie – La situation a commencé à se détériorer le 10 septembre, lorsque 23 détenus appartenant au Hamas ont entamé une grève de la faim dans la prison israélienne de Ramon. Leur nombre est ensuite monté à 140 détenus quand des détenus des prisons de Ramon, Nafha, Eshel, al-Naqab, Ofer, Megiddo et Gilboa, dont six membres du comité de direction du Hamas, ont rejoint la grève.

Le 26 septembre, la Commission des détenus et des ex-détenus a publié une déclaration disant : “Un accord est intervenu entre les dirigeants du mouvement incarcérés et les services de renseignement des prisons israéliennes”, la nuit du 25 septembre, et précisant que l’Administration pénitentiaire israélienne “s’était engagée à satisfaire plusieurs des demandes des détenus en grève”.

Selon la commission l’accord stipule que l’administration pénitentiaire israélienne cessera d’utiliser les systèmes de brouillage. Ces dispositifs font actuellement l’objet de contrôles à l’échelle internationale car ils sont soupçonnés de provoquer des cancers et d’autres problèmes de santé. De plus les brouilleurs interfèrent avec les fréquences radio et TV. La commission a déclaré que l’administration pénitentiaire avait accepté d’installer des téléphones fixes que les détenus pourraient utiliser cinq jours par semaine.

Les médias israéliens, cependant – dont Haaretz, le Times of Israel et d’autres – ont rapporté que les prisonniers avaient “cédé” sur la question du dispositif de brouillage et obtenu très peu en échange de la fin de la grève. Selon les médias, 88 à 100 détenus y ont participé, et non 140.

Les détenus ont dit avoir mis en garde l’administration pénitentiaire contre toute tentative de ne pas respecter l’accord, comme cela avait été le cas en avril dernier. Les prisonniers étaient alors parvenus à un accord avec l’administration pénitentiaire stipulant que le service carcéral cesserait d’utiliser les appareils de brouillage et installerait des lignes fixes si les prisonniers arrêtaient leur grève de la faim d’une semaine. Mais, les autorités pénitentiaires n’ont pas respecté leur part de l’accord.

Le Bureau des affaires pénitentiaires du Hamas a publié une déclaration le 26 septembre affirmant que le non-respect de l’accord “entraînera des mesures de protestation plus larges”.

Cette grève de la fin s’est déclenchée à la suite d’une réunion, début septembre, du comité de la haute direction du Hamas pour les prisonniers, qui s’était tenue à la prison de Ramon. Des commandants de l’aile militaire du Hamas, les brigades Izz ad-Din al-Qassam, y compris le président du comité de la haute direction du Hamas pour les prisonniers, Mohammed Arman, son adjoint Abbas al-Sayed et d’autres membres du comité, avaient participé à cette rencontre.

Certains de ces dirigeants avaient été amenés des prisons d’Ishel et d’al-Naqab à Ramon pour participer à la réunion, avec l’accord de l’administration pénitentiaire qui espérait enrayer l’escalade des tensions, selon Amani Sarahne, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, à Al-Monitor.

Ali al-Maghrabi, porte-parole du Bureau des affaires pénitentiaires du Hamas, a également déclaré à Al-Monitor que l’administration pénitentiaire avait accepté d’amener les dirigeants à la prison de Ramon pour la réunion pour essayer de maintenir l’ordre.

Mais environ une semaine plus tard, les prisonniers avaient entamé une grève et laissé entendre qu’ils pourraient aussi fermer certaines sections de la prison et dissoudre le comité de direction.

Le comité de direction des détenus est important pour l’administration pénitentiaire, en particulier en situation de crise, car il lui permet de résoudre les problèmes en dialoguant avec les dirigeants sans avoir à traiter avec chaque détenu séparément. Le récent accord a été conclu avec le comité.

Maghrabi a déclaré : “Il y a des accords implicites entre les comités de direction des différentes factions incarcérées, y compris le Hamas, et [l’administration pénitentiaire] pour que les relations entre cette dernière et les détenus se fassent à travers les dirigeants” qui se chargent de communiquer les demandes des détenus à l’administration pénitentiaire et de négocier en leur nom.

Maghrabi a déclaré que l’administration pénitentiaire, après avoir tenté de ne pas respecter l’accord d’avril, “avait fini par installer un certain nombre de téléphones fixes dans [certaines sections] des prisons d’al-Naqab et de Ramon, et dans la section pour mineurs de la prison de Damon. Mais l’administration pénitentiaire limite et complique l’utilisation du téléphone fixe dans les prisons de Ramon et d’Al-Naqab.”

Donc, bien que les détenus et l’administration pénitentiaire aient conclu un nouvel accord, si le service carcéral ne le respecte pas, la situation peut se détériorer à tout moment.

2 octobre 2019 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet