Israël signe l’arrêt de mort de la solution à deux États

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Ma’an news – Les autorités israéliennes d’occupation ont conduit une enquête sur les terres au sud de la Cisjordanie occupée, près de Bethléem, afin de déclarer ces terres “terres d’État” dans le but de construire une nouvelle colonie.

Ce lundi, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a qualifié cette initiative de “nouvelle étape vers la séparation de la Cisjordanie en deux”.

Dans un communiqué publié lundi, l’ONG israélienne Peace Now a déclaré que le gouvernement israélien avait informé la Cour suprême israélienne le 10 août qu’il avait commencé une enquête de terrain dans la région du village palestinien de Nahla, dans le district de Bethléem en Cisjordanie, avec le but de déclarer des terres palestiniennes “terres d’État”.

“Une telle déclaration , combinée à l’attribution d’une petite partie des terres de l’État dans la région dans le but de construire une route, permettra de relier la colonie prévue de Givat Eitam à la colonie d’Efrat,” a déclaré Peace Now, ajoutant que l’initiative faciliterait l’établissement de la colonie illégale de Givat Eitam.

Les autorités israéliennes d’occupation ont discuté de plans pour la création de la colonie de Givat Eitam depuis des années, prévoyant de situer cette colonie au-delà du mur de séparation israélien en Cisjordanie [Mur d’Apartheid]. Cette colonie est destinée à accueillir quelque 2500 unités de logement, selon les plans du ministère israélien de la construction et du logement.

“L’installation de cette infrastructure sera possible si et quand l’enquête de terrain en cours sera terminée dans la zone entre Efrat et Givat Eitam, d’une façon qui crée une contiguïté des terres de L’État,” selon le document présenté officiellement à la Cour suprême et cité par le journal israélien Haaretz.

L’annonce par le gouvernement israélien est intervenue après que Peace Now ait déposé une pétition devant la Cour suprême israélienne, exigeant plus de transparence de la part de l’État sioniste sur ses projets, de sorte que le groupe puisse déposer un recours à l’avance.

Le gouvernement israélien a répondu à la pétition en disant qu’il ferait connaître ses intentions un mois avant de signer un contrat d’attribution des terres, a rapporté Peace Now.

Hamdallah a dénoncé l’initiative israélienne en disant qu’elle couperait définitivement la ville de Bethléem – qui est déjà entourée par des colonies et des routes exclusivement juives sur trois côtés – du reste du sud de la Cisjordanie, et d’empêcher ainsi toute expansion future palestinienne dans la même région.

“Le projet d’Israël de construire une nouvelle colonie et une route de contournement à côté de Bethléem est une autre étape pour couper la Cisjordanie en deux et annexer la zone C”, a déclaré Hamdallah, se référant aux plus de 60% de la Cisjordanie occupée déjà sous contrôle israélien total. “Les autorités israéliennes font de leur mieux pour détruire le caractère historique de Bethléem.”

Les habitants de la zone près de Nahla ont rapporté que les forces israéliennes d’occupation arasaient des terres dans la région ces derniers jours, près du bloc de colonies de Gush Etzion.

Jamal Dajani, directeur des communications stratégiques au bureau du premier ministre palestinien, a déclaré que “la communauté internationale a l’obligation d’arrêter les vols de terres, illégaux et constants, par Israël, avant qu’il ne reste plus rien de la Palestine.”

Pendant ce temps, Haaretz a cité le conseil de la colonie d’Efrat disant qu’il était “heureux que l’État cherche à redresser une injustice datant depuis des années”, ajoutant que les efforts déployés par des groupes tels que Peace Now pour contrer l’expansion des colonies “ont tenté de saboter la construction de la Terre d’Israël”.

En juillet 2015, Peace Now a révélé que l’administration civile israélienne prévoyait d’allouer des terrains pour 800 unités coloniales de logement dans la région, en dépit des ordres du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en 2013 d’annuler des plans d’extension pour la colonie prévue de Givat Eitam.

La déclaration de nouvelles terres d’État dans la région, combinée avec 300 dunams de terres déjà volées par le Fonds national juif (JNF) – une organisation qui s’active à “récupérer” et réutiliser les terres à l’usage exclusif des citoyens juifs et au détriment du droit des Palestiniens à la terre et au contrôle des leurs ressources – ouvrirait la voie à la mise en place de la nouvelle colonie dans une zone appelé E2, en référence au corridor colonial E1 dans la zone de Jérusalem-Est occupée.

“Une nouvelle colonie dans E2 va porter un sérieux coup à la possibilité de parvenir à une solution à deux États et à l’établissement d’un État palestinien viable aux côtés d’Israël,” a déploré Peace Now ce lundi. “Les efforts déployés par le gouvernement pour s’approprier les terres et connecter Givat Eitam avec la colonie de Efrat constituent une autre étape sur le chemin d’une réalité à un seul État.”

Bien que les membres de la communauté internationale prétendent vouloir une solution au conflit israélo-palestinien par l’arrêt des constructions de colonies israéliennes illégales et la mise en place d’une solution à deux États, les dirigeants israéliens ont évolué vers l’extrême-droite et de nombreux membres de la Knesset ont appelé à une escalade de la construction de colonies en Cisjordanie occupée, certains ayant même plaidé en faveur de son annexion complète.

Un certain nombre de militants palestiniens ont critiqué la solution à deux États comme insoutenable et peu susceptible d’amener une paix durable, proposant à la place un État binational avec des droits égaux pour les Israéliens et les Palestiniens.

Le bureau du Premier ministre palestinien a déclaré dans un communiqué ce lundi que les colonies israéliennes – qui sont illégales en vertu du droit international – contrôlent environ 42% des terres de Cisjordanie, que ce soit par le logement, les installations agricoles et industrielles, les routes et autres infrastructures.

15 août 2016 – Maan News