Une guerre au profit de l’État sioniste ?

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Sud-Liban, juillet 2006 - Char israélien détruit par la résistance libanaise - Photo : Archives

Par Abdel Bari Atwan

Trump semble avoir l’intention de lancer une guerre majeure, et le rôle d’Israël est central.

Nous avions d’abord supposé que l’attaque que le président américain Donald Trump a l’intention de lancer sur la Syrie à tout moment serait tripartite : impliquant la France et la Grande-Bretagne aux côtés des Américains. Mais les dernières menaces d’Israël d’anéantir le régime du président Bachar al-Assad si l’Iran lance une attaque de représailles depuis le territoire syrien montrent clairement que l’État sioniste est au cœur de la nouvelle coalition dirigée par les États-Unis et jouera un rôle clé dans son agression.

Et il n’est pas improbable que l’Iran et le Hezbollah soient aussi en tête de la liste des cibles.

Israël a placé ses forces en état d’alerte en prévision d’éventuelles représailles iraniennes pour la mort de sept Iraniens, tués lors de la frappe de missiles israéliens sur la base aérienne T-4 syrienne près de Homs, il y a deux jours. Mais il se prépare aussi à des représailles de la Syrie et du Hezbollah en raison de son rôle central dans la prochaine agression américaine – surtout après que le ministre israélien Yoav Galant ait déclaré que le moment était venu de “tuer Assad”.

Le président russe Vladimir Poutine a appelé Binyamin Netanyahu pour le mettre en garde contre une implication israélienne dans la prochaine guerre.

Trump avance le prétexte de l’utilisation [supposées] d’armes chimiques dans la Ghouta orientale parce qu’il veut une guerre majeure en Syrie, et pas seulement quelques frappes de missiles pour détourner l’attention de la défaite américaine dans ce pays et de ses difficultés personnelles chez lui. Son Tweet avertissant la Russie des frappes imminentes de missiles sur la Syrie était une vraie déclaration de guerre faite par un typé défait et instable, qui tente de récupérer un statut de leader mondial qu’il perd de plus en plus au profit d’autres puissances comme la Russie et la Chine, pendant qu’il s’affaire à extorquer des milliards de dollars aux États du Golfe et à faire oublier ses scandales politiques et personnels.

Le président Bachar al-Asad pourrait quitter le palais présidentiel, qui sera probablement la principale cible des frappes américaines, comme les aéroports militaires et civils du pays et le siège des agences de sécurité à Damas et ailleurs. Mais il n’est certainement pas sur le point de quitter la Syrie, comme le suggèrent les médias américains et israéliens et même certains médias arabes. Lui et sa famille sont restés dans le pays même lorsque les missiles ont atterri à quelques mètres de son palais et il est resté à son poste pendant sept années, au cours desquelles il a perdu jusqu’à 60% du contrôle du territoire syrien.

Alors pourquoi devrait-il partir maintenant, après avoir récupéré la plus grande partie du territoire syrien – la dernière Ghouta orientale – avec l’aide de ses alliés russes, iraniens et du Hezbollah ?

Israël menace d’effacer Asad et son régime de la carte du monde. Mais il a eu plus de 20 ans pour atteindre cet objectif, et il a échoué. C’est Israël est celui qui devrait craindre l’effacement de la carte du monde si la guerre éclate. Les missiles de la résistance – tirés par dizaines de milliers et de plus d’un front – ne peuvent pas atteindre les États-Unis, mais ils peuvent certainement atteindre les villes, les colonies et les aéroports israéliens.

Nous l’avons déjà dit et nous le répéterons encore : une telle guerre ne sera pas unilatérale. L’invasion américaine, les bombardements et le blocus qui les a précédés n’ont pas effacé l’Irak de la carte et ce pays a commencé à reprendre de la vigueur et de la stature avec une rapidité croissante.

La Syrie existe depuis 8 000 ans, alors qu’Israël n’a que 70 ans et n’a gagné aucune de ses guerres depuis 35 ans. Ceux qui font des menaces doivent tenir compte de ces faits.

A1 * Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

11 avril 2018 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine