France : Systra, Egis Rail et Alstom collaborent avec la construction du tramway de l’Apartheid

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Le tramway de Jérusalem fait partie du plan directeur visant à consolider l'occupation de la ville par Israël - Photo : Oren Ziv/activeStills.org

Par Adri Nieuwhof

Trois entreprises françaises sont impliquées dans l’extension du tramway de Jérusalem par Israël, alors que de nouvelles lignes sont prévues pour connecter, à Jérusalem-Ouest, davantage de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.

Systra, Egis Rail et Alstom

Un nouveau rapport documente une partie des violations des droits de l’homme et du droit international associées au tramway de Jérusalem, en présentant une plainte contre les trois sociétés, Systra, Egis Rail et Alstom.

L’entreprise française Veolia a joué un rôle déterminant dans la réalisation de la première ligne du métro léger qui relie le mont Herzl à l’ouest de Jérusalem, à la colonie de Pisgat Zeev en Cisjordanie.

En conséquence, Veolia a été constamment la cible du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) pendant près d’une décennie. La société a finalement cédé toutes ses activités en Israël en 2015.

L’expérience de Veolia n’a cependant pas empêché Systra et Egis Rail de signer des contrats pour la conception et la construction de trois nouvelles lignes qui relieront davantage de colonies israéliennes à Jérusalem-Ouest dans la deuxième phase du projet.

Tout comme Veolia, l’entreprise française Alstom a joué un rôle majeur dans la première ligne du métro léger. L’entreprise a livré les élévateurs et fournit des services de maintenance.

Alstom soumissionne également pour de nouveaux projets d’extension du métro léger.

Le rapport documentant cette complicité a été réalisé grâce à la collaboration de groupes internationaux, palestiniens et français, dont la Fédération Internationale des Droits de l’Homme – FIDH, Al-Haq et deux grandes fédérations syndicales françaises, la CGT et la CFDT.

Complicité d’entreprises d’État

L’État français est un actionnaire important de la SNCF et de la RATP, les sociétés mères de Systra. A ce titre, le gouvernement français est directement impliqué, comme le précise le rapport.

Egis Rail a de son côté des liens étroits avec l’État et la filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, une institution financière publique.

Le tramway de Jérusalem fait partie du plan directeur des transports de Jérusalem de 1990, parrainé par le gouvernement israélien et les autorités d’occupation qui gèrent la municipalité de Jérusalem.

Le caractère colonial du train léger sur rail ressort clairement des intentions politiques sous-jacentes du plan présenté dans le rapport : unifier Jérusalem sous la souveraineté israélienne et parvenir à la suprématie démographique juive.

Le réseau de tramway qui dessert les colonies israéliennes de Cisjordanie à Jérusalem est crucial pour atteindre ces objectifs.

Le réseau de transport public desservira principalement les besoins de transport quotidiens de quelque 100 000 colons.

Une violation du droit international

De nombreuses résolutions de l’ONU et l’avis consultatif de 2004 de la Cour internationale de Justice sur le mur d’Israël en Cisjordanie occupée, confirment que les colonies israéliennes et l’annexion de Jérusalem-Est sont illégales en vertu du droit international.

En 2016, Human Rights Watch a exhorté toutes les entreprises à mettre fin à tous les marchés et contrats liés aux colonies, affirmant que c’était la seule façon d’éviter de participer aux violations par Israël des droits humains, qui “dépossèdent et discriminent sévèrement les Palestiniens, tout en profitant du vol israélien des terres et d’autres ressources palestiniennes.”

Deux ans plus tôt, le gouvernement français avait averti ses citoyens et ses entreprises que faire des affaires dans ou avec des colonies israéliennes en territoire occupé pouvait les exposer à des risques juridiques et ternir leur réputation.

22 juin 2018 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine